Abdelaziz Belkhadem compte soumettre son poste de secrétaire général du Front de libération nationale au vote des membres du comité central dès l’ouverture des travaux de sa prochaine session.
C’est ce qu’il avait clairement signifié en tout cas, dimanche dernier, à deux personnalités nationales du parti qui sont allées le voir à Hydra au nom des membres contestataires du CC qui avaient réitéré, la veille samedi, leur retrait de confiance à l’actuel SG de l’ex-parti unique. Les deux personnalités en question, en l’occurrence Ahmed Sbaâ, ancien moudjahid et membre du tout-puissant secrétariat permanent que dirigeait Messaâdia sous Chadli, et Mohamed Boukhalfa, également ancien moudjahid et actuel sénateur désigné dans le tiers présidentiel, ont été surprises, pour le moins, par la réaction de leur interlocuteur. Selon une source proche du parti, Sbaâ et Boukhalfa ont remis une correspondance à Belkhadem, au nom de leurs pairs du groupe contestataire. «En plus de la demande formulée de convoquer une session extraordinaire du comité central, ils lui ont expliqué que pas moins de 202 membres lui retirent sa confiance, à savoir la majorité du CC.» Ce à quoi Belkhadem répondra, selon notre source : «Vous savez que j’ai convoqué la session du CC pour les 15 et 16 juin. Avec, comme ordre du jour, plusieurs points, notamment le bilan d’entre les deux sessions, le bilan des législatives et les préparations des élections locales. Mais puisque c’est ainsi, je vais prévoir un vote de confiance à bulletins secrets et ce, dès l’ouverture des travaux.» Il est pour le moins difficile de trouver plus démocratique comme issue que cette proposition de Belkhadem à la grave crise qui secoue le parti majoritaire depuis début avril dernier. Belkhadem avait même ajouté à l’adresse de ses visiteurs : «Nous pouvons même avancer la date de la prochaine session si vous voulez.» Peutêtre même pour les 9 et 10 juin, aurait-il encore proposé. En optant pour une telle parade, Belkhadem aura certainement lancé une véritable campagne dans les coulisses. Pari risqué pour lui ? Aurait-il reçu des assurances d’en haut de faire «retourner» la situation à son avantage au sein du comité central ?Il faut dire qu’au FLN, plus qu’ailleurs, les connexions des uns et des autres d’avec les clans au sommet sont une constante jamais démentie depuis l’avant-indépendance ! Le départ ou le maintien de Belkhadem à la tête du plus vieux parti du pays, le premier instrument politique du pouvoir en fait, dépendra exclusivement du rapport de force et de la nature des compromis qui se déterminent ailleurs qu’à Hydra.
K. A.
