La filière de la tomate industrielle a été durement affectée ces cinq dernières années par les importations massives du double et triple concentré de tomate.
Le président de la Chambre nationale d’agriculture, Mohamed Cherif Ould El Hocine, qualifie ces importations massives de «malédiction» pour la tomate industrielle locale. Il plaide pour l’installation de barrières tarifaires sur les frontières pour sauver cette filière sinistrée.
«Les importations du double et triple concentré de tomate est une malédiction pour la production locale. Nous pouvons relancer cette filière à condition de mettre en place des mécanismes protectionnistes», a estimé hier le président de la chambre nationale d’agriculture sur les ondes de la chaîne III.
Il a révélé, sur sa lancée, que les pertes de la filière sont «importantes», en particulier dans les wilayas de l’Est du pays. La filière a perdu en l’espace de quelques années 80.000 postes d’emploi et 25.000 hectares de surface cultivable. Une trentaine d’unités industrielles ont mis les clés sous le paillasson dans les wilayas d’Annaba, El Tarf et Souk Ahras.
«De 32.000 hectares, nous sommes passés à 7.000 hectares. Nous sommes revenus à partir de 2008 à 17.000 ha», a-t-il regretté. Plus inquiétant, après les importations massives tunisiennes, c’est la tomate industrielle turque qui risque d’achever ce qui reste d’une filière à l’agonie. Mohamed Ouled El Hocine tire la sonnette d’alarme.
Quelque 2.000 tonnes de concentré de tomate importées de Turquie seront déchargées dans les prochains jours dans les ports algériens. De nouvelles importations qui devront mettre en souffrance la filière nationale déjà fragilisée par les importations massives de Tunisie.
En dépit de cette situation catastrophique de la filière de la tomate industrielle, le patron de la Chambre nationale d’agriculture reste confiant dans l’avenir. «La situation est en train de changer. Les agriculteurs ont bénéficié de subventions de l’ordre de 20% sur les engrais et les semences ainsi qu’une réduction des charges fiscales.
L’Etat a pris des engagements pour relancer cette filière et il est en train de les honorer», affirme le même intervenant. Et d’enchaîner : «Il faut faire en sorte qu’il n’y ait plus d’importation de concentré de tomate. Il faut lutter également contre les importations informelles d’un pays voisin».
Questionné sur les faibles performances de la filière lait qui a réussi à collecter l’année dernière 314 millions de litres de lait, soit près de la moitié de son objectif de 600 millions de litres, le patron de la Chambre d’agriculture pointe du doigt les importations de la poudre de lait. «Les importations nous gênent énormément. Le problème, c’est la volatilité des prix de la poudre de lait dans les marchés internationaux.
Si les prix de la poudre baissent, tout le monde se met à importer au détriment de la filière locale», signale-t-il. Concernant la filière oléiculture, il a concédé que la production nationale d’huile d’olive a sévèrement baissé durant l’année dernière. Toutefois, il a soutenu que cette filière n’est pas dans le rouge.
Revenant sur l’assainissement de la corporation, le patron de la Chambre nationale d’agriculture a souligné que près de 24.800 faux agriculteurs ont été radiés des listes. «Il existe des personnes opportunistes dans la corporation. Nous attachons une grande importance à cette opération d’assainissement qui est permanente», a-t-il conclu.
B. Mahmoud