Le «balancement», ces jours-ci, de Amar Saïdani, comme potentiel successeur de Belkhadem à la tête du FLN, participe de ce «souci» du pouvoir, ou tout au moins d’un de ses clans, à lancer une sorte de ballon- sonde aux fins de mesurer la «disponibilité» du camp «adverse».
Quand ça éternue à la maison FLN, c’est que un peu plus haut, dans le «grenier», ça gronde, ça bataille à couteaux tirés, ça tire de tous les côtés en vue de maintenir le fameux équilibre des forces, perspective de la présidentielle d’avril 2014 oblige. Le timing de cette bataille au sein du doyen des partis politiques, en plus de celle de moindre importance livrée au sein du frère-jumeau, le RND, des mois avant le scrutin présidentiel de l’année prochaine, un scénario bien rodé et huilé puisque intervenant à chaque fois des mois avant cette échéance électorale, renseigne sur la vraie nature de l’enjeu de ce rendez-vous ; soit le maintien de l’équilibre des clans constituant le système.
Un enjeu de taille qui autorise tous les coups bas, toutes les manœuvres, toutes les manigances, quitte à se donner en spectacle à travers ces affaires de scandales financiers et autres cas de corruption à couper le souffle au citoyen lambda qui, paradoxalement, ne sont «tirées» des tiroirs que le temps de cette période bien précise avant que les dossiers, en fait ne constituant qu’une infime partie de l’iceberg, ne soient de nouveau enterrés jusqu’à la prochaine échéance. Et le balancement, ces jours-ci, de Amar Saïdani, comme potentiel successeur de Belkhadem à la tête du FLN, participe de ce souci du pouvoir, ou tout au moins d’un de ses clans, à lancer une sorte de ballon-sonde aux fins de mesurer la « disponibilité» du camp «adverse».
Car on soupçonne, au sein de bien de membres du comité central du parti, ceux se recrutant principalement dans le camp des redresseurs, la main du frère du Président, dans cette «proposition» de l’ancien président de l’APN durant la mandature (2002-2007) comme homme du «consensus» qui satisferait les deux camps. Une option qui viendrait contrecarrer les deux autres, pourtant en vogue ces jours-ci, celles de Abdelkrim Abada et de Ahmed Boukhalfa.
Mais cette proposition n’est pas de nature à agréer bien des membres du Comité central tant l’homme traîne de mauvaises casseroles et pas du genre à faire passer sous le buisson. Surtout en cette période de grand déballage public d’affaires de détournement de deniers publics et de cas de corruption. Car le député d’El Oued, même s’il peut se targuer et faire prévaloir un long parcours militant au sein du parti et pas de ces parvenus, se recrutant dans le milieux des affaires avec tout le doute y afférent, dont s’est entouré Belkhadem ces derniers temps, ses adversaires brossent de lui un portrait tout autre. Car pour tout ce beau monde, il n’est pas question que cet ancien troisième homme de l’Etat revienne par la grande porte au-devant de la scène après l’avoir quittée par la petite porte, lui qui a été lâché par le président de la République pour n’avoir pas été autorisé à postuler pour une autre mandature parlementaire en mai 2007.
Et les raisons de ce lâchage ne sont pas de nature, selon ses détracteurs, à plaider pour sa résurrection «annoncée», tant il était impliqué ou supposé l’être, dans une sombre affaire de détournement de plus de 3 000 milliards de centimes ayant affecté le FNDA Fonds national de développement agricole). Ce qui lui aurait permis d’acquérir des biens, notamment immobiliers en Algérie, une cossue villa à Hydra, sur les hauteurs d’Alger, et même à l’étranger, en Espagne, en France et en Angleterre. Et pas que cela, on a même parlé à un certain moment, durant l’été 2008, d’une interdiction de sortie du territoire national dont était frappé Saïdani, lui qui aurait été refoulé de l’aéroport international d’Alger en partance pour Tripoli, en Libye pour représenter, en compagnie de Abdelkrim Abada et de Saïd Bouhadja, Belkhadem alors chef du gouvernement, à une rencontre sur l’UMA. Autre tare, de gros calibre celle-là, que l’on n’hésite pas à déterrer à l’occasion, pour tuer dans l’œuf cette «volonté» de mettre au-devant, celui qui semble avoir été mis en «réserve» pour être «repêché» au besoin. On reproche, en effet, à Saïdani d’avoir été l’auteur d’un impair protocolaire «indigne» d’un personnage de troisième rang d’un Etat. En effet, l’homme se serait permis de prolonger un de ses séjours officiels à l’étranger, on parle de la France, au-delà de la durée convenue au préalable alors que, selon les us en la matière, il aurait rejoint le pays en tant qu’officiel avant d’y retourner à sa guise une fois la mission achevée. «Ce n’est pas avec ce genre d’écarts de taille que l’on peut postuler au poste de premier responsable du doyen et de surcroît, premier parti du pays», explique-t-on parmi les adversaires de Saïdani.
M. K.