Le Front de libération nationale (FLN) n’est pas près de sortir de la zone de turbulences qu’il traverse depuis quelques jours. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du parti, tente de redresser la situation.
Après avoir tendu la main à ses détracteurs afin d’aplanir les divergences, le SG du FLN passe à la vitesse supérieure, usant d’un ton menaçant à leur égard. Vendredi dernier, Abdelaziz Belkhadem n’a pas été tendre avec les «dissidents». Il s’est même rendu il y a quelques jours au domicile de Salah Goudjil dans la tentative de désamorcer la crise, et est passé à l’offensive en évoquant pour la première fois des sanctions contre les militants contestataires. «La session extraordinaire du comité central qui se réunira les 30 et 31 juillet tranchera sur le sort des redresseurs», avait-il déclaré à la presse en marge de sa rencontre avec la base militante à la Maison du peuple de l’UGTA. L
a réaction de Salah Goudjil, coordinateur général du Mouvement de redressement et d’authenticité, ne s’est pas fait attendre, mais pas avec la même virulence qu’on lui connaît. Il a tenté, contre toute attente, de baisser le ton. «Notre mouvement ne veut déloger personne, son but est de redresser la situation dans laquelle se trouve actuellement le parti, au regard de ses statuts, de son règlement et de ses traditions», a déclaré Salah Goudjil dans un entretien paru sur le journal électronique TSA. Selon lui, le problème «n’est pas de déloger Belkhadem. C’est beaucoup plus profond. La crise actuelle nécessite une prise de conscience de l’ensemble des responsables du parti pour se ressaisir dans le cadre d’un dialogue». À Constantine, Mascara ou encore Alger, il est utile de rappeler que Belkhadem a eu droit à un accueil bien particulier. Les «dissidents», à leur tête Salah Goudjil et Abdelaziz Kara, scandaient le slogan à la mode dans les pays arabes «Belkadem arhal» (dégage). Le lendemain, Salah Goudjil revient sur ses propos. «Au cours de la semaine prochaine, je reprendrai contact avec Belkhadem pour continuer à discuter. Cette fois, ça ne sera pas chez moi», a indiqué Goudjil. Il a confirmé, encore une fois, son entrevue avec le SG du FLN. «Belkhadem est venu me voir et j’ai discuté avec lui en toute clarté. C’était le premier contact, il va y en avoir d’autres.
On n’a pas fixé de rendez-vous. Il se peut que le dialogue soit élargi, d’un côté comme de l’autre, pour éviter de mauvaises interprétations», dit-il. En effet, Belkhadem s’est fait piéger en se rendant chez le coordinateur du Mouvement de redressement. En voulant négocier une solution avec le groupe de Salah Goudjil, le SG du FLN, qui a toujours l’ambition de devenir le président des Algériens, a montré toute sa faiblesse. Le coordinateur général du mouvement de redressement a multiplié également les signes d’apaisement. Pour les prochaines élections législatives, les détracteurs du FLN ne présenteront pas leur propre liste. C’est du moins ce qu’on comprend des propos de Salah Goudjil. «Au lieu de penser aux présidentielles, un militant du FLN doit envisager quel sera le devenir du FLN. Si nous sommes dispersés, personne ne gagnera. On doit trouver des solutions au profit du parti, de son idéologie, son programme et non au profit de personnes», déclare-t-il. En attendant la tenue de la session extraordinaire du comité central du FLN qui interviendra les 30 et 31 juillet, Belkhadem gère bien la crise qui secoue sa «maison» et tente de se repositionner.
Hocine Larabi