Une très grosse tension pèse sur la prochaine session du comité central du Front de libération nationale prévue jeudi prochain à l’hôtel Riadh de Sidi Fredj, à Alger. Le face-à-face entre Abdelaziz Belkhadem et ses opposants risque même de déboucher, cette fois, sur d’inévitables affrontements physiques.
Tel que c’est parti, de graves dérapages ne sont pas du tout à écarter en effet au premier jour de cette session qui déterminera l’avenir immédiat de Belkhadem à son poste de secrétaire général du parti. Lui qui fait face à un mouvement de contestation sans précédent dans l’histoire de l’ex-parti unique mais qui n’est pas près d’abdiquer. En juin 2012, il avait réussi à sauver sa tête en opérant un coup de force musclé qu’il acheva brutalement, à l’hôtel Ryadh qui abritait la dernière session du comité central clôturée dans un décor des stades !
D’où d’ailleurs l’opposition des contestataires à la tenue de la prochaine session sur les mêmes lieux. «Les liens familiaux qu’il (Belkhadem, Ndlr) entretient avec le propriétaire de cet hôtel lui ont permis d’y introduire des centaines d’intrus, des casseurs qu’il avait utilisés pour agresser des membres du comité central qui sont contre lui», nous confie à, cet effet, l’un des responsables du mouvement contestataire. Lesdits contestataires sont, pour rappel, tous membres du comité central. Répartis en deux ailes distinctes, à savoir un «mouvement de redressement» qui est sur la brèche depuis 2010 déjà, et le «groupe des centralistes» qui a déclaré sa fronde au printemps 2012, ils ont cependant décidé de s’unir dans la perspective de cette session du comité central. Et toutes leurs actions sont désormais communes. A commencer par l’envoi d’une délégation de cinq membres chargée de transmettre, hier lundi, un document contenant toutes les revendications des opposants au secrétaire général. «Nous l’avons rencontré dans son bureau à Hydra.
Une rencontre froide, où il n’était même pas question de se serrer la main. Nous avons été très clairs avec lui, d’emblée : nous ne sommes venus ni pour dialoguer ni pour négocier mais juste pour transmettre le document. Belkhadem le lira alors devant nous et eut pour seule réponse que c’en était là, qu’un chapelet d’accusations auquel il répondrait lors de la session du comité central.»
C’est ce que nous révèle l’un des cinq membres de cette délégation. Pour aujourd’hui même, mardi, les contestataires prévoient d’animer une conférence de presse au siège du mouvement des redresseurs à Draria. Mais l’on sait d’ores et déjà qu’ils organiseront une rencontre de tous les membres du comité central qui s’opposent à Belkhadem, demain mercredi. «C’est là où nous détermineront la position et la démarche à suivre par rapport à la session de jeudi prochain», nous confie un responsable de ce mouvement. «En tout cas, nous sommes non seulement la majorité mais plus des deux tiers des membres du comité central. Nous le prouverons devant la presse par les signatures des concernés et des copies de leurs pièces d’identité», s’engagera même notre interlocuteur. Aussi, «il n’est pas question de reproduire les mêmes erreurs de la dernière session de juin dernier» conclut la même source.
Cela, tandis qu’en face, Belkhadem ne lâche rien de son côté. Selon des sources, il aurait chargé chaque mouhafedh de faire venir, de chaque wilaya, une centaine de militants acquis à l’actuelle direction. Ce qui ferait un service d’ordre de presque 5 000 éléments ! S’ils parviennent tous sur les lieux de la rencontre et que les opposants décident d’y aller aussi, on peut aisément imaginer la suite…
K. A.
