Pastèques, melons, raisin ou encore pêches ont du souci à se faire devant l’arrivée en force d’un concurrent qui s’est longtemps fait discret. La figue de Barbarie, ou El-hendi, ce fruit sauvage avec ses épines, qui a colonisé depuis plusieurs siècles montagnes, plaines et vallées d’Algérie, a su se faire une place dans les plus grands marchés et rues commerçantes du pays. Souk Ahras envisage même d’en faire un fer de lance local et pense désormais à l’exportation. Petit tour d’horizon.
Quand El hendi détrône la pastèque et le melon
Concurrence n Lentement mais sûrement, la figue de Barbarie, ou El hendi (fruit de l’opuntia), envahit les marchés de Souk Ahras et ses rues commerçantes…
La saison estivale qui vient de s’achever était là pour nous le faire rappeler. Pratiquement toutes les bordures des routes nationales en étaient inondées, concurrençant ainsi les fruits de saison comme la pastèque, le melon et le raisin sur les meidas du f’tour.
Le slogan préféré des vendeurs interpellant les passants demeure cette bonne vieille réplique bien rimée : «El hendi ouelmouss men aândi», qui signifie que le prix de la vente de la figue de Barbarie inclut l’enlèvement de la peau épineuse de ce fruit sauvage. Près du CEM Ibn Khaldoun, comme le long de l’avenue de Tébessa, le spectacle des vendeurs, majoritairement des enfants, traînant des charrettes ou de simples brouettes, fait désormais partie du décor à chaque saison. Nombre de ces jeunes vendeurs contribuent par cette activité à soutenir le budget familial. Sofiane K. âgé de 16 ans, affirme s’adonner à ce commerce «pas du tout facile» pour mettre de côté un petit pécule pour participer aux dépenses. D’autres jeunes se sont spécialisés dans la cueillette de ce fruit sauvage plein de fines épines en dépit des fortes chaleurs qui sévissent dans la région. Au vu de la foule qui s’amasse devant ces vendeurs, les habitants de l’antique Taghaste semblent avoir bien du mal à résister à l’envie d’acheter une ou deux douzaines de figues épluchées, mûres et bien juteuses. Le fruit sera ensuite placé au réfrigérateur où il passera quelques heures avant d’être dégusté bien frais dans la soirée. Le prix de vente, qui va de 8 à 10 DA la pièce, bien qu’élevé par rapport à la saison dernière, ne pose pas de problème, car certains consommateurs fidèles au fruit de l’opuntia n’hésitent pas à se payer 100 fruits au prix de gros de 600 DA. Pour les vendeurs, ces tarifs représentent tout juste le prix qu’il faut pour rémunérer les charges de récolte, de transport et de mise en vente et restent bien plus abordables que les prix de presque tous les autres fruits. Les variétés de figues de Barbarie poussant à Souk Ahras figurent parmi les meilleures, assurent les grands connaisseurs d’El hendi. Ce fruit sauvage pousse dans cette wilaya sur environ 4 000 hectares situées surtout dans les deux communes de Sidi Fredj et de Ouilène, ainsi que dans la région frontalière de Ouled Abbas. La Chambre de l’agriculture de la wilaya entend, selon ses responsables, créer une coopérative pour l’exploitation et la valorisation de la figue de Barbarie à travers l’ouverture d’une unité pour l’extraction d’huiles essentielles, de jus et même pour la production d’aliments pour bétail. Selon les responsables de la Chambre, les efforts sont également dirigés vers la densification des plantations d’opuntia dans les régions steppiques de la wilaya. Les champs d’opuntia qui attirent les animaux sauvages, dont le lièvre et la perdrix, peuvent servir d’autre part au développement de la chasse touristique dans les zones arides, relève-t-on.