Devant l’hôpital de In Amenas, à l’écoute de la moindre information
Aucun chiffre officiel n’a été fourni sur le nombre exact des otages ou ceux qui ont péri sur le site gazier d’In Amenas. Il faut attendre la conférence de presse que doit animer aujourd’hui ou demain le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour en savoir plus sur cette opération.
L’assaut final a été donné en fin de matinée d’hier par les forces spéciales de l’ANP dans le site gazier de Sonatrach à In Amenas, avec la mise hors d’état de nuire des 11 derniers éléments du groupe terroriste qui avait pris d’assaut mer-credi dernier le site gazier de Tiguentourine, à In Amenas.
Les circonstances exactes dans lesquelles les sept otages qui servaient de boucliers aux terroristes, ont été tués n’étaient pas claires dans l’immédiat.
La Télévision algérienne, citant une source sécuritaire, a affirmé qu’ils ont été exécutés par leurs ravisseurs en représailles à l’assaut final lancé par les forces spéciales. Bilan provisoire des quatre journées d’opération militaire: 29 terroristes abattus et 19 otages tués. Aucun chiffre officiel n’a été fourni sur le nombre exact des otages ou ceux qui ont péri sur le site gazier d’In Amenas. Il faut attendre la conférence de presse que doit animer aujourd’hui ou demain le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour en savoir plus sur cette opération. Pour l’instant, et selon des sources concordantes, un premier bilan établi à la suite de l’assaut final, donne entre 25 et 27 otages étrangers et algériens tués depuis mercredi. Par ailleurs, des sources indiquent que le commando était dirigé par Abderahmane, dit «le Nigérien», qui voulait aussi «échanger les otages américains détenus par son groupe» contre un Egyptien, Omar Abdel-Rahman, et une Pakistanaise, Aafia Siddiqui, emprisonnés aux Etats-Unis pour des accusations liées au terrorisme, une exigence rejetée par Washington. Une position que les autres capitales occidentales, dont les ressortissants étaient pris en otage, avaient adoptée. Ce qui, encore une fois, n’a pas manqué de conforter la position d’Alger, sachant que le temps lui était compté, ne voulait pas donner plus de temps aux ravisseurs. Ces derniers auraient, dans ce cas, pu trouver des «brèches» dans le dispositif sécuritaire déployé autour du site de Tiguentourine.
D’ailleurs, se voyant acculés dans leurs derniers retranchements, les terroristes ont incendié une partie des installations du complexe, et que c’était grâce à la prompte intervention des travailleurs et des troupes de l’ANP que l’incendie a pu être maîtrisé. Par ailleurs et pour marquer leur sale besogne et sans doute faire un plus grand nombre de victimes, même après la fin de l’opération militaire, les terroristes avaient miné les installations de gaz de Tiguentourine.
Selon Sonatrach, «suite à l’intervention des forces militaires algériennes sur l’usine et le délogement des terroristes, il a été constaté que l’usine a été minée dans le but de la faire exploser».
Le communiqué de Sonatrach ajoute qu’«une importante opération de déminage est en cours par les équipes spécialisées de l’Armée algérienne, avant le lancement des opérations de démarrage de l’usine par le personnel exploitant de Sonatrach, mobilisé à cet effet». A noter que l’opération des services de sécurité a été, au vu du nombre d’otages libérés, un succès même s’il y a un seul mort qui est une perte incommensurable.
Parmi les étrangers libérés, figure un ressortissant tunisien. «Le Tunisien Rachid Naïli fait partie du groupe d’otages libérés par les forces de sécurité algériennes. Il est sain et sauf et a pu rejoindre le siège de son employeur à Alger», a indiqué le porte-parole de la présidence, Adnane Mansar dans un communiqué. Par ailleurs, un Roumain a été tué et un autre libéré dans la prise d’otages survenue dans un complexe gazier du sud de l’Algérie, a annoncé, hier le Premier ministre roumain, Victor Ponta. «Nous venons d’avoir la confirmation du décès de l’un des cinq Roumains pris en otage en Algérie», a déclaré M. Ponta au cours d’une conférence de presse.
A l’issue de l’assaut d’hier, les experts sont unanimes: l’opération de l’ANP était indispensable. L’assaut donné jeudi par les forces spéciales de l’ANP était «indispensable» et la fermeté des autorités algériennes a «porté ses fruits», a estimé hier un expert français dans le renseignement, Eric Denécé. «Un assaut n’est jamais inévitable, on peut toujours décider de négocier. En revanche, celui d’In Amenas était indispensable, et la fermeté des autorités algériennes a porté ses fruits: les terroristes ont échoué dans leur tentative grâce à l’intervention rapide des unités spéciales», a déclaré le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), dans un entretien à l’APS. Pour l’expert français, si parfois on peut être tenté de négocier pour sauver tous les otages, l’expérience prouve que c’est «toujours une erreur». «Les terroristes qu’on laisse partir avec une rançon en profitent pour s’armer davantage, recruter, commettre des attentats aveugles et recommencer de nouvelles prises d’otages», a-t-il affirmé, recommandant, dans un cas de figure comme celui d’In Amenas, «la fermeté».