L’agitation qui gagne les bases et le sommet du FLN est un signe qui ne trompe pas : quelque chose se prépare pour la présidentielle de 2014.
Ceux, parmi les cadres du vieux parti, qui s’expriment ces derniers jours pour critiquer la démarche de Abdelaziz Belkhadem sont persuadés que le parti doit être prêt, pas seulement pour les législatives de 2012, mais surtout pour la présidentielle de 2014. Ils savent que celui qui gagnera la bataille de 2012 déterminera, en grande partie, le futur présidentiable.
C’est que le FLN, même s’il ne décide pas du choix de celui qui présiderait aux destinées du pays, y apporte une caution, et pas la moindre, de par son implantation sur le territoire national et ses relais toujours aussi influents qu’efficaces.
Mais, avant d’y parvenir, force est de constater que l’actuelle fièvre qui s’empare du FLN intrigue à plus d’un titre. Il y a le silence embarrassé de Belkhadem, qui tente, gauchement, de minimiser le mécontentement. Le FLN a, certes, connu par le passé des mécontentements, des crises et des coups d’État, mais jamais avec la violence qui caractérise présentement le renouvellement des structures de base. Ces batailles rangées, où les militants se donnent en spectacle, relayés par des “dinosaures” qui veulent se placer en vue de négocier le virage de 2014, le tout devant une attitude “neutre” du palais d’El-Mouradia, dont le locataire est, pour rappel, président d’honneur du FLN.
Tout le monde attend un signal, une allusion de Bouteflika, pour déceler la direction du vent. Mais Bouteflika se mure dans le silence. Peut-être que lui aussi a besoin de voir plus clair, de laisser faire l’agitation à la base.
Il est clair que la position de Bouteflika restera ambiguë tant que son propre devenir n’est pas encore connu. Même s’il est peu probable qu’il se représente en 2014, les prétentions prêtées à son frère Saïd ne sont pas tout à fait compromises.
Il y a aussi le devenir de Noureddine Yazid Zerhouni, que beaucoup semblent avoir enterré. L’actuel vice-Premier ministre ne parle plus, ou presque, mais cela ne veut aucunement dire qu’il a pris sa retraite. En attendant, donc, de voir jusqu’où iraient les promoteurs de l’idée d’un parti présidentiel, le FLN demeure le lieu où l’on échafaude la multitude de scénarios possibles et imaginables. Et parmi ces scénarios, le plus probable est celui de préparer l’après-Bouteflika. Quoi que l’on dise, il ne sera pas facile d’imaginer un tel scénario, après quinze ans de règne de Bouteflika.
Dans ce jeu de perspectives, Abdelaziz Belkhadem n’est pas encore hors course et ceux qui pensent que ses jours à la tête du FLN seraient comptés se trompent lourdement. L’homme n’arrête pas de sillonner le pays depuis trois mois, tenant réunion après réunion. Le patron du FLN garde toujours des cartes en main, tant que le président Bouteflika ne le lâche pas ouvertement. Les autres cadres du parti, malgré tout leur poids et leur force de manœuvre, savent pertinemment qu’ils ne peuvent, finalement, rien décider sans l’aval d’en haut. Personne au FLN n’imagine remettre le parti dans l’opposition, comme l’a fait Abdelhamid Mehri au début des années 90. Personne n’a oublié l’épisode d’Ali Benflis qui s’est retrouvé, du jour au lendemain, seul, abandonné par tous ces cadres qui l’acclamaient la veille.
Les sorties publiques des cadres du FLN apparaissent, donc, beaucoup plus comme étant une volonté de ces derniers de compter dans les prises de décisions futures qu’un coup d’État en gestation. Même si ce dernier scénario n’est pas à écarter, il reste que l’effervescence qui gagne le parti dépasse le strict cadre partisan et pose les vraies questions de 2014. Qui sera candidat ? Quels seront ses appuis ? Ses relais ? Son programme ?