Abdelaziz Belkhadem pourra-t-il contenir la grosse tempête soulevée par l’annonce des listes de candidatures aux prochaines législatives ? Une annonce qui a sérieusement secoué le Front de libération nationale où les mécontents se recrutent, cette fois-ci, y compris dans le bureau politique !
Lors d’une réunion nocturne tenue dans la nuit de dimanche à lundi dernier à l’hôtel le Mouflon d’Or à Alger, cette structure si homogène jusque-là qu’est le BP connaîtra un véritable séisme. Ouvertement, des membres et pas des moindres contesteront les listes de candidatures confectionnées par le secrétaire général ainsi que leur mise à l’écart. Le président de l’UNPA (Union nationale des paysans algériens), Mohamed Alioui excédé par les réponses invariables de Belkhadem consistant en une seule phrase «il faut attendre la fatwa d’en haut», en allusion au feu vert de Bouteflika s’agissant de l’autorisation des hauts cadres du parti à se porter candidats, finira par se retirer. «Je retire ma candidature, avec ou sans fatwa !» Idem pour l’ancien ministre de l’Equipement sous Zeroual, Abderrahmane Belayat qui interpelle Belkhadem «Sommes-nous un parti ou non ? Nous sommes des responsables politiques et nous n’avons pas besoin de fetwa d’ailleurs. A la limite, dites-nous que vous, en tant que SG, avez tranché votre choix et nous allons tous nous y conformer.» Mais la réaction la plus surprenante émanera de là où l’on pouvait s’y attendre le moins : elle sera l’œuvre de Abdelhamid Si Affif. L’actuel président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale connu pour être l’un des plus proches de Abdelaziz Belkhadem fera exploser sa colère en apprenant sa mise à l’écart et quittera la réunion tout en annonçant sa dissidence. Dans la journée du lundi, la colère gagne la base du parti un peu partout à travers le pays avec quelques pics de tension dans certaines wilayas comme M’sila, où des militants ont tout simplement squatté le siège de la mouhafadha et exigé le départ de Belkhadem. Aussi, et c’est le plus dangereux pour l’actuel SG du FLN, certains membres du comité central mais aussi du BP se concertent, depuis lundi dernier, sur l’idée de lancer une pétition en vue de convoquer une session extraordinaire du CC dans les prochains jours. «L’objectif est, bien entendu, le retrait de confiance à l’actuel SG», nous confie l’un des initiateurs. «De nombreux membres du CC ont répondu favorablement à notre initiative. Tant parmi les actuels membres que ceux ayant rejoint le mouvement de redressement. » Réussiront-ils, toutefois, à réunir les paraphes de la majorité simple (50% et un membre) nécessaire à la convocation du CC comme le stipulent les statuts du parti ? «Il y a effectivement un risque au regard de l’ampleur du mécontentement», concède un proche de Belkhadem. «Nous n’ignorons pas que beaucoup sont aux aguets et attendent de voir de quel côté évoluera la situation pour s’exprimer», ajoute notre interlocuteur. Mais dans tout cela, il y a un autre élément à prendre en considération : le pouvoir, Bouteflika en tête, laissera-t-il faire ? Parti au pouvoir et du pouvoir, le FLN n’est pas une simple formation politique où les putschs se font intra-muros. Sans un feu vert «d’en haut», rien ne se fera, d’un côté comme de l’autre. C’est de cette manière, par exemple, que l’un des piliers de l’actuel direction du parti, le président de l’Assemblée, Abdelaziz Ziari, a été empêché de se représenter aux législatives du 10 mai prochain, lui qui avait tout fait pourtant pour accaparer la position de tête de liste du FLN à Alger…
K.A.
