Il y a sur cette « happy end » annoncée du feuilleton FLN plusieurs observations qu’il faut tout de même formuler. Avec le vote, à l’unanimité pas moins, de Amar Saadani pour succéder à Abdelaziz Belkhadem, un épilogue aussi rapide qu’inattendu à une crise qui a mis sept mois à s’incruster dans un statu quo inoubliable.
Rien en effet ne présageait un aussi rapide dénouement, d’autant que la réserve observée par le président du parti, M. Bouteflika en l’occurrence, faisait en sorte que les différents protagonistes n’arrivaient absolument pas à s’entendre sur le moindre seuil minimum de sortie de crise.
L’absence du chef de l’Etat en raison de sa maladie n’était pas pour arranger les choses. Du moins, tant que A. Bouteflika était en dehors du pays. Mais voilà que les choses se sont donc accélérées depuis le retour au pays du président et que Boumehdi, qu’on avait totalement oublié depuis la session de janvier du Comité central, refait surface avec une autorisation du ministère de l’Intérieur dans la main.
Depuis, les choses pour ainsi dire étaient réglées comme du papier à musique et la rencontre d’El Aurassi ont beaucoup plus roulé avec des airs de séminaire technique qu’avec la forme habituelle des sessions chaudes et nécessairement à huis clos. Les journalistes ont été finalement privés des empoignades et des bagarres mêmes auxquelles ils avaient l’habitude d’assister. Comme un seul homme, le FLN, en dehors des récalcitrants dont Abderrahmane Belayat fait office de chef de file et qui n’ont plus aucun coup à jouer, s’est soudain ressoudé autour de son nouveau secrétaire général. Les candidats déclarés se sont effacés les uns après les autres au profit de Saadani, ce qui était parfaitement prévisible depuis que A. Belkhadem s’était désisté au nom de l’unité des rangs, donnant ainsi le la à une intronisation absolument sans accrocs.

Pour beaucoup d’observateurs, tout cela ne serait l’œuvre que du président Bouteflika.
Une opinion confortée, selon eux, par l’alignement objectif bien qu’en dernier ressort du ministère de l’Intérieur sur l’option Saadani, et qui sera ensuite corroboré par le feu vert de la Justice et de l’administration locale. Pourtant, cela ne dit pas tout. Au FLN, à vrai dire, les interventions du président sont depuis toujours acceptées et souvent souhaitées. Mais cela n’est vrai que tant que ces interventions ont pour objet de mieux reconstituer ou resserrer le lien entre ce parti spécifique et le haut de la pyramide du pouvoir.
Avec un Belkhadem soupçonné d’ambition présidentielle, tout le FLN redoutait de miser sur un candidat dont il serait l’unique soutien. Et si d’un coup, tout le FLN, ses différentes tendances, les anciens comme les nouveaux, les pro et les ant-Belkhadem et même Belkhadem himself aient choisi d’enterrer toutes leurs divisions, c’est pour que le FLN revienne le plus vite possible aux affaires et que ce fameux calendrier comprenant la révision de la Constitution et la présidentielle de 2014 ne se fasse absolument pas sans lui.
Mieux encore, et que Bouteflika soit derrière ou non, la vitesse avec laquelle le CC a débloqué la situation alors que le temps lui était dangereusement compté prouve bien qu’aujourd’hui, le premier souci du FLN est que le prochain président de la république soit issu de ses rangs, qu’il s’agisse de l’actuel président, d’un autre, ou, à mi-chemin, celui que l’actuel proposerait pour sa succession.
Quant à Abderrahmane Belayat, certainement dépassé par les événements et le connaissant plus que tout autre, sa contestation de la session du comité central pourrait avoir du bon pour lui : elle peut le projeter vers le beau rôle du sage incompris, comme il en a toujours eu au FLN…
Par Nabil Benali