Après l’atténuation quasi définitive de l’épizootie de fièvre aphteuse qui a bouleversé la filière élevage durant la saison estivale dernière, les regards sont désormais tournés vers l’évolution du marché national des viandes rouges dans son ensemble pour les mois à venir.
A priori, les nouveaux indicateurs attestent un nouveau départ à la hausse des importations en la matière et le segment des bovins vivants est le plus disposé à être boosté dans ce contexte. D’un côté, comme cela a été affirmé à maintes reprises par les responsables du ministère de l’agriculture et du développement rural, l’augmentation du volume des importations en bovins vivants, que ce soit d’abattage ou en vaches laitières, est une option privilégiée afin de compenser les pertes induites par les effets de la maladie de la fièvre aphteuse en juillet et août derniers.
Faut-il noter, à cet effet, que près de 6 000 têtes bovines ont été soumises à l’abattage sanitaire dans le cadre de la prévention de l’épizootie ainsi que des centaines d’autres têtes qui ont péri. L’importation de bovins vivants, dont la moyenne annuelle se situe habituellement entre 60 000 et 80 000 têtes, est appelée à connaître une nette croissance dans les mois à venir à la faveur de ce nouveau contexte.
D’autre part, un nouvel indice confirmant la hausse des importations en bovins vivants émane, cette fois-ci, de la société publique Sotracov, spécialisée dans l’importation et l’approvisionnement du marché des viandes. Cette dernière a révélé, à la veille de la fête de l’Aïd El Adha, sa décision de suspendre les opérations d’importation des viandes congelées, voire leur arrêt définitif, faute de demande.
Selon les responsables de ladite société affiliée à la SGP Proda, les consommateurs tournent de plus en plus le dos aux viandes congelées, ce qui a entraîné, en conséquence, l’accumulation d’énormes stocks au sein de la société. Les volumes importés en viandes congelées seront ainsi remplacés par des viandes fraîches et des bovins vivants dont l’abattage se fera au niveau national. Depuis quelques années, la filière des viandes congelées importées a connu un essor singulier atteignant des volumes moyens de 50 000 à 60 000 tonnes par année, dont plus de 60% sont assurés par Sotracov. Aux côtés de cette dernière, une quarantaine d’opérateurs privés ont obtenu des licences d’importation de viandes congelées dans plusieurs variétés. Le Brésil et l’Inde sont les principaux pays fournisseurs de l’Algérie de ce type de viandes.
Cependant, la France demeure le principal fournisseur du marché national en bovins vivants. En 2013, l’Algérie a importé pour 80 000 têtes de bovins vivants, toutes catégories confondues, dont plus de 70 000 en provenance de l’Hexagone. Dans son rapport du mois de septembre sur l’évolution du marché des viandes rouges à l’exportation, l’organisme français spécialisé dans les statistiques agricoles, FranceAgriMer, s’inquiétait des conséquences entraînées par la suspension de toutes les opérations d’importation, décidée par l’Algérie en juillet dernier afin d’endiguer la propagation du virus de fièvre aphteuse dans le pays.
« La demande algérienne est en régression, depuis juin, pour des raisons sanitaires (épizootie de fièvre aphteuse) », souligne l’organisme français, FranceAgriMer, dans son rapport, tout en précisant que les pertes des débouchés turc et plus récemment algérien pour les gros bovins finis ne sont pas compensées par les autres pays importateurs. Sur ces marchés, les exportations de gros bovins destinés à la boucherie ont connu une forte croissance (+133,1%), depuis janvier, (soit avant l’apparition du virus de la fièvre aphteuse, ndlr).
Durant cette période, les importations algériennes en ce type de bovins a dépassé les 1 500 têtes, selon les statistiques de FranceAgriMer, précisant que « cette situation favorable sur le marché algérien (n’a pas) perduré avec la fermeture des frontières du pays dès juin 2014 pour des raisons sanitaires (épizootie de fièvre aphteuse) ». Toutefois, pour les mois qui viennent, les exportateurs en bovins vivants sont à nouveau optimistes quant à la tendance du marché algérien.
Mourad Allal (L’Éco n°98 / du 16 au 31 octobre 2014)