FLN: Qui fera les frais de la crise?

FLN: Qui fera les frais de la crise?
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Le redressement est devenu un mouvement cyclique. Après une période d’accalmie, les vieux démons se réveillent et reviennent à la charge.

Le FLN réserve-t-il le même sort à ses patrons? Le redressement est devenu un mouvement cyclique au sein de ce parti. Après une période d’accalmie, les vieux démons se réveillent. Mehri, Benhamouda, Benflis pour ne citer que ceux-là, ont tous connu la voie de garage. La situation actuelle que traverse le parti renvoie de nouveau l’opinion publique à celle de 2004.

Des confrontations, des protestations et des mécontentements sont signalés un peu partout. Le mouvement de l’authenticité sort de l’ombre pour mener une véritable offensive contre la direction. Le clash ne se fait plus dans les coulisses.

Les adversaires tirent à boulets rouges sur la direction en prenant l’opinion publique pour témoin. Des attaques suivies de contre-attaques sont le lot quotidien que rapportent les médias.

M.Belkhadem semble ignorer ce mouvement, les redresseurs refusent de faire marche arrière et promettent d’aller jusqu’au bout. Conduit par des ministres et d’anciens responsables du parti, le mouvement s’engage à rééditer le scénario de 2004. Les observateurs de la scène nationale n’écartent pas cette hypothèse. Se basant sur des données récentes, ces derniers voient en la sortie du ministre de l’Enseignement et de la Formation professionnels un élément-clé. El-Hadi Khaldi a ouvert le feu contre la direction du parti. «Les instances de base du parti, les kasmas et les mouhafada n’ont pas connu de stabilité depuis que Belkhadem est secrétaire général du parti», a-t-il accusé. Le ministre a refusé de comparaître devant la commission de discipline en faisant la sourde oreille aux menaces de la direction. «La commission de discipline doit d’abord commencer à traiter les dossiers de Belkhadem et Si Afif», a-t-il estimé. Un autre poids lourd et ancien membre du secrétariat de l’instance exécutive est monté au créneau. Salah Goudjil a qualifié M.Belkhadem de «dictateur» qui «refuse le dialogue et l’avis contraire». «Belkhadem n’apprécie pas d’être contredit. Il n’accepte pas le dialogue et n’aime pas qu’on lui demande des comptes et des explications», a-t-il déclaré jeudi dans un entretien au journal électronique «toutsurlalgérie (TSA)». Il faut reconnaître que l’opération de renouvellement des structures de base a été la goutte qui a fait déborder le vase.

Les mécontents ont saisi cette occasion pour lancer l’offensive. Ils dénoncent la politique d’exclusion prônée par les états-majors.

Le 9e congrès, qui devait marquer la fin du feuilleton de crise, a finalement ouvert l’appétit aux dissidents. La composante du bureau politique était à l’origine de ce mouvement.

Le secrétaire général a reconnu avant-hier que c’est le bureau politique qui a provoqué ces tensions. Selon des sources proches, des membres influents ont demandé à M.Belkhadem de revoir l’équipe du bureau politique lors de la réunion du comité central. En cas de non-réponse, ils menacent de sévir avec force. M.Belkhadem va-t-il céder aux pressions pour éviter un putsch? Rien n’est sûr. Le chef de file du FLN ignore complètement les menaces de l’autre clan. Il a réitéré que cette situation est un signe de bonne santé. «Oui, je ne me trompe pas. C’est un signe de bonne santé», insiste-t-il en expliquant que les gens se bousculent pour entrer dans les structures du parti. «Le parti a connu des secousses plus intenses par le passé», a-t-il rappelé en estimant toutefois, que l’actuelle action «n’est même pas une secousse». Plus fort encore, M.Belkhadem a fait savoir que «toute action visant à fragiliser le parti du FLN est inadmissible». «L’affaiblissement du FLN traduit l’affaiblissement du pays», a-t-il affirmé en mettant en garde ses adversaires. S’expliquant lors de la réunion d’évaluation de l’opération de renouvellement, M.Belkhadem s’est montré sûr de lui. La sortie médiatique du chef de file véhicule un message politique lourd de sens. S’appuyant sur ses bons rapports avec le président Bouteflika, qui est également président d’honneur du FLN, Belkhadem s’est attaqué à ses adversaires. «Il ne faut pas cracher sur la main qui vous a donné à manger», a-t-il sèchement lâché faisant allusion aux redresseurs. Enfin, même si la situation est plutôt tendue au sein du parti, les rapports de force ne sont pas ce qu’ils étaient en 2004. Nul n’ignore que la base n’a pas le dernier mot dans la prise de décision. Il reste à savoir si le mouvement de redressement va résister ou pas.

Nadia BENAKLI