Le projet est doté d’un budget initial de 500 000 euros. Il se destine aux financements de microprojets pour les migrants refoulés d’Algérie.
À l’initiative de l’ambassade de la Confédération suisse à Alger, le secrétariat d’État suisse aux Migrations (SEM) a lancé un projet de réintégration et d’appui psychosocial aux migrants retournés depuis l’Algérie et de renforcement de leurs communautés d’accueil à Zinder au Niger. Un projet qu’elle a doté d’un budget initial de 500 000 euros destinés au financement d’activités génératrices de revenus pour ces Nigériens rapatriés et leurs communautés.
Des microprojets dans différents domaines (agriculture, élevage, etc.) qui ont pour objectif de fixer les populations locales.
C’est un projet motivé, selon l’ambassadeur de la Confédération suisse à Alger, Mme Muriel Berset Kohen, qui a tenu une conférence de presse au siège de l’ambassade afin de le présenter, par les défis de l’immigration illégale et la traite humaine, “des défis communs, a-t-elle souligné, auxquels nous ne pouvons y faire face qu’ensemble”. Ainsi, Mme l’ambassadeur a réitéré la volonté du gouvernement de son pays qui compte parmi sa population 20% d’étrangers et qui dispose d’une grande expérience en matière de gestion des flux migratoires, à œuvrer pour juguler le phénomène.

Le projet de réintégration des Nigériens rapatriés intègre, selon elle, une politique déjà mise en œuvre dans la mesure où la Suisse est présente au Niger avec un programme de coopération au développement d’un budget annuel de 20 millions d’euros et un autre de sécurité humaine. D’autant que l’Algérie et la Suisse, a-t-elle ajouté, entretiennent un dialogue dans le domaine des migrations. Des conditions qui ont donc favorisé ce projet destiné aux migrants retournés et leurs communautés à Zinder, au Niger. Une contribution qui a été saluée par l’ambassadeur du Niger à Alger, El-Hadji Mahamidou Yahaya, présent à cette conférence de presse, lequel a expliqué que la décision de rapatriement de ces Nigériens ayant envahi les rues des principales villes algériennes en 2014, a été prise par le gouvernement du Niger qui a constaté qu’il s’agissait de personnes vulnérables exploitées par des réseaux de mendicité. “C’était toute une filière criminelle qui exploite la détresse des gens et kidnappe même les enfants”, a-t-il révélé, remerciant l’Algérie pour l’aide apporté pour le rapatriement des ressortissants de son pays.
Selon les statistiques communiquées, ce sont, en effet, 3 627 Nigériens qui ont été rapatriés entre décembre 2014 et le 8 juin 2015, parmi lesquels 2 230 migrants sont originaires de Zinder, dont 61% d’hommes, 22% de femmes et 367 enfants.
La démarche de la Suisse s’inscrit dans la lutte contre l’immigration illégale, “elle milite, selon son ambassadeur en Algérie, pour que les pays des deux rives de la Méditerranée joignent leurs efforts afin que les populations n’aient pas besoin de quitter leur pays pour survivre”. “C’est une contribution modeste qui se veut un premier pas qui entraînerait d’autres acteurs du développement à s’impliquer dans l’amélioration des conditions de vie de ces migrants et de leurs communautés”, a-t-elle déclaré.
En plus des activités génératrices de revenus et la mise en place d’un système d’épargne participatif qui devrait contribuer à la régénération de ces activités, le projet suisse prévoit une aide psychosociale pour les retournés et une étude sur les migrations dans la région de Zinder. “En général, les retournés ont du mal à s’intégrer dans leur communauté d’origine et ont besoin d’une assistance psychosociale dans ce sens. Ce faisant, l’étude que nous allons mener aiderait à comprendre le contexte historique des migrations dans la région de Zinder, la décision de la migration et les moyens employés pour accomplir le projet migratoire ainsi que des conséquences du retour des migrants”, a indiqué Mme Muriel Berset Kohen.
Pour l’identification des personnes nécessiteuses de cette aide et la concrétisation de ce projet, la Suisse s’appuiera, selon elle, sur l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la Haute autorité pour la consolidation de la paix (HACP) et autres structures étatiques locales.
L. H.