Le Mouvement de redressement du Front de libération nationale opère un changement significatif à sa tête : Salah Goudjil n’est donc plus le «coordinateur national» du mouvement, charge qu’assure, depuis hier dimanche, Abdelkrim Abada.
«Salah Goudjil a été déchargé de sa mission de coordinateur national», liton, en effet, dans un communiqué rendu public dimanche et signé par le porte-parole des «redresseurs», Mohamed Seghir Kara. Un communiqué où, entre autres, on peut lire cette phrase lourde de sens : «Eu égard à ce qui est advenu du processus du dialogue engagé avec l’actuel secrétaire général du parti (Abdelaziz Belkhadem, ndlr) en vue de présenter des listes unifiées aux législatives du 10 mai prochain.» En d’autres termes, les rédacteurs du communiqué reprochent à Goudjil, qui avait mené ces négociations en tête-à-tête avec Abdelaziz Belkhadem, d’avoir échoué dans sa mission. Le communiqué adosse également ce changement à une «décision prise lors d’une réunion de la direction du mouvement, le 15 avril dernier à Draria, consistant à faire tourner le poste de coordinateur en fonction de la mission que chaque étape exige…». Or, le premier concerné, Salah Goudjil en l’occurrence, conteste et la décision et ceux qui l’ont prise ! De Souk Ahras où il se trouve dans le cadre de la campagne électorale, l’ancien ministre des Transports parle, d’emblée, de «complot». «Mais qui a pris cette décision ? Au moment où je vous parle, je me trouve à Souk Ahras pour mener la campagne électorale et, d’ailleurs, j’ai avec moi des cadres du mouvement.» Pour notre interlocuteur, ladite décision n’est que le fait «d’un groupe dont l’objectif n’est autre que de faire jonction avec les membres du comité central. Ceux qui veulent faire jonction, qu’ils le fassent, mais nous, ce n’est pas notre objectif». Il va sans dire qu’entre les deux parties, le divorce est consommé et le bras de faire ne fait que commencer. Notamment, lorsque Goudjil ajoutera cette précision : «Ces gens-là veulent renverser Belkhadem pour des objectifs qui ne sont pas les miens.» A coup sûr, cette phrase fera polémique dans les tout prochains jours entre Goudjil et ses désormais contestataires. Mieux, l’homme ne se considère pas du tout concerné par la décision de ses désormais ex-compagnons. «Est-ce vraiment responsable de prendre de telles décisions en pleine campagne électorale ?» Sa réaction à ce coup de théâtre ? «Je continuerai normalement ma mission en poursuivant notamment la campagne électorale que je mène. Car tout ce qui m’intéresse, c’est l’intérêt du parti.» Ce qui est certain, c’est qu’un véritable dialogue de sourds s’installe d’ores et déjà et que, par ailleurs, le mouvement des «redresseurs» qui a fait son apparition en octobre 2010 bat sérieusement de l’aile…
K. A.