Le troisième round des négociations informelles entre le Front Polisario et le Maroc, sous les auspices de l’envoyé personnel du secrétaire général, a pris fin après deux jours de délibérations.
Le chef de la délégation du Front Polisario, Khatri Adduh, a réagi juste après la fin des travaux en précisant dans une déclaration rendue publique par le ministère des Affaires étrangères : «Il y a lieu de rendre hommage aux martyrs et victimes innocentes de l’attaque abjecte des forces militaires et de sécurité marocaines contre le camp de Gdem Izik et les habitants de la ville d’Al Ayoune occupée», avant d’appeler la communauté internationale à réagir contre la politique de terreur menée par l’occupant marocain au Sahara occidental.
«Le peuple sahraoui, dans les territoires occupés, fait face à un réel danger et les autorités marocaines versent davantage dans le chauvinisme en impliquant les colons dans la chasse aux Sahraouis dont des dizaines ont été arbitrairement arrêtés et torturés», a ajouté Khatri Adduh.
Le chef de la délégation a tenu, par ailleurs, à remercier les pays et organisations qui ont exprimé leur préoccupation et leur solidarité, en ce moment tragique, avec ce peuple, tout en lançant un énième appel aux Nations unies. «Nous lançons un appel pressant au secrétaire général de l’ONU et au Conseil de sécurité pour assumer leur responsabilité et protéger le peuple sahraoui en attendant le parachèvement du processus de décolonisation en cours au Sahara occidental.»
Le chef de la délégation sahraouie a fait part de l’intention de son Etat à poursuivre et répondre favorablement aux instances internationales pour le règlement pacifique de la cause sahraouie, sans perdre de vue le droit inaliénable du peuple sahraoui à son indépendance par la voie d’un référendum pour l’autodétermination. Il n’omettra pas de dénoncer les événements tragiques qui ont secoué la ville d’Al Ayoune.
«Malgré les événements tragiques que nous avons énergiquement condamnés et forts des droits nationaux de notre peuple, nous avons décidé de répondre positivement à l’appel de l’ONU pour la poursuite des négociations avec la puissance occupante.» Sur proposition de Christopher Ross, envoyé spécial de l’ONU, «chaque délégation a accepté de discuter sur la proposition présentée par l’autre partie»,
a avoué le responsable. Et d’ajouter dans le même ordre d’idées que «les deux délégations ont débattu en profondeur l’ensemble des mesures de confiance contenues dans le plan d’action de 2004 et accepté de dédier une séance spéciale à Genève dans les délais les plus rapprochés».
La délégation sahraouie a montré, encore une fois, la disponibilité du Front Polisario à continuer à coopérer pour la réussite des efforts de la communauté internationale, fort de la légalité de sa cause et de l’attachement du peuple sahraoui à ses droits à la liberté et à l’indépendance pour lesquels il a consenti hier et aujourd’hui encore à Gdem Izik et à Al Ayoune tant de sacrifices.
La troisième réunion informelle entre le Maroc et le Front Polisario sur l’avenir du Sahara occidental entamée lundi sous l’égide de l’ONU à Manhasset près de New York, s’est bouclée mardi soir sans avancée probante, selon des observateurs. Les événements tragiques d’Al Ayoune en seraient, en partie, la cause. Une nouvelle rencontre est prévue en décembre, est-il annoncé.
«Des discussions franches»
Christopher Ross, l’envoyé spécial de l’ONU, se réjouit de la qualité des discussions et du respect mutuel entre les participants, encourageant les parties concernées à poursuivre les négociations.
«Le Maroc et le Polisario ont tenu des discussions amples et franches sur les propositions de chacun sur le Sahara occidental, dans un esprit de respect mutuel en dépit du fait que chaque partie a continué à rejeter la proposition de l’autre comme base des négociations à venir», a déclaré Christopher Ross, rapporte hier l’AFP.
Les négociations avaient débuté lundi dans la banlieue de New York dans une atmosphère tendue après le raid déclenché par les forces marocaines contre un campement de Sahraouis près d’Al Ayoune, chef-lieu du Sahara occidental.
Ce raid a fait onze morts selon le Polisario. Le Maroc donne un chiffre identique mais affirme que dix membres des forces de l’ordre figurent parmi les onze personnes décédées. Un nouveau round de négociations est prévu en décembre.
Par Elias Melbouci
