A la veille du lancement officiel, demain dimanche, de la campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre prochain, les «mouvements de contestation» ou, pour coller à la nouvelle mode en vogue dans le paysage politique algérien, de «redressement», reviennent à la charge.
Aujourd’hui même, samedi, deux manifestations distinctes sont prévues par les «mécontents» respectifs des deux plus grands partis du pays, le Front de libération nationale et le Rassemblement national démocratique.
C’est ainsi qu’à Hydra, où se trouve le siège national du FLN, est prévu «un rassemblement» hostile au secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, par des contestataires qui sont sur la brèche depuis octobre 2010. Les «redresseurs» du FLN, qui n’avaient échoué dans leur entreprise de renverser Belkhadem en juin dernier qu’au sauvetage de dernière minute venu de la présidence, ne désespèrent toujours pas et comptent maintenir la pression jusqu’au bout. Et le «jusqu’au bout» au FLN n’est pas la prochaine élection locale mais la future présidentielle qui se profile à l’horizon ! C’est en définitive cette échéance majeure qui a suscité, dès le départ, ce long bras de fer entre Belkhadem et ceux, nombreux, qui cherchent à lui barrer la route vers le palais d’El-Mouradia. L’homme n’arrive d’ailleurs même plus à dissimuler son ambition de succéder à Abdelaziz Bouteflika. Moins «voyante» qu’au FLN, la contestation montante au RND et qui vise Ahmed Ouyahia, notamment depuis qu’il n’est plus Premier ministre, est également à lier avec la même échéance présidentielle. La réunion que les «contestataires» d’Ouyahia prévoient pour aujourd’hui dans une salle à Ryadh-El-Feth à Alger permettra en tout cas de mesurer l’ampleur de ce mouvement à travers la qualité des présents. Mais d’ores et déjà, l’on peut affirmer que les grandes manœuvres au RND comme au FLN n’auront pas lieu avant le printemps 2013. Le congrès du parti d’Ahmed Ouyahia, prévu en février 2013, constituera, à coup sûr, le véritable coup de starter de la course à la présidence. L’issue de ce congrès permettra une meilleure lisibilité politique sur l’avenir immédiat du pays, Ouyahia n’ayant pas pour habitude de se lancer dans des aventures incertaines…
Kamel Amarni
UN RASSEMBLEMENT EST PRÉVU AUJOURD’HUI DEVANT LE SIÈGE DU PARTI
FLN : les opposants à Belkhadem reprennent l’initiative
Après une brève accalmie, les opposants de Belkhadem décident de reprendre du service en organisant aujourd’hui un rassemblement au siège du FLN pour marquer la date historique du déclenchement de la guerre de Libération.
Selon Ahmed Boumehdi, coordinateur du mouvement de redressement du vieux parti, «nous avons à maintes reprises déclaré que nous ne voulons plus de l’actuel SG et nous continuerons à le braver même si nos actions de protestation sont, à chaque fois, empêchées. Nous ne baisserons pas les bras jusqu’à ce qu’il parte. Il peut toujours ramener les forces de l’ordre ou payer des baltaguiya, cela ne nous dissuadera pas de poursuivre nos actions. Nous sommes majoritaires et d’ici la fin de l’année, cette situation sera réglée».
Et d’ajouter : «Nous n’exigeons ni plus ni moins que la conformité aux lois et aux statuts qui régissent le parti, cependant Belkhadem se comporte comme si le FLN était sa propriété privée.» De son côté, Mohamed Bourzem nous dira que «les militants authentiques du FLN en ont ras-lebol de cette situation et veulent en finir avec les agissements autoritaires de Belkhadem qui a réussi l’exploit à mettre presque tout le monde contre lui, même ceux qui étaient un certain moment de son côté car il n’a pas de principes et il agit selon ses humeurs et ses intérêts ».
Le rassemblement d’aujourd’hui, nous indiquera-t-il, «est une action pour marquer la date du 1er Novembre et sera l’occasion pour les militants et les cadres, anciens députés, membres du comité central, responsables de structures verticales et horizontales de réitérer le retrait de confiance à Belkhadem. Une déclaration sera lue durant le rassemblement dans laquelle nous l’accusons d’avoir trahi les valeurs de Novembre et d’avoir terni et dévié le parti de sa trajectoire. Belkhadem a exclu les vrais militants du FLN et les a remplacés par des étrangers au parti, il a mis comme têtes de listes pour les locales des affairistes. Il est en train de précipiter le parti dans l’abîme».
Et de poursuivre : «Les assemblées générales dans les kasmas et les mouhafadhate ne se tiennent plus, aucun débat n’est autorisé, aucune contradiction, aucune protestation, Belkhadem a gelé l’activité de toutes les instances et toutes les structures, il a mis le parti dans une situation de panne et de blocage. Il manipule les listes à sa guise, met les gens qui lui sont dévoués et place des intrus. Il a réussi par sa gestion chaotique à semer la colère partout car il travaille en dehors des textes du FLN.
Les membres du comité central n’ont pas été consultés alors que les textes internes du parti l’exigent dans la confection des listes électorales, cette dérive est constatée depuis les dernières élections législatives où on voit Belkhadem se comporter en dictateur. » Concernant la décision de placer un SG par intérim, Mohamed Bourzem dira qu’«il n y a pas eu de consensus et on a préféré laisser parler les urnes durant la prochaine session ordinaire du comité central devant se dérouler vers la deuxième quinzaine du mois de décembre prochain selon les statuts du parti qui stipule que cette structure doit se réunir tous les six mois. La dernière réunion s’est tenue au mois de juin dernier».
Notre interlocuteur enfonce le clou. «Cette fois-ci, Belkhadem sera pris en étau et ne pourra pas répéter les mêmes subterfuges car nous ne laisserons pas faire.» Pour rappel, le dernier rassemblement pour occuper le siège du FLN et destituer Belkhadem a été durement réprimé et empêché par les forces de l’ordre dépêchées en nombre impressionnant. Va-t-il encore une fois recourir à la force pour les tenir à distance ?
Fatma Haouari
RND
Importante réunion des contestataires aujourd’hui
Demain, sera donné le coup d’envoi de la campagne électorale des élections municipales prévues le 29 du mois en cours. Or, pour les observateurs de la scène politique nationale, une principale question se pose : la majorité parlementaire rééditera-t-elle «l’exploit » du 10 mai dernier.
C’est dans un contexte particulier que se tiendra la consultation électorale du 29 novembre prochain. Particulier, dans la mesure où les partis de la majorité parlementaire, dont le FLN et le RND, doivent confirmer les scores réalisés lors des législatives de mai dernier. Deux partis, qui font plus que jamais face à une contestation interne des plus radicales. Ces deux partis arrivent en tête en termes de nombre de listes de candidatures déposées tant au niveau des assemblées communales que wilayales. A la lecture des données avancées par le département de l’Intérieur, il apparaît d’emblée le statut hégémonique des deux partis au pouvoir, le FLN et le RND. Le FLN présente 1 520 listes, alors que le RND assure une présence dans 1 477 APC. Toutefois, si le parti d’Abdelaziz Belkhadem est un habitué des secousses internes, il n’en demeure que la formation d’Ouyahia fera face à un véritable test de vérité lors des élections. En effet, le RND, et contrairement aux précédentes consultations électorales, semble accuser un déficit criant en termes de mobilisation organique. Le vent de la contestation qui souffle sur lui en constitue la principale cause et risque, par ailleurs, de lui porter «préjudice» lors du scrutin du 29 novembre prochain. A ce propos, il est important de noter que les animateurs du mouvement de la contestation relevant de la région du Centre organiseront aujourd’hui une importante réunion à Alger, plus exactement au niveau de la salle de cinéma Cosmos, à Riadh El Feth. Selon des sources proches des contestataires, ladite réunion verra la participation des cadres et autres personnalités du parti, qui ont jusque-là évité de s’afficher publiquement, qui rendront publique une déclaration à travers laquelle, ils annonceront leur démarcation des «agissements de l’actuelle direction du parti». Cette nouvelle donne risque de «peser» lourdement sur le parti d’Ouyahia, d’autant que des informations rapportées ici et là font état d’une démobilisation «générale» de la base face à l’enjeu électoral prochain. C’est le cas à la wilaya d’Alger où «la situation risque de mener notre parti à une défaite cuisante». *«La commission électorale de la wilaya d’Alger a validé des listes électorales non reconnues par la base militante. C’est pour cette raison que les militants de la wilaya d’Alger ont décidé de ne pas cautionner les listes électorales et se démarquer du scandale électoral que connaîtra le parti à la fin novembre prochain», dira Khoukhi Salah, coordinateur communal du RND d’Alger-Centre. Il n’en demeure que le RND est plus que jamais à la croisée des chemins. Le devenir de ses responsables actuels à la tête du parti est tributaire du score qui sera réalisé le 29 novembre prochain.
A. B.
