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Ce qui fait son succès n’est pas que dans les écriteaux, mais la réalité de ces soldes. «Pour une fois, on n’est pas devant une publicité mensongère. On trouve de vraies soldes qui touchent pratiquement tous les articles et pas seulement les invendus.»
Les soldes d’hiver! Voilà l’activité numéro un de nombreux Algériens depuis le 18 janvier dernier, date de leur coup d’envoi. Ni froid ni vent ni pluie et encore moins la crise économique n’a altéré la fièvre acheteuse qui touche femmes et…hommes! De l’avis de tous les commerçants rencontrés, cette année est de loin la meilleure saison des soldes qu’ils ont connue depuis que cette pratique a fait son entrée en Algérie. «Il reste encore deux grandes semaines, mais je peux d’ores et déjà vous dire que les affaires ont très bien marché», avoue Farès, vendeur d’habillement à Didouche Mourad qui a vu son petit local pris d’assaut quotidiennement par une foule immense.
Les écriteaux aux prix très alléchants qu’il a placardés sur la devanture de son magasin y sont pour beaucoup. On y voit des «- 50%, moins 70% et même des moins 80%». Il va encore plus loin en donnant carrément les prix. «Pull à 1000 dinars, pantalon à 1500 dinars, ensembles à 2500 dinars, survêtement au même prix. Veste ou doudoune entre 3000 et 5000 dinars». ce qui fait son succès n’est pas que dans les écriteaux, mais la réalité de ces soldes. «Pour une fois, on n’est pas devant une publicité mensongère. On trouve de vraies soldes qui touchent pratiquement tous les articles et pas seulement les invendus», assure tout sourire Youba, un client qui a refait sa garde-robe durant ces deux dernières semaines. Il faut dire que la satisfaction semble générale cette année.
L’arnaque des soldes à laquelle on a droit chaque saison n’est plus aussi «tendance». Même les grandes franchises internationales qui sont souvent pointées du doigt par des pratiques semblables à l’arnaque jouent le jeu. «Il faut dire que la concurrence est rude. Ce n’est plus comme avant, une ou deux marques européennes qui avaient pignon sur rue. Elles se font bousculer par des marques de prêt-à-porter turc qui cassent les prix offrant une qualité qui n’a rien à envier leurs produits», révèle Selma une «fashion victim».
Les Turcs montrent la voie!
Les autres marques ont donc été obligées de suivre la réalité du marché en soldant des produits de qualité au grand bonheur des consommateurs. Mais pas que! Ces marques ont trouvé leur compte puisqu’elles ont misé sur la quantité. «Nous achalandons le magasin tous les jours. Regardez, depuis une semaine il est presque vide de produits, mais pas de monde. Nous avons été obligés de doubler nos commandes chez la maison mère, car les ventes vont au-delà de nos prévisions», assure Aymen, manager d’une franchise internationale installée au niveau du centre commercial de Bab Ezzouar.
«Tout était bon à vendre. On a eu droit à de véritables ruées. Les vendeurs ont vraiment souffert. Ça s’est calmé à cause de la rupture des stocks. Je vous assure que dès que nous recevrons le nouvel arrivage, vous ne trouverez même pas une place pour respirer», poursuit-il en avouant que l’entreprise mère avait détourné des commandes de certains pays vers l’Algérie du fait de ces ventes inespérées surtout qu’en Europe, c’est vraiment morose. Comment s’explique donc cet engouement? Est-ce seulement du fait que les prix aient été cassés? Non, répondent clients et commerçants. «Il y a plusieurs facteurs dont le plus important reste la flambée de la devise sur le marché parallèle, seul bureau de change en Algérie», assurent-ils.
Les frustrés et le shopping…
Sonia est plus explicite: «C’est désormais plus intéressant d’acheter ici qu’à l’étranger. Vous trouvez tout à des prix beaucoup plus abordables.» Cette demoiselle habituée des soldes en France explique: «L’euro est à plus de 210 pour un euro. C’est-à-dire un vêtement à 10 euros est à 2200 dinars. A ce prix, ici vous avez le choix de plusieurs trucs, mais à 10 euros en France, ça vous payera des chaussettes». C’est donc plus abordable de faire les soldes ici que là-bas! Toutefois, ce n’est pas la seule raison. Beaucoup de personnes rencontrées avouent que le problème de visas a joué en faveur des soldes «made in bladi».
Ceux qui étaient habitués à prendre l’avion pour remplir la valise, tout en profitant de quelques jours de vacances à l’étranger particulièrement dans l’Hexagone, se retrouvent contraints de rester au «bled». Ils prennent d’assaut donc les magasins algériens pour vider leur frustration.