Des produits de large consommation sont hors de portée des revenus des ménages, à l’instar de la pomme de terre qui est sur le point d’atteindre les 100 dinars.
Le feu est sous les braises. L’incandescence des prix des produits de large consommation, les fruits et légumes, la sardine… est sur toutes les lèvres.
Elle anime les discussions de cafés et préoccupe la ménagère, dont le seul souci est de remplir son couffin. Pas au point d’y voir les prémices d’une révolte. Mais… C’est une colère sournoise qui couve au coeur des couches populaires dont le quotidien est miné par des produits de large consommation hors de portée de leurs revenus, à l’instar de la pomme de terre qui est sur le point d’atteindre les 100 dinars. Des informations véhiculées à partir de cette filière annoncent qu’elle pourrait aller jusqu’à 120 DA avant que son coût ne décroisse d’ici le mois de Ramadhan. Vrai ou faux? Nous le saurons bientôt.
D’ici là, les Algériens devront tirer la langue car il y aura encore à patienter pratiquement 60 jours. Le mois sacré, c’est vers la fin mai. Comme il est synonyme de flambée des prix, il y a fort à parier que d’autres légumes (courgettes, carottes, tomates…) fortement demandés à cette occasion et consommés quotidiennement n’atteignent des sommets. Nos concitoyens y sont habitués. Et c’est avec une certaine lassitude qui est devenue presque une «philosophie» qu’est accueilli ce mois de piété et de «rahma». Un baromètre qui renseigne sur l’état de leur pouvoir d’achat.
Une conjoncture qui met en exergue la paupérisation rampante d’une frange importante de la population (au moins 1,5 million de ménages ont recours au couffin du Ramadhan) et qui ne doit pas s’arrêter aux constats mécaniques d’un phénomène aussi cruel que dévastateur. Sa situation de marginalisation chronique la met en état de désocialisation. Elle doit être prise en compte dans le cadre d’une véritable politique d’insertion, voire de revalorisation. Il faut admettre que cette opération, a priori généreuse, ne sert guère à atténuer la misère et la souffrance psychologiques dans lesquelles sont plongés des millions de nos concitoyens.
Comme elle n’a pu réduire la fracture sociale, le nombre de démunis et de laissés-pour-compte. Un objectif qui ne peut être atteint que par une «démocratisation» des prix des produits alimentaires, ceux de large consommation notamment. Pour le pain et le lait c’est le cas. Ils sont accessibles à tous. Grâce aux subventions de l’Etat. Pour le reste c’est une autre histoire.
Pour faire face à la sévère crise financière qui a malmené la trésorerie du pays, les pouvoirs publics ont pris des mesures draconiennes pour réduire la facture des importations qui contribue à alourdir un peu plus le fardeau. Et booster les produits nationaux censés, de surcroît, être abordables. L’effet a été aux antipodes de celui recherché. Tout a pratiquement flambé. A titre d’exemple: le prix de l’orange locale se négocie à 250 dinars le kilogramme… Le «pare-feu» mis en place, qui devait museler les spéculateurs, leur a finalement fait la part belle et a par ricochet détraqué un marché de gros déjà mal en point, en attente de régulation. L’inflation a explosé pour atteindre 8% en janvier et n’a baissé que d’un petit point en février. L’augmentation généralisée des prix, de ceux des produits agricoles frais et agroalimentaires en l’occurrence, s’est brutalement répercutée sur le pouvoir d’achat des consommateurs. La tomate a même culminé à 180 dinars.
Les mesures prises par le gouvernement pour réduire la facture des importations faramineuse n’ont pas eu un impact important sur elle. Elles ont par contre produit un effet pervers: celui de booster la spéculation. Une résultante de «correctifs» économiques provoquée par la sévère dégringolade des prix du pétrole qui ont sérieusement impacté les recettes des exportations d’hydrocarbures sur lesquelles demeure adossée l’Algérie. Au point d’éclipser les prochaines élections législatives sur lesquells sont pourtant braqués les feux de la rampe.
Les formations politiques qui n’ont pas beaucoup donné de la voix sur ce sujet risquent d’en payer le prix fort. Les élections législatives du mois de mai prochain dessineront incontestablement le portrait d’une Algérie loin des calculs politiciens…