Le «Mouvement de redressement» du Front de libération nationale revendique vingt listes électorales, officiellement déposées au titre de «candidats libres», pour les prochaines élections législatives. C’est ce qu’a annoncé le coordinateur national du mouvement, Salah Goudjil, lors d’une conférence de presse animée hier à Alger.
Intervenant au lendemain de l’annonce officielle par la direction du FLN des listes du parti pour le rendez-vous du 10 mai prochain, cette conférence de presse aura un seul mérite : confirmer tout ce que tout le monde savait déjà. A savoir, l’échec des négociations entre les deux parties. En dehors d’une seule rencontre qui s’était déroulée en présence de personnalités nationales du parti (Abdelkader Hadjar, Abderrezak Bouhara, Affane Guezane Djillali), toutes les autres ont eu lieu en tête-à-tête entre Goudjil et Belkhadem. Ce que regrette énormément l’ancien ministre des Transports sous Chadli. «Il y a eu plusieurs rencontres entre nous. Mais j’ai préféré tout arrêter à quatre jours de l’expiration du délai légal du dépôt des candidatures. Nous nous sommes entendus, au début, de présenter chacun 130 noms, l’équivalent de trois à quatre premiers noms sur les listes de chaque wilaya. Les plus importantes du moins. Il était question que l’on procède au choix et aux classements des noms en fonction des chances et de l’aura de chaque candidat. Or, rien n’y fit. L’autre partie n’ayant pas respecté ses engagements.» Et d’ailleurs Goudjil annoncera qu’à l’avenir, «je vais changer de méthode de dialogue avec lui (Belkhadem, Ndlr) et plus jamais je ne le rencontrerai sans témoins». Une réponse qui ne fait pas l’unanimité des dirigeants du mouvement, dont le porte-parole, l’ancien ministre du Tourisme Mohamed-Séghir Kara, l’exprimera on ne peut plus clairement : «Il n’y a plus de dialogue possible avec ce bonhomme- là ! C’est lui le problème et il faut qu’il quitte ! Le vrai FLN, c’est nous et lui représente le faux FLN. Nous, nous avons présenté des listes de militants et nous allons faire campagne pour elles, par contre Belkhadem a présenté des liste de la “chkara” et nous allons combattre ces listes.» Kara dira ainsi tout haut ce que tous les redresseurs pensent. Mais Goudjil ne veut pas pour autant se départir de son discours circonspect. C’est par exemple le cas lorsqu’il est interrogé sur la position du mouvement par rapport à la pétition lancée par des membres du comité central en vue de procéder à un retrait de confiance à l’actuel secrétaire général du FLN. «Oui, j’ai entendu parler comme vous de cette pétition. Nous concernant, nous adopterons la position qui aille dans le sens des intérêts du parti.» Pourtant, d’autres responsables du mouvement ne cachaient pas leur satisfaction quant au «lancement de cette initiative que nous soutenons complètement», nous dira l’un d’eux. Enfin, Goudjil insistait sur une chose en particulier : «Notre mouvement nous l’avons lancé depuis deux ans pour sauver le parti et non pas en vue des prochaines législatives qui ne sont, au demeurant, qu’une étape dans le processus des réformes et non pas la réforme politique comme on l’entend ici ou là.» Quoi qu’il en soit, Goudjil tenait à préciser «qu’à aucun moment, le président Bouteflika ne m’a contacté ni que moi je l’ai contacté».
K. A.