Le 15 mai fixé comme date pour les examens du 2e semestre dans les écoles et universités, serait selon les enseignants et étudiants, une décision «déconnectée» des données particulières de l’année universitaire 2010-2011.
Le 15 mai, fixé officiellement comme date d’examens de fin d’année universitaire, suscite des interrogations au sein de la communauté universitaire. Il y a lieu de se demander sur quoi porteront les examens du fait que les étudiants ont passé plus de «séances» dans la rue que dans les amphithéâtres. Pour cette année universitaire 2010-2011, l’exception n’a pas eu lieu en matière de grève.
Conscients de la situation critique de l’université algérienne, les étudiants, systèmes et spécialités confondus, ont été unanimes à sortir dans la rue pour dénoncer «un système universitaire obsolète» et pour appeler les autorités à faire de l’université un vrai lieu de savoir, capable d’assurer un avenir digne mais qui jusque-là ne promet que le chômage ou bien une intégration des plus difficiles dans le monde du travail. Après des mois de grève et de protestations et quelques autres de cours, place donc aux examens. Bien que le 15 mai soit la date arrêtée pour les examens du 2e semestre, les écoles et universités trouvent du mal à programmer les épreuves pour cette date, vu le retard qu’accusent les universités en matière de cours donnés. Contactés, les étudiants de plusieurs universités ont donné plusieurs dates d’examens. Tandis que pour la majorité des universités de la capitale, elles ont programmé les examens pour fin mai, d’autres universités devraient prolonger les examens vers septembre. Si le ministre de l’Enseignement supérieur et son Conseil scientifique ont ignoré les donnes de l’année universitaire 2010-2011 dans leur calendrier d’examens, ceci ne serait nullement le cas des autres facteurs de l’université, les enseignants et les étudiants en l’occurrence. Plusieurs enseignants ont jugé «grave» et «antipédagogique» le fait qu’une année du parcours universitaire soit validée avec quelques cours et peu de travaux dirigés. A l’université de Bouzaréah, un enseignant, pour rattraper le retard, donne ses cours en plein air, «faute de salles», nous dira un étudiant.
Dans ce contexte, la possibilité de rattrapage des cours reste très limitée vu le problème des salles et des amphithéâtres en plus que l’idée d’accorder des heures supplémentaires n’est pas partagée par tous les étudiants. Approchés, les étudiants ne se montrent pas trop étonnés sur le fait que les examens auront lieu à des dates proches et ne porteront que sur quelques cours. «Il n’est pas étonnant qu’un ministère de l’Enseignement supérieur ne jouissant pas d’un esprit scientifique, prenne une telle décision. L’administration de Harraoubia n’a pas pris la peine de prendre en compte les données de cette année pour établir des dates d’examen qui permettraient aux étudiants de rattraper les deux mois et demi de grève», explique Saïd, étudiant du département français, de l’université de Bouzaréah. Son camarade par contre estime que «les dates d’examen ne sont pour rien et ne changeront pas grand-chose. Nous avons l’habitude de bâcler d’une manière ou d’une autre, et on finit toujours par ne rien apprendre, on sortira sans bagages» explique-t-il.
Par Yasmine Ayadi