Filière lait : 200 milliards de dinars pour diminuer les importations

Enveloppe n Les nouvelles mesures prises par le gouvernement pour relancer la filière lait devraient coûter plus de 200 milliards de dinars sur les cinq prochaines années.

C’est ce qu’a indiqué hier le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, précisant en effet, qu’environ 90% de cette enveloppe seront consacrés à la subvention de la production du lait cru.  Le gouvernement décide ainsi d’augmenter de 2 DA la prime octroyée aux éleveurs, qui passera donc de 12 DA/litre (en vigueur depuis 2008) à 14 DA depuis lundi 2 novembre en cours, a ajouté le ministre.  «1 dinar de plus coûte à l’Etat 9 000 milliards de centimes», a fait savoir le ministre tout en évoquant l’incidence financière du système de subventions sur le Trésor public. Outre ces subventions, les autorités publiques ont également décidé de consacrer près de 25 milliards de dinars à l’investissement dans les différents segments de la filière dont la production du fourrage et les crédits bonifiés lesquels seront accordés, pour la première fois, aux petits éleveurs de bovins laitiers, a expliqué le premier responsables du secteur. «Notre ambition est grande : si nous parvenons à concrétiser ces dispositions sur le terrain et à changer le modèle de développement de la filière, nous pourrons réduire considérablement le recours à l’importation de la poudre de lait d’ici à 2019», insiste-t-il. L’Algérie, où la consommation annuelle est de 130 litres/habitant, a importé pour près de

2 milliards de dollars de lait en poudre et de matières premières laitières pour une quantité de 396 000 tonnes en 2014. Près de 50% des quantités de poudre de lait importée sont destinées à la fabrication des produits laitiers à prix libres (fromages, yaourt, lait infantile…).  «Notre objectif est d’arriver dans les cinq prochaines années à 0% d’utilisation de la poudre de lait importée pour la production des produits dérivés (aux prix libres) et d’augmenter la part du marché du lait cru estimée actuellement à 30%», a-t-il soutenu. Pour ce faire, le gouvernement a pris d’autres mesures à court et moyen termes de manière à sécuriser les éleveurs contre la contrainte de l’aliment qui représente 80% du coût de revient du litre de lait, et à encourager l’investissement privé dans cette filière.  Concernant l’accès des éleveurs à l’aliment, principale difficulté des petits éleveurs, le ministère a donné instruction à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) afin d’organiser l’approvisionnement des éleveurs auprès des minoteries en matière de son (nekhala en arabe), qui est le résidu provenant de la trituration des blés (subventionnés par l’Etat). Les professionnels de la filière pourront également contracter les crédits de campagne «R’fig» destinés, jusque là, à la céréaliculture, pour acheter leur alimentation en pleine saison, et ce, afin d’échapper aux marchés spéculatifs. Des moyens de mécanisation seront également mis à la disposition des CCLS pour offrir une prestation de service au profit des producteurs n’ayant pas les moyens financiers pour acquérir les machines de production de fourrage.

Pour réussir cette opération, il est prévu la création prochaine d’une banque destinée au financement des petits éleveurs et agriculteurs et qui devrait être opérationnelle avant la fin de l’année en cours. Le gouvernement compte aussi soutenir l’accès des éleveurs au foncier pour produire leur propre alimentation.

LG Algérie

Samia L.