Lancé il y a quatre ans, le football professionnel en Algérie peine à décoller et n’arrive pas encore à trouver ses marques. Et pour cause, les sommes faramineuses injectées à coup de milliards par les pouvoirs publics n’ont pas réussi à faire avancer les choses et chaque week-end, les adeptes de la balle ronde assistent, à leur corps défendant, à un spectacle médiocre, à de piètres prestations et à des simulacres de matchs.
En dépit des tentatives des uns et des autres de secouer le cocotier, on a l’impression que le football professionnel en Algérie « avance à reculons ». Les dirigeants qui se sont succédé à la tête de la FAF, instance suprême du football algérien, se sont contentés de gérer l’équipe nationale au moment les véritables problèmes de fond qui affectent la discipline n’ont pas été abordés.
La tenue ce jeudi de l’assemblée générale de la FAF aurait pu être une occasion pour débattre de ces problèmes, mais, comme à leur accoutumée, les membres de cette assemblée n’ont soulevé aucun de ces problèmes, se contentant de lever la main pour cautionner le bilan moral et financier présenté par le tout puissant patron de cette Fédération, Mohamed Raouraoua.
Les membres de l’AG ont donné le quitus au président de la FAF et au bureau fédéral pour la poursuite de leur mission, même si nombreux d’entre eux n’ont pas pris le soin de lire le contenu des documents qui leur ont été soumis.
Il s’agit là d’une véritable mascarade qui en dit long sur le statu-quo dans lequel se confine le football algérien depuis plusieurs années et qui n’arrive pas toujours à voir le bout du tunnel.
Les budgets qui ont été consentis par l’Etat n’ont absolument rien donné et il n’y a qu’à voir l’état de délabrement dans lequel se trouvent les stades en Algérie pour se rendre compte de cette réalité amère.
Au plan de la formation des jeunes, la situation est dramatique. Malgré les grosses subventions dont ils bénéficient aussi bien de la part de l’Etat que des sponsors privés, les clubs professionnels n’ont d’yeux que pour la catégorie des séniors. Aucun club jusqu’à aujourd’hui n’a investi dans la création des écoles de football et la formation des jeunes, hormis quelques tentatives timides.
Des salaires de plus de 2 millions DA pour 14 joueurs
Les joueurs « professionnels » demeurent, quant à eux, les grands bénéficiaires de cette situation et tirent leur épingle du jeu chaque saison.
C’est ainsi que 14 joueurs de la Ligue 1 perçoivent un salaire mensuel de plus de 2 millions DA, alors que 83 autres touchent entre 1,2 et 1,9 million DA, selon des chiffres révélés par la Ligue de football professionnel (LFP).
Ces salaires faramineux sont l’une des causes qui mettent l’avenir des clubs professionnels en danger, ce qui a emmené le vice-président de la LFP, Fawzi Guellil, à conseiller les membres de l’assemblée générale de revoir leur politique en la matière.
Les chiffres dévoilés par la LFP montrent aussi qu’ils sont 59 joueurs à percevoir des salaires jusqu’à 399.999 DA, 33 joueurs entre 400.000 et 599.999 DA, 48 autres entre 600.000 et 999.999 DA et 56 joueurs entre 1.000.000 et 1.999.999 DA.
Il faudra noter, au passage, que la catégorie des joueurs les mieux payés comptent un temps de jeu de l’ordre de 3,66%. Les joueurs touchant de 800.000 à 999.999 DA sont les plus utilisés avec 23,57% comme temps de jeu.
La FAF avait tenté d’ériger une nouvelle loi de plafonnement de salaires, par laquelle elle avait proposé de fixer de 800.000 à 1.200.000 DA le plus gros salaire à attribuer aux joueurs internationaux, mais son projet, qui devait entrer en vigueur l’été dernier, a été voué à l’échec.
A partir de là, d’aucuns s’accordent à dire que l’Etat est appelé à revoir sa politique de financement du football à travers la mise en place d’une nouvelle stratégie devant permettre aux clubs de procurer leurs propres sources de financement et de devenir de véritables sociétés commerciales, à l’instar de ce que se fait dans les pays les plus avancés dans ce domaine.
Sinon, l’Etat continuera à financer des entités budgétivores …en faillite.
Samy Billel