«La régulation du marché des produits maraîchers de large consommation», faut-il en rire ?
C’est une promesse maintes fois réitérée par les pouvoirs publics. Elle est servie chaque année en cette période.
Une chute des prix avait pourtant été annoncée et attendue par le citoyen qui attend toujours.
En ces premiers jours post- Ramadhan, les prix des fruits, légumes et viandes continuent sur leur lancée et narguent les bourses moyennes de façon fort décevante.
L’explication avancée sur la loi de l’offre et la demande ne tient pas la route.
Celle-ci se vérifie, certes, dans un contexte normal libre de toute spéculation effrénée animée par des «barons-ogres» de la finance. Il n’en est rien chez nous. Jugezen !
La pomme de terre, ce légume du pauvre par excellence, est proposée dans une fourchette oscillant entre 40 et 65 dinars le kg, la carotte est cédée à 40 DA le kg.
Les autres «demoiselles» soit la tomate et la courgette, indispensables dans la composition de mets algériens, flirtent avec des pointes respectives de 90/120 DA/kg et 80 Da et plus, sans parler du navet, devenu presque un luxe, qui s’est hissé à…100 DA le kg !
Où allons-nous avec ces prix prohibitifs et ces augmentations que les autorités publiques n’arrivent pas à contrôler ?
Les services de régulation des prix du ministère du Commerce s’en lavent superbement les mains comme ceux du ministère de l’Agriculture, du reste.
Qu’en est-il du système appelé Syrpalac de régulation du marché si pompeusement annoncé par ce département ?
Ce dernier se réfugie effrontément derrière «la qualité des produits commercialisés et non de leur prix» Où se situe exactement sa mission, est-on permis de s’interroger ?
La valse des prix continue, malgré les recommandations du président de la République formulées lors du Conseil des ministres tenu le 26 août dernier.
Ces recommandations sont pourtant claires et ne souffrent d’aucune ambiguïté.
Il avait déclaré, en effet, sans équivoque aucune: «J’entends qu’aucune règle de liberté du commerce ne soit invoquée à l’avenir pour justifier la limitation des capacités de l’Etat à imposer des pratiques commerciales loyales et à réprimer les spéculations qui nuisent aux citoyens. Les moyens requis seront mis à la disposition des services de contrôle commercial, mais ces derniers devront assumer leur responsabilité entière et reprendre la situation en main».
Pour la tomate une explication peut être invoquée, à savoir la mineuse de la tomate ou tuta absoluta, cette maladie qui affecte la production nationale de la tomate.
Pas moins de 19 wilayas sont touchées par cette maladie. Réputées pour leur production abondante de ce légume, les wilayas de Mostaganem et de Chlef sont menacées par le spectre de ce mal.
S’y alignent les wilayas d’El Tarf, Oran, Aïn Defla, Boumerdès, Alger, Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Skikda, Mila, Tlemcen, M’sila et Biskra.
A Bouira, par exemple, la tuta absoluta a envahi 65 hectares de terre. Pas moins de 21 exploitations intensives ont été touchées, notamment dans les régions de Kadiria et Lakhdaria.
Les efforts des autorités concernées, à travers l’Institut national de protection des plantes (Inpp), pour enrayer ce mal se sont matérialisés par le déblocage d’une enveloppe de 5 milliards de centimes.
Ce budget doit servir à l’acquisition de produits chimiques et de «pièges» pour arrêter le développement de la maladie de la tomate et éliminer le papillon qui en est la cause.
Quelque 10 000 « pièges » et 20 000 boîtes de phéromone ont été acquis avant d’être distribués à pas moins de 93 inspections à l’échelle nationale.
Toujours est-il que l’angoisse mine les pères de famille et les ménagères. Elle se lit aisément sur leurs visages. A peine sorti du cycle éprouvant en tout point de vue d’un mois difficile et indigeste (sans jeu de mots), le citoyen est de nouveau confronté, fautil le rappeler, à une autre spirale de dépenses lourdes.
Saigné à blanc par le Ramadhan, l’Aïd et la rentrée scolaire, le cycle infernal reprend pour le citoyen lambda.
Les commerçants invoquent les pluies qui auraient empêché la récolte et la cueillette, le manque de transport en ces périodes de fêtes, l’absence des employés tous partis pour fêter l’Aïd…Partout dans le pays, les produits agricoles de large consommation culminent à des prix qui défient les bourses moyennes.
L’incapacité du staff gouvernemental à maîtriser le marché des produits agricoles de large consommation est alarmante à plus d’un titre.
Un grand coup de pied dans la fourmilière des profiteurs est plus que souhaitable.
ABDELKRIM AMARNI