Terminé les longues chaînes interminables et les pénuries…
Malgré la hausse des prix des fruits, de certains légumes et des viandes, les Algériens auront dépensé sans compter, souvent de manière ostentatoire.
L’addition sera salée. Le pouvoir d’achat est étalé au grand jour. Sans tabou. L’appartenance de classe aussi.
Le mois sacré constitue un laboratoire providentiel pour sociologues, psychologues… et tous les spécialistes en sciences humaines. Les catégories sociales sont répertoriées en fonction de leur type de mode alimentaire. La stratification de la société s’affiche à travers le système de solidarité qui est officiellement institué par les pouvoirs publics mais aussi la société civile et les associations caritatives.
Le couffin du Ramadhan pour les premiers cités, les restaurants de la Rahma pour les autres. L’Algérie, avec ses importations massives, a accédé au stade de société de consommation.
C’est irréversible, semble-t-il. Terminé les longues chaînes interminables et les pénuries… On est passé pratiquement, brutalement, d’un système planifié à une économie de marché et les Algériens donnent l’impression de s’y être plutôt bien adaptés.
Tout ou presque est disponible au point que le marché algérien est devenu une aubaine même pour nos émigrés qui disposent de la monnaie européenne, l’euro, et qui voient leur pouvoir d’achat multiplié par quinze lorsqu’ils retournent dans leur pays d’origine.
Un pouvoir économique qui offre le luxe et qui donne la possibilité d’acquérir les produits les plus inaccessibles pour les classes moyennes algériennes. Bref, cette parenthèse ouverte nous permet de donner une image d’une Algérie en pleine mutation.
Une image contrastée qui montre des Algériens affichant, sans aucun tabou et de manière ostentatoire, leur pouvoir d’achat et leur appartenance à une catégorie sociale aisée tandis que près d’un million et demi de familles nécessiteuses devront recourir à la générosité des pouvoirs publics pour faire face à cet événement à caractère sacré.
«Cette opération de solidarité concerne 1.435.304 familles nécessiteuses, dont 384.162 familles nombreuses démunies qui bénéficient cette année de deux couffins au lieu d’un seul. L’opération touche également 156.024 personnes aux besoins spécifiques», avait indiqué le 2 août, dans un communiqué répercuté par l’APS, Khelaf Aïssa qui s’est exprimé au nom de la Commission nationale chargée de la préparation du mois de Ramadhan. Malgré cette brèche ouverte à l’occasion du mois sacré sur cette dure réalité, les Algériens donnent l’impression de dépenser sans compter. Certains se seront endettés pour se faire saigner aux quatre veines.
D’autres auront mis en gage leurs bijoux en or pour affronter dans la dignité les dépenses parfois incontournables que génère ce mois de jeûne.
La pilule sera amère et dure à avaler. Qu’importe! semblent-ils dire. La fête continue et ce n’est pas ce qui manque cette année. Toutes les villes à travers le territoire national (Alger, Oran, Constantine, Annaba, Blida, Béjaïa, Tamanrasset…) offrent des spectacles de qualité à des citoyens ravis comme pour alléger ce type de contrainte économique qui s’est transformée en véritable épreuve.
Et ce n’est pas terminé, car avec les dépenses que nécessitent la traditionnelle confection des gâteaux pour fêter l’Aïd el Fitr et l’achat de vêtements pour leurs enfants, autant dire que les Algériens n’ont pas fini de tirer la langue. Ils n’auront pour ainsi dire que quelques jours pour souffler et faire face aux frais de la rentrée des classes. La boucle sera bouclée et l’heure des comptes aura sonné…