La capitale vibre, aujourd’hui, au rythme de la finale de la Coupe d’Algérie qu’abritera cet après-midi le stade 5-Juillet où sera installée confortablement Dame Coupe, attendant tranquillement son heureux élu parmi les deux derniers prétendants, des habitués de la cérémonie, l’Entente de Sétif et le Chabab de Belouizdad. Deux spécialistes en la matière qui totalisent quatorze finales à eux deux, huit pour le CRB et sept pour l’ESS.
Les Sétifiens ont été toutefois les plus réalistes avec 100% d’efficacité. A chaque fois que l’équipe de Aïn El Fourara est arrivée en finale, elle s’est adjugé le trophée. Elle détient d’ailleurs, avec l’USMA, le record de victoires en finale avec sept coupes soulevées, 1963, 1964, 1967, 1968, 1980, 1989 et 2010. Contrairement au CRB qui, tout au long de son parcours en coupe, avait échoué à deux reprises en finale (1988 et 2003 contre l’USMA), mais a soulevé six fois le trophée tant convoité, 1966, 1969, 1970, 1978, 1995 et 2009. Il est à noter cependant que c’est la première fois que les deux équipes se croisent à ce stade de la compétition. L’une jouera pour battre et améliorer le record de trophées remportés, l’autre pour l’égaler. Cela dit, c’est sur fond de crise que les deux équipes fouleront cet après-midi la pelouse du stade olympique.
L’Aigle noir bat de l’aile
Mais le véritable enjeu, c’est de sauver une saison qui risque d’être cauchemardesque pour l’une des deux équipes qui ne respirent pas la sérénité en cette fin de saison. En baisse de régime, l’Aigle noir bat de l’aile et perd de l’altitude semaine après semaine en championnat. En quatre matchs, les camarades de Abdelmoumen Djabou n’ont récolté qu’un seul point sur les douze possibles, avec trois défaites et un match nul. Conséquences : après avoir régné à la tête du championnat de Ligue 1 depuis la dernière journée de la phase aller, l’Entente, ne pouvant plus tenir le rythme et résister à la pression de ses poursuivants, vient de céder au stade de Tlemcen, à trois jours de la finale, son fauteuil de leader. Engagés sur trois fronts au moment où le club est secoué par une crise financière aiguë, cette régression était quelque part prévisible, et au train où vont les choses, il sera très difficile pour les troupes d’Alain Geiger de remonter sur la première marche du podium, d’autant que le conflit entre Hassan Hammar et Abdelhakim Serrar risque de compliquer davantage la situation. Vous l’aurez compris, à quelques heures de la finale, l’ESS se tient sur une bombe à retardement qui pourrait être désamorcée en cas de victoire cet après-midi en finale de la Coupe d’Algérie, mais qui pourrait lui exploser en plein visage, si Dame Coupe venait à lui tourner le dos.
Secousse tellurique à Laâquiba
L’ambiance n’est pas meilleure à Laâquiba où l’entraîneur Djamel Menad, à la veille de ce grand rendez-vous, a annoncé son départ après la finale et ce, quel que soit le résultat. On ne se souvient pas qu’un jour, à ce stade de la compétition, un entraîneur ait fait une annonce aussi surprenante que déstabilisante par rapport à un groupe qui avait plutôt besoin de sérénité et de confiance. Bien entendu, c’est la défaite face au CAB au 20-Août, reçue comme une secousse tellurique, qui a tout remis en question. Une claque qui a fait très mal et dont les séquelles risquent d’être plus importantes qu’on le pense. Porté aux nues il y a une semaine, le coach belouizdadi a été traité de tous les noms d’oiseaux par les supporters du Chabab qui s’en sont pris en même temps aux joueurs, les accusant d’avoir levé le pied. Un climat de tension qui n’est pas pour arranger les choses à la veille de cette finale qui devrait être abordée dans de meilleures conditions. Le CRB avait, en effet, une très belle occasion de s’emparer du fauteuil de leader, après sa victoire face à l’ASO en match de mise à jour du championnat, et de se positionner comme un solide prétendant au titre, mais ce cinglant revers essuyé samedi dernier dans son antre a refroidi toutes les ardeurs. Une telle opportunité ne se représentera peut-être plus.
Le perdant pourrait tout perdre
Vous l’aurez compris aussi, cette coupe est peut-être la seule chance pour le CRB de sauver sa saison. Car il n’est plus évident de rattraper les choses en championnat, surtout si l’USMA gagne demain contre le Mouloudia. Idem pour l’ESS en chute libre en championnat et dont la crise se profile à l’horizon. Les deux derniers matchs du championnat auront fait très mal aux deux finalistes qui tentaient de courir deux lièvres en même temps, alors qu’ils n’en avaient pas vraiment les moyens. Du coup, elles se son fait casser la gueule toutes les deux samedi dernier en championnat, et cette finale constitue donc, pour elles, la dernière chance de réparer les choses et sauver une saison qui risque de tourner au cauchemar pour le perdant qui pourrait tout perdre par la suite.
Kadir : «Pour mes parents, pour ma famille à Sétif, j’espère que l’ESS brandira le trophée»
Rencontré samedi passé à La Mosson, à l’issue de la rencontre qui a opposé Montpellier à Valenciennes, Foued Kadir, qui devait rallier le Nord de la France par avion, s’est excusé de ne pas pouvoir nous parler. Il nous a toutefois promis de nous accorder cet entretien par téléphone. Chose promise chose due. Foued, qui est originaire de Sétif, a bien voulu répondre aux questions du Buteur à propos de la finale de la Coupe d’Algérie qui se déroulera cet après-midi au stade du 5-Juillet entre l’ESS et le CRB, de ses performances dimanche passé en championnat contre l’OGC Nice et des trois échéances qui attendent la sélection au mois de juin contre le Rwanda, le Mali et la Gambie.
La finale de la Coupe d’Algérie se déroulera demain (entretien réalisé hier) au stade du 5-Juillet entre l’ESS et le CRB, êtes-vous au courant de cet événement ?
Oui, bien sûr que je suis au courant. Je suis depuis un moment les performances de l’ESS, c’est donc naturellement que je suis au courant qu’elle animera la finale de la Coupe d’Algérie le 1er Mai au stade du 5-Juillet, une finale qui s’annonce chaude entre deux spécialistes de cette épreuve populaire.
Fouad, vous avez certainement un favori dans ce duel…
Bien évidemment, je n’ai pas changé, je suis à 100% avec l’ESS, le club de mon coeur et la ville de mes parents. Vu la saison qu’ils sont en train de réaliser, je pense que les Sétifiens mériteraient de remporter le trophée.
On vous sent enthousiaste, on a comme l’impression que vous auriez souhaité assister à la finale…
Effectivement, j’aurais aimé être là-bas pour partager la joie que, j’espère, vont partager les fans sétifiens. Après, pour mes parents, pour ma famille à Sétif, j’espère de tout mon coeur que l’Entente remporte le trophée.
Mais ça va être difficile car en face, il y aura un autre spécialiste en la matière, à savoir le Chabab de Belouizdad…
C’est toujours difficile de gagner une finale, mais eu égard à leur expérience dans ce domaine, les Sétifiens vont aborder ce match pour le gagner. Une finale n’est pas faite pour être jouée, mais pour être gagnée.
D’autre part, l’Entente de Sétif est bien partie pour gagner le championnat également ; qu’en pensez-vous ?
Pour la finale de la Coupe d’Algérie, je vois bien l’ESS triompher. Pour le championnat, ça risque d’être plus difficile puisqu’il y a une rude bataille avec l’USMA, l’ASO et la JSMB qui revient en force. J’espère que l’ESS arrivera à gagner le doublé, ce serait amplement mérité.
Surtout que cela fera certainement plaisir à votre papa ?
Oui, ça lui fera énormément plaisir. C’est un fan invétéré de l’Entente. C’est lui qui m’a d’ailleurs injecté cette piqûre d’aimer à fond l’ESS. Pour lui, j’espère que l’Entente réussira un doublé cette saison.
Revenons à vous maintenant, vous avez marqué hier (dimanche, ndlr) un but contre l’OGC Nice ; quel est votre sentiment ?
J’ai réussi à sortir de bons matches jusque-là, même si je ne marquais pas. Mais ce but me fait énormément plaisir. C’est une récompense pour les efforts que nous avons fournis, moi et mes camarades. C’est un but important qui nous a permis d’entrevoir la deuxième mi-temps avec plus de confiance. Cela fait un moment que je n’ai pas trouvé le chemin des filets, c’est donc un plaisir de renouer avec la sensation de marquer.
C’est votre sixième but de la saison, toutes compétitions confondues (2 en Coupe et 4 en championnat) ; pour un milieu de terrain, c’est un bilan positif, n’est-ce pas ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, mais j’aurais aimé que les statistiques soient meilleures. Mais bon, pour le moment, le plus important c’est que Valenciennes soit à l’abri.
Deux joueurs de Montpellier, à savoir Giroud et Belhanda, n’ont pas tari d’éloges à votre endroit ; quel est votre sentiment ?
Cela me fait plaisir que deux grands joueurs de la Ligue 1 parlent de moi. C’est une reconnaissance qui me rend fier. Cela me pousse à travailler davantage et montrer de quoi je suis capable.
Cette forme affichée ces derniers temps avec Valenciennes est de bon augure pour l’avenir, notamment avec la sélection qui aura à disputer trois matches importants au mois de juin…
C’est bénéfique pour moi et pour la sélection. J’ai retrouvé la forme au bon moment. J’espère que cela durera jusqu’au mois de juin où nous aurons à disputer trois matches importants pour l’avenir de la sélection. J’espère que ce sera le cas pour tous mes autres coéquipiers en sélection dans leurs clubs respectifs.
Pouvez-vous nous parler de vos contacts avec d’autres clubs ?
Je crois que ce n’est pas le moment d’en parler. J’aimerais bien vivre d’autres sensations, certes, mais attendons la fin de la saison pour y voir plus clair.
Entretien réalisé par Moumen Aït Kaci Ali
