La crise du Front de libération nationale a pris une nouvelle tournure depuis hier lundi avec la proclamation officielle par la majorité des membres du comité central de leur retrait de confiance au secrétaire général.
Certes pas encore destitué, Abdelaziz Belkhadem sort politiquement fortement affaibli de cette première manche ponctuée par l’imposante réunion de ses contestataires au siège du parti à Hydra.
La veille dimanche, pourtant, Belkhadem, qui réunissait les membres du bureau politique qui lui sont restés fidèles, avait donné instruction ferme de fermer le siège national du parti où les contestataires se sont donné rendez-vous. Or, quelques-uns parmi ces derniers ont pris leurs dispositions : ils ont tout simplement passé la nuit à l’intérieur de «l’appareil» ! Ce sont eux qui ouvrirent les portes le lundi matin et la rencontre a bel et bien eu lieu à la cour du siège, exactement comme avait lieu, en été 2003, le fameux congrès qui consacrait Ali Benflis comme candidat officiel du FLN pour la présidentielle de 2004. Contre Bouteflika et le chef des «redresseurs »… Abdelaziz Belkhadem ! L’histoire se répète et cette fois, les contestataires se recrutent parmi tous les courants de l’exparti unique. Hier lundi, il y avait à la cour du siège les partisans de Ali Benflis, de Hamrouche, de Benhamouda, de Yahiaoui, de Mehri, Messaadia, «le Mouvement des jeunes du FLN» ainsi que le «Mouvement de redressement». L’arrivée de la délégation de cette dernière tendance, conduite par Mohamed Seghir Kara, Abderrachid Boukerzaza, Abdelkrim Abada, Boukhalfa, Gaci et bien d’autres dirigeants sera d’ailleurs accueillie par une remarquable ovation. Parmi les présents aussi, l’on comptait beaucoup de mécontents mais aussi de nombreux ténors de l’ex-parti unique comme Ali Mimouni, Abdellah Hadj, Mustapha Mazouzi, Lakhdar Dorbani, Abdelkader Zeidouk, Abbès Mekhalif, Belkacem Menfoukh, Mohamed Bouazzara, Ali M’rabet, Djamel Benhamouda. Si certains membres signataires de la pétition contre Belkhadem — ils sont 220 — habitant en dehors d’Alger n’ont pu faire le déplacement, d’autres n’ont pas voulu se «mouiller» pour le moment parce qu’occupant de hautes fonctions étatiques. Deux membres du bureau politique actuel, à savoir Abdelhamid Si Affif et Layachi Daadoua, comptaient également parmi les présents. Comme convenu, une déclaration est rendue publique à l’occasion. Elle est lue par l’ancien secrétaire général de l’UNJA, Mohamed Bourzam, dans laquelle les contestataires interpellent officiellement Belkhadem. «Nous déclarons, à voix haute, notre retrait de confiance à l’actuel secrétaire général ainsi qu’à son bureau politique.» Aussi, et à l’adresse toujours de Belkhadem : «Nous demandons qu’il convoque une session extraordinaire du comité central et dans les plus brefs délais.» Faute de quoi, «nous procéderons à l’installation d’une nouvelle direction dès notre prochaine rencontre.» Les initiateurs, parmi lesquels l’ancien ministre Boudjemaâ Haïchour, le président de l’UNEA, Brahim Boulgène, l’ancien mouhafedh d’Alger Boumehdi, ont, en fait, convenu de se réunir, hier en début de soirée, pour arrêter une date pour ladite rencontre. Il est prévu ainsi que les contestataires donnent un ultimatum à Belkhadem. «S’il ne convoque pas le comité central d’ici jeudi, nous le ferons nous-mêmes et nous annoncerons une nouvelle direction.» Ce qui compliquera davantage la situation.
Belkhadem imperturbable !
Rien, absolument, n’autorise ne serait-ce qu’une éventualité de voir Belkhadem accéder aux doléances de ses contestataires. Hier, pendant que cette «rencontre- rassemblement», ornée de slogans et de banderoles à la mode «dégage» en vogue, Abdelaziz Belkhadem vaquait le plus normalement du monde à son travail dans son bureau du deuxième étage. Il avait, entre autres, reçu l’ancien président de l’APN, Amar Saïdani. De même que le responsable de la communication et porte-parole du parti, Kassa Aïssi, qui, lui, s’affairait avec son équipe à préparer les affiches de la campagne électorale qui seront envoyées aux wilayas : «Pour nous, la priorité est de préparer la prochaine campagne qui s’ouvrira bientôt», nous dira-t-il sereinement. «Notre réaction à cela ? Nous avons rendu public un communiqué dimanche où nous avons précisé que seul le secrétaire général est habilité à convoquer le comité central. Et puis, vous les avez vus : ils étaient combien ? A peine une soixantaine de personnes.» C’est dire en tout cas qu’aucune des deux parties n’est prête à céder. Pour le moment. Ceci au moment où les «redresseurs» qui ont déclenché les hostilités contre Belkhadem depuis octobre 2010 prévoient, eux, de réunir, jeudi prochain dans leur siège national de Draria, leurs coordinateurs de wilaya et leurs candidats têtes de liste.
K. A.