Les opposants à Abdelaziz Belkhadem ont publié, hier, la liste des membres du comité central du parti ayant signé la motion de retrait en avril et mai derniers.
La coordination des membres du comité central du Front de libération nationale passe à l’action. Hier, la presse a été destinataire de la liste des 180 membres du comité central ayant signé la motion de retrait de confiance qui avait ciblé le secrétaire général de cette formation en avril et mai 2012. «Face aux allégations répétées de Abdelaziz Belkhadem, visant à tromper les militants du parti et afin de lever toute ambiguïté, les membres du comité central, ayant refusé la déviance politique et les violations statutaires, ont décidé de rendre publique la liste des membres du comité central ayant cautionné le retrait de confiance en le secrétaire général», peut-on lire dans ce document signé par Ahmed Boumahdi, coordinateur national de ce mouvement de protestation. Les 180 membres du CC ont signé les formulaires «lors de rencontres tenues le 9 avril au siège du parti, le 14 avril à la kasma de Bourouba et le 19 mai à la kasma d’El Madania». Ainsi des cadres, présentés comme étant proches de Abdelaziz Belkhadem, ont signé pour son limogeage. C’est notamment le cas de Chekou Abdelkader, Abdelmadjid Azzedine ou encore de Mohamed Kamel Rezgui. Des «historiques», des personnalités politiques ainsi que des ministres – dont certains toujours en poste – figurent sur cette liste : Boualem Benhamouda, Abderezak Bouhara, Ali Mimouni, Abdelkader Bounekraf, Saliha Djeffal, Ahmed Sbaa, Abderachid Boukerzaza, Abdelkrim Abada, Mohamed Seghir Kara, Amar Saïdani, Boudjemaâ Haïchour, El Hadi Khaldi, Mahmoud Khoudri et Ben Alia Boulehouadjeb. La publication de cette liste intervient 72 heures seulement après le camouflet infligé par le chef de l’Etat à Belkhadem à travers le remaniement gouvernemental, il y a lieu de s’interroger sur le timing choisi par les opposants pour lancer cette offensive. «C’est une simple coïncidence », insiste Mohamed Seghir Kara, un des principaux animateurs de la coordination des membres du CC. «Ces dernières semaines, nous avons tenu quatre réunions régionales. Il s’avère que la décision de la publication de cette liste a été adoptée vendredi dernier. Mais il faut reconnaître que le hasard a bien fait les choses.» En fait, en rendant publics les noms des 180 signataires de la motion de retrait de confiance, cette coordination souhaite démontrer que les travaux de la session du comité central, tenue les 15 et 16 juin à Sidi-Fredj, ont été détournés en faveur de Abdelaziz Belkhadem. Une démarche peu convaincante puisque cette fameuse liste est sortie quatre mois après les faits. Dans le document signé, hier, par Ahmed Boumahdi, il est fait mention d’un groupe de 41 membres du comité central qui s’oppose à Belkhadem «mais dont les noms ne sont pas publiés pour des raisons professionnelles et autres». La coordination avance un total de 221 membres opposants sur les 343 qui composent le CC. Mais il semblerait que «le Groupe des 41» soit en fait des cadres restés fidèles à la démarche initiale du mouvement de redressement et de l’authenticité initié par Salah Goudjil. «Le lancement de notre mouvement visait justement à dénoncer la composante du comité central issu du dernier congrès. C’est le point principal qui nous oppose à Abdelaziz Belkhadem. Nous estimons illogique de destituer le secrétaire général à travers cette instance. Ce serait la reconnaître de fait», explique Brahim Meherzi, membre actif du mouvement de redressement et de l’authenticité. Bien que divisés dans la marche à suivre, tous les opposants ont aujourd’hui un seul et unique but : destituer l’actuel secrétaire général du Front de libération nationale. Abdelaziz Belkhadem pourra-t-il tenir encore longtemps sans la protection de Abdelaziz Bouteflika ? Les prochaines semaines seront décisives.
T. H.