Figure marquante du mouvement national,Ahmed Mahsas tire sa révérence

Figure marquante du mouvement national,Ahmed Mahsas tire sa révérence

La dernière apparition publique du défunt. C’était lors des hommages rendus aux anciens ministres de l’Agriculture

Décédé, hier, à l’âge de 90 ans, Ahmed Mahsas fait partie de ces patriotes qui ont préparé Novembre et contribué grandement à la lutte de Libération nationale.

Après les présidents Ahmed Ben Bella et Chadli Bendjedid et, tout récemment, Abderrezak Bouhara, un autre moudjahid de la première heure nous quitte à son tour, plongeant la famille révolutionnaire dans le deuil et la consternation.

Décédé, hier, à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja où il avait été admis pour des soins intensifs, Ahmed Mahsas laisse derrière lui l’image d’un patriote au grand coeur qui a consacré une grande partie de sa vie au service de l’Algérie. Comme de nombreux jeunes de sa génération, il commença très tôt à s’intéresser à la politique.

Dès l’âge de 17 ans – il est né le 17 novembre 1923- Ahmed Mahsas fait ses premières armes en militant au sein du PPA dont il deviendra rapidement un membre très actif et très influent.

En compagnie de Mohamed Belouizdad, fondateur de l’OS, de Ben Bella, Aït Ahmed, Bitat et consorts, il prépare la lutte armée et ne tarde pas à se faire connaître des services secrets français qui le mettent sur la liste des personnes recherchées pour activités politiques et atteinte à l’ordre public. Arrêté, puis incarcéré à la prison de Blida, il réussit à s’évader en compagnie de Ben Bella, en 1952. Mais pour les historiens, il restera celui qui a été pour beaucoup dans la découverte, puis l’enrôlement de Abane Ramdane au sein du parti.

C’est dans le vieux quartier de Belcourt qu’il entame son parcours de militant de la Cause nationale aux côtés de Mohamed Belouizdad, son «compagnon d’armes de toujours».

C’est dans ce quartier, également, qu’il fit la connaissance de l’architecte du Congrès de la Soummam. «J’ai appelé tout de suite Hocine Lahouel pour lui faire part de cette découverte tout en insistant sur son recrutement et son intégration au parti», avait-il confié à un journaliste qui cherchait à faire la lumière sur les circonstances exactes de la mort de l’architecte de la révolution. «Je me considère comme un sinistré dans le domaine de l’information et les citoyens qui veulent savoir plus sur l’histoire de ce pays le sont encore davantage», avait-il déclaré. Jusqu’à son dernier souffle, il a lutté pour une Algérie plurielle, tournée vers le progrès et le futur. Il ne cessait de dire que «c’est dans le débat contradictoire et les échanges d’idées que nous arriverons construire un pays et lui éviter les violences.»

Son séjour parisien, durant la révolution, lui avait permis de faire la connaissance de nombreux grands journalistes et de faire plus ample connaissance avec ce métier considéré par l’administration coloniale comme une arme redoutable, à l’époque.

Pour la petite histoire, Ahmed Mahsas avait confié qu’il avait fait des études de journalisme en France et que pour pouvoir accéder à l’Institut, il s’était inscrit sous un faux nom.

Au lendemain de l’indépendance, il est nommé ministre de l’Agriculture et de la Réforme agraire, mais le putsch de 1965 et sa brouille avec le nouveau président Houari Boumediene, l’obligèrent à s’exiler en France jusqu’en 1981, date à laquelle il décide de rentrer au pays où il se consacrera à l’écriture de l’histoire de son pays afin de perpétuer la flamme et la légende des hommes qui ont écrit en lettres d’or l’histoire de la révolution.