Le comité de l’ONU chargé d’enquêter sur l’incident meurtrier de la flottille pour Ghaza du 31 mai 2010 a conclu dans son rapport rendu public vendredi que la force utilisée par Israël pour intercepter les navires avait été ‘’excessive’’.
Le comité d’enquête, qui est un organe indépendant établi en août 2010, a soumis vendredi son rapport au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a indiqué le porte-parole de ce dernier.
Le 31 mai 2010, neuf civils sont morts et plusieurs autres ont été blessés lors de l’interception par les forces militaires israéliennes d’une flottille de six navires partie de Turquie pour amener de l’aide à la population de Ghaza, qui est soumise à un blocus par Israël depuis 2007. ‘’La décision d’Israël de procéder à l’abordage des navires avec une force significative, à une grande distance de la zone du blocus et sans avertissement final juste avant l’abordage, a été excessive et pas raisonnable’’, déclare le comité d’enquête.
Même s’il note que les forces de défense israéliennes ont fait face à une résistance significative de la part d’un groupe de passagers, le rapport juge que ‘’les pertes en vies humaines et les blessés dus à l’usage de la force par les forces israéliennes lors de la prise du Mavi Marmara étaient inacceptables.’’ ‘’Aucune explication satisfaisante n’a été fournie au comité par Israël au sujet de ces neuf décès. Les expertises médico-légales montrant que la plupart des décédés ont reçu plusieurs balles, notamment dans le dos, ou à bout portant, n’ont pas reçu d’explications appropriées dans les documents présentés par Israël’’, ajoute-t-il.
Les membres du comité notent par ailleurs qu’il y a eu ‘’des mauvais traitements des passagers par les autorités israéliennes après l’interception des navires jusqu’à leur expulsion.’’ Les quatre membres du comité d’enquête sont Geoffrey Palmer, président du comité et ancien Premier ministre de Nouvelle-Zélande, Alvaro Uribe, vice-président du comité et ancien Président de la Colombie, Joseph Ciechanover Itzhar, représentant Israël, et Süleyman Ozdem Sanberk, représentant la Turquie.
Dans un rapport publié en septembre 2010, une Mission internationale indépendante d’établissement des faits créée par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies avait de son côté conclu que les militaires israéliens avaient manifesté une ‘’violence totalement inutile’’ lors de leur interception de cette flottille. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a annoncé vendredi l’expulsion par son pays de l’ambassadeur israélien à Ankara et la suspension de l’ensemble de ses accords militaires avec Israël après le refus de ce dernier de présenter ses excuses à la suite du raid de sa marine contre cette flottille pour Ghaza.
La Turquie suspend ses accords militaires avec Israël, expulse son ambassadeur
Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a annoncé vendredi l’expulsion par son pays de l’ambassadeur israélien à Ankara et la suspension de l’ensemble de ses accords militaires avec Israël après le refus de l’Etat hébreu de s’excuser à la suite du raid de sa marine contre une flottille pour Ghaza qui a coûté la vie à neuf Turcs en 2010. « A ce stade, nous prenons les mesures suivantes: les relations entre la Turquie et Israël sont ramenées au niveau de deuxième secrétaire (d’ambassade) ».
« Tous les responsables ayant un rang supérieur à celui de deuxième secrétaire, comme l’ambassadeur, rentreront dans leur pays avant mercredi », a déclaré M.Davutoglu. Ankara a également suspendu l’ensemble de ses accords militaires avec Israël. La Turquie avait annoncé début septembre qu’elle mettrait en oeuvre son « plan B » de sanctions contre Israël si ce pays s’obstinait à ne pas s’excuser à la suite du raid israélien contre une flottille humanitaire pour Ghaza qui avait coûté la vie à neuf Turcs en 2010.
L’UE contre le tracé du mur de séparation près de Beitlehem
L’Union Européenne s’est dite vendredi « profondément inquiète » par la décision israélienne de rejeter un appel à dévier le tracé de la barrière de séparation, qui menace d’isoler le village d’Al-Walajah, près de Beitlehm, en Cisjordanie occupée. Les missions de l’Union Européenne (UE) d’El Qods et de Ramallah ont indiqué dans un communiqué être « profondément inquiètes de l’impact humanitaire et des implications politiques du tracé de la barrière de séparation entre El Qods et Beitléhm ».
« Les missions de l’UE réaffirment que la barrière est illégale aux termes du droit international lorsqu’elle est érigée en territoires occupés », a ajouté le communiqué. Les habitants d’Al-Walajah avaient demandé à la Cour suprême israélienne de modifier l’itinéraire de du « mur de l’apartheid » qui encerclera complètement le village, les séparant de Beitléhm et d’El Qods-Est. En outre, un tiers des terres agricoles seront annexées au secteur israélien.
Mais la plus haute instance judiciaire d’Israël a rejeté lundi leur recours. L’édification de la barrière israélienne, qui empiète sur la Cisjordanie, a commencé en 2002. Plus de 400 des quelque 700 km prévus de la barrière, constituée alternativement de barbelés, de fossés, de clôtures électroniques équipées de capteurs ou de murs de béton, ont été achevés. Dans un avis du 9 juillet 2004, la Cour internationale de justice (CIJ) a jugé sa construction illégale et exigé son démantèlement, de même que l’Assemblée générale de l’ONU.