L’événement marquant de ces dernières semaines a été sans conteste les consultations autour du projet de réformes politiques menées par la commission présidée par M. Bensalah.
Près d’une centaine personnalités es qualité ou représentants de partis ont présenté depuis le début de celles-ci, le 21 mai dernier, des propositions de nature à rendre plus efficaces la gestion et la gouvernance dans le pays. Crise de confiance, blocage, exclusion de la jeunesse, fraude électorale, contrôle étouffant de l’administration, les symptômes ont été déclinés par la plupart des personnalités.
Les avis n’étaient pas semblables et certains ont même remis en cause à l’instar d’Abdelahamid Mehri la démarche même, plaidant pour une structure ouverte à toutes les sensibilités. L’option de la constituante a partagé la classe politique même si elle a trouvé aussi de fervents défenseurs, comme la SG du PT. Au niveau de la commission, les propositions ont reflété tout l’éventail des sensibilités politiques et sociales du pays. On a écouté des historiques, des intellectuels, des avocats et des syndicalistes qui ont pu s’exprimer sans contrainte. Sur la langue amazighe, la place de l’Armée ou de la religion, chacun a donné son opinion. Un débat autour de la révision constitutionnelle, de la décentralisation et d’autres thèmes qui structurent la vie publique.
Un consensus a été vite établi autour de la nécessité de procéder à des changements dans la manière dont sont gérées les affaires publiques. Le dénominateur commun à toutes les interventions fut la nécessité de procéder à des réformes visant à consacrer les principes fondateurs de l’Etat de droit. Séparation des pouvoirs, indépendance de la justice et de la presse ou égalité hommes et femmes étaient des leitmotivs largement partagés. Personne, y compris les partis de l’Alliance présidentielle, n’a jugé que tout va pour le mieux dans le monde des meilleurs.
Toutefois, il a été relevé à maintes reprises que le problème est la non-application des lois et non leur inexistence. Le pays, en un mot les structures de l’Etat, doivent mettre en œuvre les textes et les dirigeants doivent s’éloigner des «solutions de replâtrage» pour reprendre une expression de Mohamed Saïd.
C’est la manière dont sera menée cette mutation du système politique et économique qui diffère. Beaucoup de voix ont appelé à la limitation des mandats présidentiels qui sont un signe de démocratisation du système politique, qui favoriseraient l’alternance. Même le RND et le FLN ne se sont pas présentés dans la posture d’adeptes de la non-limitation de ces mandats.
La nature du régime politique a été une source de débat. Beaucoup ont défendu le système parlementaire où la majorité à l’APN est source de pouvoir. D’autres optent pour des pouvoirs renforcés au profit du président de la République.
La rentrée augure bien des changements dont la source et le levain seront les rapports de synthèses qui émaneront de ces débats suscités par la commission qui a accompli sa mission.