Le film documentaire «El Gusto» continue à être projeté dans les salles algériennes de cinéma, suscitant les critiques de plusieurs intellectuels et historiens.
Le premier film de la réalisatrice algérienne établie en Europe, Safinez Bousbia, qui raconte l’amitié entre de vieux musiciens séparés par l’Histoire et réunis par la musique, «ne reflète pas la vraie image de la culture ni celle de la société algérienne», selon certains analystes. À ce propos, le commissaire du festival chaâbi, Abdelkader Bendaâmache, affirme que ce film documentaire «est loin de la vérité», soulignant que «pas mal de fausses informations ont été données, ce qui donne une fausse image de notre pays à l’étranger». Selon ce musicien et chercheur, les erreurs «ne respectent pas l’identité algérienne ni les martyrs qui ont donné leurs vies pour la libération de notre pays».
Quant à l’orchestre du film, Abdelkader Bendaâmache le qualifie de «professionnel», tout en précisant que «le documentaire indique que les juifs sont les premiers créateurs de la musique chaâbie alors que cette musique est propre aux Algériens et Algériennes qui ont pu l’enrichir à travers les siècles». Entre autres, «la réalisatrice a choisi un orchestre étranger bien que notre pays est riche de belles voix et de musiciens». Ce détail, poursuit-il, confirme que la réalisatrice n’a pas connu l’histoire ni la culture algérienne de près. «À mon avis, la réalisatrice aurait pu s’approcher de gens ayant de vraies informations en la matière afin d’enrichir ses connaissances historiques et culturelles sur l’Algérie».
Quant à la réalisatrice du film Safinez Bousbia, elle explique son œuvre avec beaucoup de simplicité précisant que «El Gusto» est un film documentaire qui raconte avec émotion et humour comment la musique a réuni ces musiciens du chaâbi. Ces derniers ont été séparés par l’histoire il y a 50ans. La bonne humeur – el gosto – caractérise la musique populaire inventée au milieu des années 1920 au cœur de La Casbah d’Alger par le grand musicien de l’époque, El Anka. Elle rythme l’enfance de ses jeunes élèves du Conservatoire, arabes ou juifs. D’ailleurs, c’est l’amitié et leur amour commun pour cette musique qui les rassemble pendant des années au sein du même orchestre jusqu’à la guerre et ses bouleversements.
Par Abla Selles