Dans dix jours, seront officiellement connus les candidats à l’élection présidentielle. Beaucoup partent avec quelques handicaps face au candidat-président.
Comme à l’élection présidentielle de 2004, ils seront, peut-être, à l’issue du verdict du Conseil constitutionnel, attendu dans dix jours, autour de six candidats à postuler à la magistrature suprême : Bouteflika, le candidat-président, l’homme à la fameuse phrase tab jnana, Ali Benflis, ancien chef de gouvernement et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2004, Louisa Hanoune, la passionaria algérienne, Ali Zeghoud, président du Rassemblement algérien (RA), intermittent de la politique, Abdelaziz Belaïd du Front el-moustakbal, un produit du FLN, Ali Benouari, ancien ministre établi en Suisse, issu du milieu de la finance, et Moussa Touati, un sexagénaire issu de la famille révolutionnaire.
Cadet des candidats, issu de l’immigration, Rachid Nekkaz devait déposer son dossier hier au Conseil constitutionnel. Tout comme l’obscur Mahfoud Adoul, du néanmoins parti Ennasr el-watani. A priori, tous ces postulants ont réussi à passer l’épreuve des signatures. Et seront donc de potentiels candidats, une fois passé le filtre du Conseil constitutionnel. Mais quelles sont les chances des uns et des autres face au Président sortant lorsqu’on constate que le gouvernement, les partis au pouvoir comme le RND et le FLN, ses organisations satellites, comme l’UGTA, des institutions comme l’APN et plusieurs segments de l’administration et des médias publics sont déjà en ordre de bataille, à son service ? Hormis Ali Benflis, qui jouit encore de solides relais au sein de l’ex-parti unique et d’autres sphères politico-économiques, en dépit de son effacement de la scène politique pendant une décennie, et Louisa Hanoune, unique femme candidate à la présidentielle dans le monde arabe, omniprésente sur la scène politique et qui cristallise quelques sympathies parmi les travailleurs, notamment, force est d’admettre que le reste des candidats font office de simples figurants. En plus d’être handicapés pour certains par l’absence de visibilité, ils vont devoir aussi affronter les écueils de la machine d’un système qui ne s’accommode pas souvent des néophytes.
À cela s’ajoute les moyens colossaux qu’appelle une laborieuse campagne électorale dans un pays si vaste. Autres handicaps : comment peuvent-ils mobiliser, en l’absence de structure partisane, pour certains, une population gagnée par la lassitude et réfractaire à la chose politique ? À moins de chercher d’abord à se construire quelque envergure, certains de ces candidats ne seront là que pour servir de faire-valoir à une élection dont l’issue, sauf grande surprise, est presque connue d’avance. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’anticiper sur le déroulement du scrutin, encore moins sur les capacités de mobilisation des uns et des autres, ni de diminuer de la valeur des candidats en lice, mais simplement de relever que participer dans des conditions pareilles ne procède, au mieux, que de légitimer un processus biaisé et dénoncé par nombre d’acteurs politiques. Au pire, discréditer encore plus la pratique politique, galvaudée par ailleurs, et à l’origine, en partie, de la démission générale de l’électorat. À moins de quelque miracle, nombre de ces candidats se retrouveront, au matin du 18 avril, comme ils se sont présentés : d’illustres inconnus.
K K