Elit, El Djazair Information Technology, une SSII de plus de 180 ingénieurs est passée à une étape importante, celle qui consiste à délivrer des produits. «Nous sommes passés à une autre étape, celle qui consiste à mettre à la disposition des filiales du groupe des logiciels développés par nos équipes», nous dit Abdelwahab Boukharouba, lors de la pause-café tout en ajoutant qu’«un système d’information facilite le travail des gestionnaires et améliore les performances du groupe». Mais pour en arriver là, il a fallu de la patience mais aussi de la stratégie tout en nous signifiant que «la Sonelgaz disposait déjà avant Elit d’un système d’information que nous sommes en train de moderniser car il ne répond plus aux normes standard exigées par le groupe Sonelgaz».
Au cours des présentations d’Elit faites la plupart par de jeunes ingénieurs qui expliquaient patiemment la méthode choisie mais aussi les objectifs, la Sonelgaz a pris le pari de choisir pour Elit,son SSII, de développer ses logiciels en Open source. En effet, on peut lire dans le Schéma directeur informatique de 2006 à 2011 : «L’adoption et l’utilisation des outils Open source dans le domaine du développement des SI et des TIC, pour réduire, dans la mesure du possible, la dépendance vis-à-vis des éditeurs des solutions» est maintenu dans le schéma directeur informatique 2012-2016.
Tout cela, nous dit Abdelwahab Boukharouba, a été fait après une longue étude tout en ajoutant qu’«une fois le choix fait, on est passé directement au choix des outils Open source pour faire cela». Le voyant pris par la journée, je lui propose de passer le revoir en ses locaux et ainsi avoir du temps pour en parler.Quelques jours plus tard, me revoilà chez Elit dans le bureau d’Abdelwahab Boukharouba, directeur général d’Elit et je lui dis «Open source : un challenge ou un choix». Tout en souriant, il me répondit «nous avons fait une très longue étude pour faire le choix de l’Open source, qui est un choix stratégique pour Sonelgaz et Elit». Il sort un énorme dossier dans lequel il y a beaucoup de tableaux tout en me disant «voilà le dossier».
La refonte d’un système d’information n’est pas chose aisée d’autant plus que la Sonelgaz c’est plus de 60 000 employés, plus de 17 000 km de lignes électriques, des usines de production d’électricité, des pipes de distribution de gaz pour les 6 millions de foyers. «Elit s’est arcboutée sur deux volets. Le premier est hardware qui est notre Datacenter opérationnel et le deuxième concerne les équipes de développement. Ce sont eux qui créent de la valeur ajoutée, des logiciels pour le groupe. Par contre l’un ne va pas sans l’autre auquel j’ajoute que la refonte d’un SI entraîne automatiquement des changements d’ordre culturel, comportemental et organisationnel». Il me propose d’abord de visiter le Datacenter et qu’ensuite nous pourrions parler de l’Open source et des équipes de développement.
Un Datacenter
Très simple, affable même, le directeur général nous fait visiter le Datacenter, une immense salle bien blanche remplie de serveur blade, tout en nous disant que «ce que vous voyez là existe ailleurs en redondance». Bien rangés comme des petits soldats, les serveurs clignotent à n’en plus finir. Sans bruit sauf le ronronnement de la climatisation, il nous explique qu’«ici c’est notre téléphonie IP», quelques mètres plus loin, il nous montre « les firewares» et autres produits pour la sécurité tout en nous disant que «nous avons une équipe qui s’occupe de ce volet».
Quelques pas plus loin, il nous montre les serveurs blades. Un serveur lame ou blade est un serveur conçu pour un très faible encombrement. Alors qu’un serveur en rack n’est qu’un serveur traditionnel de taille un peu réduite, le serveur lame est beaucoup plus compact, car plusieurs composants sont enlevés, étant mutualisés dans un châssis capable d’accueillir plusieurs serveurs lames. Le châssis fournit ainsi l’alimentation électrique, le refroidissement, l’accès au réseau, la connectique pour écran, clavier et souris. Le contenu ou le rôle du châssis peut varier d’un constructeur à l’autre. Et juste derrière, il nous montre les racks de l’espace de stockage tout en nous disant que «tout notre matériel est soumis à des tests car voyez- vous, ici, se trouvent les data du groupe et ses filiales. Et tout est redondant»
Open source
Plusieurs questions tournent à la vitesse de la lumière dans ma tête. Nous faisons un petit tour dans une très grande salle où tout est en Open space et où l’on voit des groupes travailler ensemble. Le DG d’Elit me dit alors «ce sont nos ingénieurs de développement avec à côté leur chef de projet». En m’inquiétant des petites salles, il me dit que «c’est ici qu’ils se réunissent quand ils ont quelque chose pour être tranquille et ne pas gêner les autres». Dans ma tête j’avais le chiffre de 200, ce qui fait la plus grande SSII en Algérie mais il me rectifie «nous avons un peu plus de 180 ingénieurs et nous allons encore en recruter». Effectivement, pendant la journée, il y a eu un protocole d’accord signé entre le directeur général de l’ESI -Ecole supérieure de l’Informatique- et Elit sous la supervision de Bouterfa, PDG du groupe Sonelgaz qui parlait de «veille informationnelle» mais aussi de l’ERP.
La question de la ressource humaine se pose d’elle-même. Mon interlocuteur me répond immédiatement «nous y avons longuement réfléchi. Deux choses revenaient souvent : les leaders qui pouvaient prendre en charge des équipes de développement et la rémunération». A sa création, Elit se devait de prendre des cadres issus de Sonelgaz mais son choix s’est porté sur les cadres ayant une expérience en conduite de projet dans lequel «nous avons mis beaucoup de formation» mais aussi des réunions presque au quotidien.
Ensuite Elit est passée aux équipes, «il nous fallait des équipes stables même si nous perdons chaque année de très bons éléments, nous en recrutons d’autres et nous les formons». La conservation des compétences repose également sur «la culture d’entreprise propre à Elit», ce qui permet «d’attirer les talents». L’autre facteur, nous dit le DG d’Elit, est «la confiance» qui se traduit par un «management participatif». Et au regard de ses métiers, «Elit offre de bonnes opportunités pour ses collaborateurs».
Enfin, nous dit-il la moyenne d’âge au sein d’Elit est de 26 ans. « Il fallait connecter le groupe et permettre la communication», me dit Abdelwahab Boukharouba et pour cela nous avons lancé une solution de messagerie Open-Xchange 5.0 Server qui compte aujourd’hui plus de 12 000 comptes qui traite plus de 15 000 emails par jour et une solution Helpdesk GLPI (Gestionnaire libre de parc informatique qui offre la gestion des interventions avec 5 000 comptes environ et 50 tickets ouverts par jour en moyenne (stat. 2013).»Cette entrée en matière me laisse présager qu’il va y avoir encore d’autres choses. «Nous sommes donc passés à autre chose qui touche directement à la ressources humaine».
Le nouveau système informatique de la ressource humaine (SIRH) appelé «Nova» est «conçu de manière à garantir la fiabilité, la disponibilité et la sécurisation des données», nous dit Meddan, chef de projet tout en ajoutant que «c’est un système évolutif et adapté à la configuration des sociétés du groupe avec en plus de la mutualisation», développé par ses moyens propres et conduit par une équipe mixte composée de la DRH comme maître de l’ouvrage et Elit comme maître d’œuvre. Aujourd’hui, nous dit son chef de projet, «toutes les filiales font l’impression de la feuille de paie et gèrent leur personnel chez eux et directement».
Enfin, nous dit Meddan «c’est un lourd projet mais nous l’avons fait aboutir».
Doucement mais sûrement, l’équipe d’Elit est en train de prendre de l’expérience et de l’assurance et comme le dit si bien «des changements plus profonds dans le système d’information deviennent impératifs et peuvent constituer une exigence de survie» mais «le véritable défi pour nous serait de passer à un modèle orienté service».