Quand des partis politiques de l’opposition, des associations et des personnalités nationales des plus en vue organisent ou coordonnent des actions de protestation pacifique en faveur du changement, ils sont dans leur rôle. Cette évidence a été rappelée hier par le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, dans un entretien accordé à l’APS.
Interrogé sur ce qu’il pensait des propositions de changement politique formulées par Abdelhamid Mehri, ancien SG du FLN, dans une lettre ouverte adressée au président de la République, appuyée dans le fond par le FFS et l’Alliance nationale pour le changement (ANC), M. Belkhadem a en effet donné cette réponse : «La scène politique en Algérie est pluraliste, et il est tout à fait naturel de voir des initiatives politiques de ce genre provenir de partis de l’opposition, d’associations de la société civile et de personnalités politiques, reflétant ainsi la bonne santé de la pratique politique en Algérie.»
«Nous ne trouvons pas ces initiatives étranges, comme nous ne les répugnons pas», renchérit-il, ajoutant qu’«il est normal, dans une scène politique pluraliste, de trouver des partis qui proposent un changement et qui expriment leurs idées».
Selon lui, les hautes autorités du pays devraient donner libre cours aux initiatives politiques lorsqu’elles sont exprimées «pacifiquement, dans un cadre serein et dans le respect des lois de la République». Pour Belkhadem, le parti majoritaire au Parlement ne peut pas soutenir une proposition politique qui fait table rase de tout ce qui a été réalisé depuis l’indépendance.
A contrario, l’ex-parti unique préconise «une révision dans le fond» de la Constitution actuelle, adoptée en 1996 dans un contexte particulier fait de violence terroriste. Pour le SG du FLN, la situation actuelle est différente de celle qui a prévalu dans les années 1990. Ainsi, les conditions ayant marqué l’adoption de cette Constitution ne sont plus d’actualité. Aujourd’hui comme hier, la revendication d’une refondation profonde de la Loi fondamentale du pays «demeure valable», affirme-t-il.
M. Belkhadem rappelle que bien avant la révision constitutionnelle de novembre 2008, le chef de l’Etat avait souhaité une réforme «profonde» de ce texte. Le Président s’est finalement contenté d’un toilettage partiel au regard des conditions de l’époque, peu favorables à une action de fond.
Pour l’ancien président de l’Assemblée populaire nationale, cette révision ne peut émaner que du Président, seul habilité à prendre une telle décision, comme elle «exige un consensus des partis et des forces politiques en présence». A propos des bouleversements que vivent le reste des pays du Maghreb et du monde arabe, et leurs implications sur l’Algérie, Belkhadem réfute ainsi cette thèse, arguant que «le peuple algérien refuse de revivre la situation tragique qu’il a subie dans les années 1990».
«L’Algérie, et grâce à la maturité de son peuple, refuse de suivre tout courant dévastateur se cachant derrière la nécessité d’un changement démocratique pour mieux déstabiliser le pays. Ceci ne veut pas dire qu’il faille nier tout mouvement de protestation ou de revendications, mais ces protestations doivent s’exprimer dans un cadre organisé et d’une manière pacifique.» M. Belkhadem qualifie de «momentané» le refus d’octroi d’agréments.
Il n’a pas exclu dans cet esprit que de nouveaux partis soient reconnus «dans l’avenir». Aux yeux du SG du FLN, les membres de la coalition «ne monopolisent pas» la scène politique, expliquant que sa création en février 2004 n’avait d’autre raison d’être que «la mise en œuvre du programme du président de la République». Pour M. Belkhadem, cette Alliance «n’est pas un nouveau parti dans lequel les trois formations qui le composent se seraient diluées».
Djamel Chafa