Finance islamique – AlBaraka Algérie prône une gestion performante des Wakfs

Finance islamique – AlBaraka Algérie prône une gestion performante des Wakfs

La seconde et dernière journée du 4ème Forum Africain de la Finance islamique (FAFI) qui s’est tenu mercredi et jeudi à Tunis a été l’occasion pour le représentant de la Banque AlBaraka d’Algérie de faire un exposé sur la gestion du Wakf comme « instrument de développement économique et social ». L’expérience engagée avec le ministère des affaires religieuses avec la SPA Trans Wakf a été présentée.

La seconde journée du Forum africaine de la finance islamique qui a pris fin, hier jeudi, a été l’occasion d’aborder la question de la formation en finance islamique dans les universités françaises et les opportunités de coopération entre les universités maghrébines.

Ces dernières sont en quête d’accords de formation en raison de l’expérience acquise dans ce domaine par les universités de Paris Dauphine et de Strasbourg. Kaouthar Djoubeir, professeur, a souligné que cette spécialité de l’industrie financière islamique connaît un grand afflux dans ces deux universités alors que le marché n’en est qu’à un niveau embryonnaire. Mme Djoubeir a indiqué que l’université de Tunis œuvre à créer une filière dans cette spécialité avec la coopération d’enseignants tunisiens de l’université de Paris Dauphine.  Cette seconde journée a été l’occasion pour le représentant de la Banque AlBaraka Algérie, Bouldjenet Djamel,  Divisionnaire  Financement, de présenter une expérience en matière de gestion des biens wakfs dans une perspective économique. Il s’agissait d’un exposé préparé Nacer Hideur, Secrétaire Général de la Banque AlBaraka d’Algérie. Cette démarche consiste à réhabiliter la « culture du wakf en tant qu’acte de dévotion mais dans une perspective économique moderne socialement utile ». Le but, explique M.Hideur, est de «revaloriser l’acte de bienfaisance en lui conférant une dimension économique et sociale tout en lui préservant son caractère de dévotion spirituelle ».

Un marché des valeurs mobilières wakf

Cette approche économique  moderne est rendue possible par le fait que la charia et le droit positif permettent de constituer des « wakfs monétaires » doté de la personnalité juridique et aussi de la possibilité de contracter. De ce fait le Wakf monétaire peut investir et prendre des participations dans des entreprises et des projets. Ces possibilités permettent de faire du wakf un moyen de mobiliser l’épargne publique dans des « investissements financièrement et socialement rentables ». La démarche résolument moderne permet ainsi d’envisager l’émergence d’un marché de valeurs mobilières wakf sur « lequel pourraient intervenir des wakfs investisseurs ». L’auteur de l’exposé précise que les profits réalisés (dividendes ou plus-values de cession) « seront affectés aux œuvres caritatives ou d’intérêt général indiquées par le constituant dans l’acte constitutif du wakf ». Pour le constituant, il n’y a pas de contrepartie matérielle à attendre, le wakf étant un acte de dévotion religieuse, sa rétribution relevant d’un autre registre.

L’expérience de la SPA Trans Wakf

L’expérience de la société par actions wakf, SPA TRANS WAKF, dans laquelle la banque AlBaraka est partie prenante a été présentée à l’assistance. Il s’agit d’une SPA Wakf dont les actionnaires sont le fonds wakf géré par le ministère des affaires religieuses (88,25%), un Wakf monétaire constitué par la Banque Al baraka d’Algérie (8,825%) et cinq autres petits wakfs (2,925%) . Dotée d’un capital de 339.940 euros, la SPA est une entreprise de Radio-taxi avec un investissement de démarrage de 30 véhicules. Les dividendes réalisés sont affectés en partie pour renforcer les fonds propres et en partie pour financer des œuvres de bienfaisance. C’est cette combinaison entre activité économique rentable et rôle caritatif qui en fait l’originalité. Dans un seconde étape, la SPA doit augmenter son capital à un million d’euros à travers un appel public à l’épargne bénévole à travers l’émission de 10.000 actions wakf d’une valeur faciale de 100 euros.

D’autres modèles sont envisagés comme des wakfs monétaires qui investissent dans des sociétés commerciales à travers la souscription ou l’acquisition d’actions. Ces actions peuvent être cédées et leurs produits réinvesti dans d’autres valeurs mobilières ou d’autres domaines d’activité. La finalité, explique l’auteur de l’exposé, est de « conjuguer la rentabilité économique à la rentabilité sociale, l’éthique à la commercialité’, de permettre une « gestion performante et socialement responsable » et de créer un marché de « l’investissement solidaire ». Pour Nacer Hideur, la finance islamique doit prendre en compte les institutions à caractère caritatif « pour en faire un instrument de développement économique et social » et développer une « approche globalisante conciliant les impératifs de performance économique et d’utilité sociale ».