Cette opération complexe connaît l’intervention de plusieurs parties, entre autres les cotisations des militants, les aides de l’Etat et les subventions des hommes d’affaires.
L’argent est le nerf de la guerre. L’adage s’applique parfaitement à la bataille électorale. Le fric joue un rôle incontournable dans la course au pouvoir. Les candidats et les partis mettent le paquet pour assurer un bon score quitte à dépenser une fortune. La question du financement de la campagne préoccupe sérieusement les partis politiques à la veille de chaque rendez-vous électoral. D’où vient cet argent? Comment font-ils pour se débrouiller des sous? La situation diffère d’un parti à un autre. Cette opération complexe connaît l’intervention de plusieurs parties, entre autres les cotisations des militants, les aides de l’Etat et les subventions des hommes d’affaires. Les partis majoritaires sont moins embêtés par cette question. Ils bénéficient d’une plus grande part des aides de l’Etat.
La loi accorde chaque année des aides aux partis, et ce, selon le nombre de candidats élus dans les listes électorales. «Les aides sont de 400.000 DA pour un élu et de 500.000 DA pour les femmes», a affirmé Mohamed Belattar, député du FLN. Si on prend l’exemple du parti majoritaire qui dispose de 213 députés dont 68 femmes, l’on constate qu’il bénéficie d’un gros paquet de la part de l’Etat. Rien qu’à travers ses députés, le FLN tire une fortune estimée à des milliards.
Contacté par nos soins, Mohamed Belatar explique que la campagne ne demande pas beaucoup de moyens pour un parti qui est bien connu et qui dispose d’une base militante élargie. «Ce ne sont pas des campagnes à l’américaine où les candidats impliquent les gros médias et les grands spectacles», a-t-il soutenu en précisant que les candidats font du porte-à-porte ce qui minimise les dépenses. «Les rencontres se déroulent généralement dans les cafés et les lieux publics», a-t-il fait savoir en indiquant que les dépenses des députés sont loin d’atteindre le montant fixé par la loi. Selon la constitutionnaliste, Fatiha Benabou, la loi fixe le montant des dépenses de chaque député à 150 millions de dinars contre un million de dinars dans la précédente loi.
Un montant considéré comme une somme énorme par les candidats. Ces derniers sont appelés donc à prendre en charge les frais de leur campagne, l’affichage, les déplacements et même tout ce qui concerne l’hébergement et la nourriture. «Les frais des candidats se limitent uniquement à l’affichage, la nourriture, les déplacements et le téléphone bien évidemment», indique Saïd Lakhdari, député FLN et vice-président de l’APN. «En 2012, cinq candidats ont financé la campagne électorale à Tizi Ouzou», rappelle ce mouhafedh de Tizi Ouzou.
Selon lui, la direction du parti contribue à hauteur de 30% et la mouhafadha à hauteur de 20% et le reste ce sont les cotisations qui sont de 300 DA pour les militants et 100.000 DA pour les députés chaque année. Le cas du FLN est similaire à celui du RND. les deux partis au pouvoir qui ont le plus grand nombre de députés sont également gâtés en matière de bailleurs de fonds. Sachant qu’ils se partagent les postes au sein du gouvernement, les partis de la coalition captent davantage l’intérêt des hommes d’affaires qui cherchent à joindre l’utile à l’agréable, c’est-à-dire l’argent et le pouvoir. La situation est plus complexe pour les petits partis.
Le financement de la campagne est pour eux un véritable casse-tête chinois. Pour remonter la pente, ces derniers font du business avec les listes électorales histoire d’assurer une enveloppe pour animer leur campagne. Les partis offrent les premières places à celui qui propose le plus grand montant. Cette méthode a fait ses preuves auparavant. Même si cette pratique est interdite par la loi, les partis s’engagent dans l’aventure sans craindre des restrictions, vu l’absence d’une instance de contrôle des partis. L’opposition n’est pas mieux lotie. Les partis rencontrent également des soucis de financement de leur programme de campagne.
«On se base sur les cotisations de nos militants et les ressources du parti», a affirmé Youcef Khebaba, député du mouvement Ennahda. Contacté par nos soins, notre interlocuteur explique que mises à part quelques subventions de l’Etat et les cotisations des militants, les partis de l’opposition peinent à trouver des fournisseurs. «Les hommes d’affaires préfèrent opter pour les partis au pouvoir pour assurer d’avance un retour d’investissement», a-t-il affirmé en précisant que l’écart en matière de capacités financières entre les partis est flagrant.
«Le problème est que l’opposition se retrouve dans l’obligation de louer des salles pour animer des meetings», a-t-il indiqué en soutenant que cela demande beaucoup de moyens pour les partis. Les partis doivent dresser un compte rendu de leurs dépenses lors de la campagne au Conseil constitutionnel qui jugera du remboursement des frais à hauteur de 25% si le parti n’a pas fait l’objet de dépassement. Or, devant l’absence d’une instance chargée du contrôle de la gestion financière des partis et des fonds exploités, les partis agissent en toute liberté. «Il n’existe aucun moyen juridique pour instituer ce contrôle: il faut des experts en mesure d’éplucher les comptes», a affirmé la constitutionnaliste Fatiha Benabou. Ce qui laisse dire qu’on est loin des scandales qui secouent les candidats à la présidentielle française.