Flambée des prix : Le marché gangréné par la spéculation

Flambée des prix : Le marché gangréné par la spéculation

Les prix des fruits et légumes resteront élevés tant que le marché n’est pas encore régulé.

Une fatalité que le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, avoue sans difficulté en direct sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.

« C’est toute la problématique de la régulation que nous essayons de mettre en place pour régler le problème», soutient-il.

Pour Benaïssa, jusqu’ici, les autorités en charge de la régulation avaient la certitude que cette machine se fait d’une manière automatique à travers la loi de l’offre et de la demande.

Aujourd’hui, on se rend compte que les prix sur les marchés sont la résultante de plusieurs facteurs, notamment l’offre et la demande, le circuit de commercialisation, le comportement des acteurs mais également le facteur de communication.

«Le prix reflète le comportement de tous les acteurs», a-t-il déclaré. Or, décidément dans ce maillon, les défaillances sont multiples.

Le coeur du problème réside dans le circuit de commercialisation.

«Vous conviendrez avec moi qu’il y a eu un effort considérable en termes de production. D’une manière générale, le marché est bien approvisionné et de manière régulière. Le comportement des acteurs qui fixent les prix n’était pas bien défini ».

Il cite à titre d’exemple, une production céréalière de l’ordre de 60 millions de quintaux et 8,5 millions de quintaux pour les agrumes.

Encore une fois, la spéculation contrarie l’action du gouvernement. Lequel avoue, à demi-mot, son incapacité à organiser le marché.

Benaïssa propose comme remède la restructuration et la professionnalisation de toute la chaîne.

«Il faut créer les conditions et structures pour le développement d’un marché régulé et d’une production suffisante», explique le ministre qui a fait allusion au secteur géré par El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, sans toutefois le cibler directement.

Il fait l’effort de proposer «des solutions» à son collègue, sans doute très occupé par ce problème qui semble parfois complètement le dépasser.

Dans ce sens, il propose de limiter les intermédiaires et de « rapprocher le plus le consommateur du producteur ».

Démonstration : selon le ministre de l’Agriculture, son département a suivi quelques produits ces derniers temps et on a vu que « 60% des prix sont constitués des marges entre les producteurs, les grossistes et les détaillants ».

L’agriculteur lui, n’encaisse en réalité que 40% du prix. Cela dément les arguments de certains grossistes qui accusent les agriculteurs.

Mais le constat ne suffit pas, « il faut agir pour trouver des solutions à travers des outils de régulation », défend-il.

Ces mêmes outils, note-t-il, ont permis à l’Algérie d’économiser 2 milliards de dollars dans la facture du lait et des céréales.

Interrogé sur la flambée du prix du citron cédé à plus de 400 DA le kilo, le ministre a indiqué que la production des agrumes était bonne, toutefois celle de cet été était très faible à cause des pertes enregistrées sur les arbres aux mois de mars, avril et mai 2009, d’autant que quatre wilayas fournissent à elles seules 70 % de la production (Alger, Blida, Tipaza et Boumerdès), ce qui s’est répercuté sur la baisse de la production.

«Pendant le mois de Ramadhan, il y a eu une forte demande alors que l’offre était faible, ce qui explique la flambée du prix de cet agrume».

Le ministre a enfin annoncé que la saison agricole s’annonce « très bonne ».

ACHIRA MAMMERI