Filière lait:Une nouvelle politique des quotas

Filière lait:Une nouvelle politique des quotas

Le principe de la distribution des quotas de poudre de lait selon les capacités de production des laiteries sera revu pour des quotas selon les besoins des populations par wilaya, avec l’éventuelle décentralisation de l’Office national interprofessionnel du lait (Onil) pour corriger les erreurs

, a indiqué au Temps d’Algérie le président de la Fédération nationale de l’agroalimentaire affiliée à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), Mohamed Abdelouaheb Ziani. La Cipa a proposé, pour une meilleure distribution des quotas de poudre de lait, la «décentralisation» de l’Onil et son administration, car les opérateurs convergent tous vers Alger pour obtenir leurs quotas respectifs et pour régler les formalités administratives. C’est pourquoi la décentralisation est nécessaire.

Une cartographie des laiteries par wilayas a été mise au point par le Comité interprofessionnel du lait (CIL composé de 57 membres), dans lequel deux membres de la Cipa et de Giplait siègent, pour permettre de les repérer, mais cela n’a pas suffi, puisque le comité, sur proposition de la Cipa, vient d’établir une cartographie par indice démographique par wilaya. Le but est de produire selon les besoins des populations par wilaya.

La filière lait connaît des problèmes à cause de l’octroi de quotas plus importants de poudre de lait dans la région Centre, au détriment des autres régions du pays, et l’achat, en 2007, de 20 000 t de poudre de lait sur le marché international. Ces deux erreurs sont essentiellement à l’origine de la désorganisation de la filière en Algérie et sur le marché international, depuis 2007, année de l’installation de l’Onil proposé par les professionnels.

En 2009, l’Onil délivre 100 t à une seule laiterie, car certaines n’ont pas pris leurs quotas durant trois à quatre mois, qui devaient être exclues de la liste de l’Onil, comme le stipule la convention, mais la fédération a proposé de les reprendre. Donc, l’année 2009 était une année où «la distribution des quotas n’a pas été équitable» malgré l’importation de 140 000 t de poudre de lait cette année-là, a noté M. Ziani qui a relevé que «Giplait n’a pas reçu plus que les laiteries privées contrairement à ce qui a été rapporté».

Il faut savoir que l’Onil distribue les quotas selon les capacités de production, néanmoins cette option a prouvé ses limites, puisque les capacités réelles de production nationale sont multipliées par 200.

Le marché national est couvert à 60% par le privé et 40% par les laiteries publiques. Au total, 112 laiteries dont 11 publiques sont en activité à travers le territoire national.

«Onze laiteries privées se sont démarquées du syndicat patronal qui ont opéré un forcing auprès de l’Onil pour obtenir plus de quotas», en menaçant d’arrêter la production. Il faut dire qu’au sein de l’Onil, le principe est «premier arrivé, premier servi», donc ces laiteries ont réussi.

Les producteurs algériens de lait veulent échapper à l’hégémonie des traders

Entre septembre 2007 et février 2008, l’achat de 20 000 t de poudre de lait d’un coup par l’Onil, sur le marché international, a provoqué une désorganisation du marché, a estimé M. Ziani, dont le syndicat a recommandé l’achat par quantité raisonnable de 2000 à 3000 t à chaque fois. Une proposition à laquelle le gouvernement a donné une suite favorable, a signalé le président de la fédération nationale de l’agroalimentaire.

En effet, cette erreur a permis aux traders de tirer un grand profit du client Algérie. C’est pourquoi la Cipa a demandé au gouvernement algérien de signer des contrats d’achat avec les Etats pour éviter la spéculation des traders sur le marché boursier. D’ailleurs, «le vice-Premier ministre polonais nous a fait une proposition dans ce sens», a indiqué M. Ziani qui estime que «le gouvernement devrait contracter des marchés avec les Etats sans passer par les traders qui nous sucent le sang».

L’Algérie importe la poudre de lait de France, d’Irlande, d’Allemagne, de Pologne mais surtout d’Ukraine pour son moindre coût. Cependant, les conditions de transport par voie maritime, les délais d’analyse et de contrôle et de stockage font que la poudre se détériore au fil du temps, même si elle est de 1er choix. C’est pourquoi la Cipa a proposé que l’Onil crée un «couloir vert», pour que tout le contrôle se fasse en amont, aux frontières.

«Les gains sur la facture d’importation iront aux éleveurs»

Le lait cru de vache représente 1,5 litre du sachet de lait produit à partir de la poudre de lait importée. Dans ce sens, la Cipa encourage la production de lait cru de vache pour réduire encore de 10% chaque année les importations de poudre de lait de 50% sur les 110 000 t importées cette année, dans les cinq prochaines années, a indiqué M. Ziani en expliquant qu’«on ne peut arriver à 0% d’importation de poudre de lait». Sachant que les besoins nationaux sont estimés à 1 milliard de litres pour répondre à 100% à la demande.

«Les gains sur la facture d’importation de cette poudre seront transférés aux fellahs (éleveurs) pour subventionner leur activité et encourager ainsi la production de lait cru de vache.» De plus, dans ce sens, pour la partie collecte dont le réseau n’est pas organisé aujourd’hui, «la Cipa a suggéré aux autorités la création d’un centre de collecte», a ajouté le président de la fédération.

En 2011, la baisse de cette facture d’importation pourrait permettre une économie de 20 millions de dollars par an pour une réduction de 10 000 t à 2000 dollars la tonne. Enfin, le ministère de l’Agriculture mène actuellement une réflexion sur les mécanismes qui permettront la consommation de lait de chamelle et de brebis pour ne plus dépendre entièrement de l’importation de poudre de lait, selon M. Ziani.

Par Fella Midjek