La tenue du Forum algéro-français pour le partenariat, le 29 mai prochain, sera aussi celle d’un « fin de mission » de Jean-Pierre Raffarin chargé en septembre dernier par le président français de faire avancer les dossiers économiques avec l’Algérie. La partie algérienne attend à ce que les partenaires françaises pensent plus au mot « co-investissement » qu’à celui de commerce.
La tenue du forum algéro-français sera l’occasion de faire un « bilan » des discussions-négociations qui avaient l’avantage d’être centrées sur des dossiers économiques que l’on séparait volontairement des volets politiques où les accords sont difficiles voire improbables. Il y a pourtant bien un volet politique dans ces discussions. Jean-Pierre Raffarin se faisant, de facto, le VRP des entreprises françaises vis-à-vis de l’Etat algérien qui tente de recadrer sa politique économique afin de relancer l’industrie et de favoriser la création de l’emploi.
Le forum sera une opportunité pour les PME françaises et algériennes pour tisser des partenariats. L’un des effets attendu de l’action sur six mois menée par le binôme constitué par Jean-Pierre Raffarin et Mohamed Benmeradi, très apprécié par son vis-à-vis, est de lever les appréhensions des entreprises françaises vis-à-vis de ce qui est appelé « l’instabilité juridique » pour l’investissement étranger en Algérie. Très clairement, la règle du partage du capital à 51/49% davantage critiquée en Algérie qu’à l’étranger, n’est pas avancée comme un obstacle insurmontable. Coté algérien, il s’agit surtout de vérifier si les partenaires français – qui considèrent qu’il s’agit d’un raccourci infondé – sortent enfin de la configuration purement commerciale pour engager des partenariats industriels. Ce seront des attentes qui attendent, selon les algériens, d’être confirmées au cours de ce Forum.
Les discussions-tractations Raffarin-Benmeradi ont impliqué les entreprises françaises, directement concernées par la question et aussi fortement intéressées à prendre des parts dans les projets initiés par le gouvernement. Pour le forum du partenariat de la fin mai, la partie algérienne espère que sur la centaine d’entreprises qui participent, il y ait au moins une dizaine qui repart avec des contrats avec des entreprises algériennes suivant la règle du 51/49.
« Pas de forum… pour le commerce extérieur français »
Un « objectif raisonnable et modeste» estime un entrepreneur algérien qui considère qu’il ne s’agira pas de « faire pas un forum multisectoriel pour le commerce extérieur français mais de faire du Co-investissement ». En attendant de connaître le bilan fait par Raffarin-Benmeradi, des « avancées » auraient été effectivement réalisées sur plusieurs dossiers en suspens. Ainsi, la cession totale – et non à 49% – d’Alver au groupe Saint-Gobain serait définitivement réglée. Il n’est pas le seul. Jean-Pierre Raffarin a déjà annoncé, comme bilan d’étape, que des arbitrages favorables ont été faits sur les dossiers Sanofi (usine de production et d’un centre de stockage, au niveau de la ville nouvelle de Sidi Abdellah, à Alger), Cristal Union, filière laitière, Macif et Alstom. Pour les dossiers de Pétrochimie et du ciment, c’est-à-dire, Total et Lafarge, Jean-Pierre Raffarin fait preuve d’un grand optimisme pour que les dossiers des cimenteries Lafarge et de l’usine de vapocraquage d’éthane fassent également l’objet d’un arbitrage positif.
Renault attendra
D’un autre coté, il est presque exclu d’attendre une annonce sur le dossier, qui a connu des avancées, sur l’idée d’une usine Renault en Algérie, avant la fin de mission de Jean-Pierre Raffarin qui prend soin de souligner qu’il faut faire la part entre les incitations que les Etats peuvent faire et le choix des entreprises qui décident, en définitive, en fonction de leurs stratégies.
L’ancien premier ministre français a souligné que « l’automobile est un sujet plus complexe » et que les négociations étaient dans une « phase active ». Raffarin a donne des indications sur les « lieux » où cela coince. « La partie industrielle du projet est consensuelle, des rapprochements restent à intervenir pour achever la partie commerciale en particulier dans les domaines de la distribution et de la politique de soutien algérienne à l’industrie automobile ». C’était une déclaration faite à la mi-avril. Une annonce sur ce dossier serait une grande surprise. Une bonne surprise. Le dossier qui n’avance pas beaucoup, selon nos sources, est celui des banques françaises qui s’estiment entravées dans leur développement alors que certaines d’entre-elles se donnent l’objectif de parvenir à une couverture similaire à celles qu’elles ont au Maroc.