Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, jeudi 27 octobre, une résolution mettant fin au mandat autorisant le recours à la force en Libye. Le terme de l’opération est fixé au 31 octobre à 23 h 59 heure libyenne, en dépit des appels du gouvernement provisoire libyen pour sa prolongation.
La décision a été prise à l’unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU.
Adopté le 17 mars dernier, un mois après le déclenchement du soulèvement contre Mouammar Kadhafi, la résolution 1973 instaurait une zone d’exclusion dans le ciel libyen et autorisait » toutes les mesures nécessaires » pour assurer la protection des populations civiles face à l’armée de Mouammar Kadhafi.
» En conformité avec cette résolution, le Conseil de l’Atlantique nord prendra très bientôt une décision clôturant l’opération Protecteur unifié au 31 octobre prochain « , avait indiqué plus tôt le porte-parole du ministère des affaires étrangères Français, Bernard Valero.
Le Conseil national de transition (CNT) avait demandé mercredi le maintien de l’OTAN dans le pays au moins » jusqu’à la fin de l’année « , assurant que même après la mort de Mouammar Kadhafi ses derniers fidèles représentaient une menace pour le pays. A l’ONU, des diplomates avaient fait savoir dès mercredi que le Conseil de sécurité souhaitait mettre rapidement fin au mandat accordé à l’OTAN pour son action en Libye, malgré les appels des nouvelles autorités du pays à prolonger cette mission au-delà du 31 octobre.
Pour le commandement militaire de l’Alliance, la menace des éléments pro-Kadhafi n’existe plus et le CNT peut prendre le relais. Quant aux pays membres, y compris ceux qui se sont massivement engagés au plan militaire, ils jugent venu le moment du retrait. Le coût de l’opération et le fait que les résolutions des Nations unies encadrant la mission Protecteur unifié n’évoquaient que la protection des populations civiles expliquent cette décision qui permettrait d’éviter des débats houleux à l’ONU, où la Russie et la Chine estiment que l’OTAN a outrepassé son mandat.
Plainte de la famille de Kadhafi contre l’Otan
La famille Kadhafi entend encore se battre, sur un autre front. Alors que Mouammar Kadhafi a été enterré mardi quelque part dans le désert libyen, sa famille a décidé de porter plainte pour » crime de guerre » auprès de la Cour pénale internationale de La Haye, selon les informations recueillies par Europe 1.
» Elle va porter plainte pour crime de guerre parce qu’on connaît les circonstances de sa mort. Ce sont des hélicoptères de l’Otan qui ont tiré sur le convoi dans lequel il se trouvait. Ce convoi ne présentait aucun risque pour les populations. C’est donc une opération homicide programmée par l’Otan « , a affirmé au micro d’Europe 1, l’avocat français des Kadhafi, Me Marcel Ceccaldi
Six jours après l’assassinat de l’ancien leader libyen, la polémique autour des circonstances de son décès reste vive. Une autopsie a été réalisée mais le Conseil national de transition n’en a pas encore communiqué les résultats.
» C’est une opération homicide « , estime l’avocat français des Kadhafi :
Le CNT affirme que l’ancien dirigeant a été tué d’une balle dans la tête lors d’un échange de tirs. Mais des témoignages et les vidéos tournées au moment de son arrestation laissent à penser qu’il a été victime d’une exécution sommaire. Une version qui ne fait aucun doute pour la famille Kadhafi. » Blessé lors de l’intervention de ces hélicoptères, il a été achevé dans des conditions abominables par les barbares que sont les représentants du CNT « , poursuit l’avocat français.
Pire encore pour ses proches, sa dépouille n’a pas été respectée. » Son corps a été profané et la profanation est la marque des islamistes pour que celui qui est mort ne puisse rejoindre le paradis « , déplore Me Ceccaldi. » Je vous renvoie à la dernière déclaration de Seïf al-Islam « , prévient Me Ceccaldi, » il vengera son père et il vengera la mémoire de son père « .
Saïf Al-Islam serait sous la protection de mercenaires sud-africains en Libye
Un groupe de mercenaires sud-africains se trouve toujours en Libye et tente d’exfiltrer Saïf Al-Islam, le fils de Mouammar Kadhafi, affirme le quotidien sud-africain Beeld jeudi. Un autre journal sud-africain de langue Afrikaans, Rapport, citant des sources non identifiées, avait annoncé dimanche que dix-neuf mercenaires d’Afrique du Sud avaient été recrutés par une ou des sociétés sud-africaines liées à Kadhafi, pour participer à la protection du colonel et de ses proches.
Saïf Al-Islam, que Kadhafi avait désigné comme son successeur, avait fui Tripoli avec son père et son frère Mouatassim durant la bataille, et s’était réfugié à Syrte. L’ancien leader libyen et Mouatassim ont été tués, mais Saïf Al-Islam a échappé aux troupes du Conseil national de transition. Selon un responsable touareg, il se serait rendus mardi à la frontière du Niger pour y chercher refuge.
Avions positionnés
Beeld rapporte jeudi que des avions sont positionnés à Johannesburg et à Sharjah, dans les Emirats arabes, pour aller rechercher les mercenaires – et éventuellement Saïf Al-Islam – dès que la situation le permettra.
Un mois plus tard, des mercenaires sud-africains auraient également aidé l’épouse de Kadhafi, Safia, sa soeur Aisha et deux de ses fils, Hannibal et Mohammed, à fuir devant l’avancée de troupes rebelles, rapporte Beeld. Dimanche, Rapport a affirmé qu’au moins deux mercenaires sud-africains avaient été tués dans l’attaque du convoi de Kadhafi par l’aviation de l’OTAN. D’autres seraient blessés et toujours cachés en Libye. Le ministère des affaires étrangères sud-africain n’a pas voulu commenter ces informations.
Abdallah Al-Senoussi est passé au Mali
L’ancien chef des services secrets militaires de Libye, Abdallah Al-Senoussi, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), est passé du Niger au Mali avec quelques uns de ses hommes, ont affirmé jeudi des sources sécuritaires nigérienne et malienne. – (avec AFP)
Le CNT déterminé à juger les meurtriers de Kadhafi
Le Conseil national de transition (CNT) a dit jeudi sa détermination à poursuivre en justice les meurtriers de l’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi mort dans des circonstances floues après avoir été capturé vivant. » Le responsable de cela [le meurtre de Kadhafi], quel qu’il soit, sera jugé et bénéficiera d’un procès équitable « , a déclaré le vice-président du CNT, Abdel Hafiz Ghoga.