Les adversaires de Abdelaziz Belkhadem au sein du comité central du Front de libération nationale reviennent à la charge après la «trêve convenue» durant la période de campagne électorale pour les législatives du 10 mai. Hier samedi, ils étaient 202 membres du comité central à approuver le retrait de confiance à Abdelaziz Belkhadem au cours d’une session exceptionnelle, la troisième du genre, tenue cette fois à la kasma du parti à El-Madania, à Alger.
Plus précisément, l’on dénombrait 169 présents, 22 procurations et 11 absences justifiées et ce, sur les 351 membres au total que compte le comité central. Il en manque, certes, 21 membres pour atteindre le quorum statutaire requis à la convocation d’une session extraordinaire du CC mais largement au-delà de la majorité nécessaire pour entamer la procédure du retrait de confiance. «Nous n’avons plus besoin de ces deux tiers puisque Belkhadem lui-même vient de fixer une date pour la convocation d’une session du comité central», estime un des meneurs de ce mouvement de contestation. Ceci, tandis que d’autres membres, comme Ahmed Boumehdi, tiennent toujours à réunir ce quorum. «Il faut que nous décidions, nous, d’une autre date que la sienne», insisteront plusieurs intervenants à la rencontre d’hier. «Il y a des moments dans la vie, comme en politique, où il faut trancher», clamera sèchement l’ancien ministre, Boudjemaâ Haïchour. «En plus du retrait de confiance à l’actuel secrétaire général que nous avons déjà prononcé lors de nos deux précédentes rencontres du 9 et du 14 avril dernier, il nous faut aller vers une autre étape, celle de constater la vacance du poste de secrétaire général du parti et ouvrir le dépôt des candidatures.» C’est d’ailleurs ce qui sera fait à travers une motion lue par l’ancien SG de l’UNJA, Mohamed Bourzam, puis via une résolution finale clôturant les travaux. Si, hier, certaines figures de proue de ce mouvement ont brillé par leur absence, comme l’ancien président de l’APN, Amar Saïdani, ou le président sortant de la même Assemblée, Abdelaziz Ziari (en mission officielle à l’étranger), l’on a enregistré, en revanche, une présence de taille : celle, pour la première fois, d’un ministre en exercice, Hadi Khaldi en l’occurrence. Pour plusieurs participants, la présence du ministre de la Formation professionnelle, réputé proche de Bouteflika, est «un signe». «Il y a plusieurs autres hauts responsables qui nous soutiennent sans pour autant signer ou se manifester publiquement, pour le moment», assure, confiant, un autre dirigeant du mouvement. Pour autant, le sort de Abdelaziz Belkhadem est-il définitivement scellé ? L’encore secrétaire général du FLN n’est pas près, mais alors pas du tout, d’abdiquer. Considérablement renforcé par l’inattendue victoire, de par son ampleur en tout cas, du parti aux législatives, il jette toutes ses forces dans la bataille. Après avoir réuni son nouveau groupe parlementaire, jeudi dernier à Zeralda, et qu’il compte déployer désormais en véritable «bouclier » contre ses adversaires, Belkhadem a fait appel à la force publique pour empêcher ses mêmes adversaires de tenir leur réunion au siège national du parti à Hydra, tel que prévu initialement. Aussi, compte-t-il faire participer les nouveaux députés du FLN, 221 au total, à la prochaine session du comité central qu’il annonce pour les 15 et 16 juin prochain. Une perspective qui risque de provoquer bien des désordres. Car, en face, l’on compte également faire appel à des troupes en renfort ! «Nous allons ramener des militants en nombre supérieur à ses députés. Dans le cas où il persisterait à faire participer ses parlementaires, nous ferons de même s’agissant de nos militants», menacera même un intervenant à la rencontre d’El-Madania. Mais un dirigeant influent du mouvement des contestataires nous confiera qu’un courrier sera incessamment adressé au ministre de l’Intérieur contenant la motion portant retrait de confiance au SG et «bien d’autres documents, avec copie pour Belkhadem». D’ores et déjà, et à la lumière des décisions que prendra Daho Ould Kablia dans les tout prochains jours, l’on esquisserait la position réelle de Bouteflika dans ce conflit ouvert…
K. A.