Les barons du marché de gros et les parasites de tout bord qui fixent à leur guise, les prix.
Vendue entre 85 et 100 dinars, la pomme de terre est toujours placée au zénith.
Envahi par des commerçants de l’informel, qui en ont obstrué les principales voies d’accès, le marché des fruits et légumes de Bab El Oued connaît une animation très fébrile en ce dimanche 1er avril.
Affluant de partout, des centaines de clientes et clients tentent de se frayer un passage au milieu de cette foule bigarrée qui erre d’un endroit à l’autre du souk à la recherche de la denrée rare.
Alors qu’habituellement on la trouve partout, la pomme de terre semble avoir disparu des étals, au grand dam des nombreux ménages qui sont obligés de se rabattre sur les quelques commerçants qui écoulent toujours le produit.
Mais les prix proposés ont découragé plus d’un. Vendu entre 85 et 100 dinars le kilogramme, la pomme de terre, placée au zénith, reste trop chère pour le commun des Algériens pour lesquels elle constitue pourtant la nourriture de base. Malgré les assurances du premier responsable du secteur qui a promis un baisse des prix durant le mois d’avril, la «patate» a toujours la cote, tout comme la tomate cédée à 110 dinars et la courgette qui a atteint les 140 dinars le kg.
Un flambée qui inquiète à l’approche du mois de Ramadhan lequel risque d’être encore plus éprouvant cette année. Les carottes et les navets ont, eux aussi, pris des ailles se laissant acheter respectivement à 70 et 80 dinars le kg. Indignée par ces incessantes hausses qui ont un impact direct sur son porte-monnaie, une mère de famille n’a pu contenir sa colère en s’en prenant à un commerçant qui aurait glissé des tomates avariées parmi celles qu’elle avait achetées et payées au prix fort. «On vous exhibe de belles tomates, mais lorsque vous décidez d’en acheter, les commerçants vous glissent une ou deux de mauvaise qualité», nous a-t-elle déclaré.
Un client s’insurge contre cette pratique devenue, hélas, très courante qui consiste à ne pas afficher les prix. «Aucun commerçant n’a affiché les prix, ce n’est pas normal.» Ce n’est pas la première fois que les commerçants foulent au pied les lois, en refusant d’afficher les prix des fruits et légumes vendus dans ce marché.
A l’opposé, le marché de la Lyre semble mieux organisé et les fruits et légumes exposés à la vente sont de meilleure qualité. Tous les commerçants respectent la mercuriale en affichant les prix, même si ceux de certains légumes sont jugés excessifs et ne sont pas à la portée de toutes les bourses.
C’est le cas des pommes de terre (encore) dont le prix oscille entre 85 et 110 dinars et les tomates qu’on ne trouve pas en-dessous de 90 dinars. Les vendeurs sont plus accueillants et surtout plus détendus. La plupart exercent depuis des années et ont leur propre clientèle qu’ils essaient de fidéliser en lui proposant toujours une marchandise de bonne qualité «J’achète toujours auprès de ce marchand qui vend des produits de bonne qualité contrairement aux commerçants exerçant au niveau d’autres marchés proposant des fruits et légumes moins chers, mais de qualité médiocre», nous a indiqué un vieux monsieur rencontré sur place.
Seule anomalie, la réduction des espaces réservés au marché dont il ne reste plus qu’une vingtaine d’étals alors qu’ils étaient une centaine il y a à peine quelques années; l’appât du gain a poussé nombre d’entre eux à changer d’activité, en se lançant dans le commerce de la vente de vêtements, plus juteuse et surtout beaucoup moins stressante, car pour s’approvisionner, les commerçant des fruits et légumes sont obligés de se lever de très bonne heure et de se déplacer jusqu’au marché de gros de Boufarik ou des alentours.
Un va-et-vient incessant qui n’est pas sans risque et qui, à la longue, a un effet néfaste sur leur équilibre et sur leur santé. Les seuls gagnants, ce sont les barons du marché de gros et les parasites de tout bord qui fixent à leur guise, les prix.