Les acteurs de la filière avicole demandent une intervention « rapide » et « urgente » de l’Etat afin d’éviter l’effondrement et la disparition de cette activité confrontée à plusieurs difficultés. La situation de cette filière est « dramatique », selon les opérateurs contactés par nos soins.
« Actuellement, nous sommes en train de procéder à l’abattage de tout notre cheptel et de chercher le moyen d’écouler les tonnes d’œufs accumulés, afin d’éviter l’aggravation des pertes que nous avons enregistrées jusqu’à maintenant », ont-il affirmé. Selon eux, la surproduction de la viande de poulet et des œufs, qui a fait chuter les prix de presque 50%, trouve son origine dans « l’opération d’importation de 150 millions de poules pondeuses supplémentaires aux capacités du marché local estimé à 450 millions de poules seulement ». Outre la chute des prix, l’abondance de ce produit sur le marché a créé une panique chez les producteurs « qui ne trouvent plus de preneurs » et qui craignent davantage de pertes en raison de la fragilité des œufs dont la date d’expiration s’écoule au bout de 15 jours de sa production.
« La chute des prix a fait que le plateau d’œuf est cédé entre 150 et 200 DA seulement. Nous sommes obligés de vendre à ce prix-là pour éviter le pourrissement de l’œuf, qui est un produit très fragile et délicat. Ce prix est loin de refléter les gros investissements que nous avons consentis pour monter nos usines », déplorent les opérateurs.
La crise dans la filière avicole est favorisée par la cherté de l’aliment destiné aux volailles mais aussi par la désorganisation de ce secteur. « Les exonérations de la TVA décidées sur l’achat des aliments ne profitent pas aux véritables producteurs et éleveurs mais plutôt aux importateurs qui tirent toutes les ficelles », ont-ils déploré. L’intervention de l’Etat doit se faire, selon ces producteurs, sur plusieurs niveaux. Il est question d’abord de recenser les producteurs et éleveurs qui sont actuellement en activité. La deuxième mesure concerne « l’interdiction immédiate de l’importation de ces produits ».
Les producteurs plaident pour « la mise en place d’une traçabilité de la matière première importée qui coûte cher au Trésor public » et « un contrôle rigoureux en amont et en aval sur les destinations de cette marchandise qui doit être orientée exclusivement vers le producteurs ayant un cheptel existant et des clients facilement identifiables ». Pour mieux peaufiner l’organisation de la filière, les producteurs appellent au contrôle des agréments et de la marchandise. « Il est regrettable de constater que 80% de la production avicole agit dans le circuit informel ».
La non prise de mesures urgentes pour éviter la disparition de cette filière risque d’entraîner « la fermeture des gros complexes de production avicole ». Cette situation aura des conséquences néfastes sur la prochaine rentrée. « L’Etat va devoir importer des œufs et de la viande blanche sachant que le gouvernement veut réduire la facture des importations suite à la réduction des recettes du pétrole ».
Nouria Bourihane