Figo : «Chez nous au Portugal, les gens se souviennent encore de Madjer»

Figo :  «Chez nous au Portugal, les gens se souviennent encore de Madjer»

Luis Figo était parmi les «gloires» honorées au Golden Foot, à Monaco. Un trophée qui fait l’honneur de l’actuel ambassadeur de l’Inter de Milan qui dit aimer chacun de ses trophées, comme si c’était son premier. Aimablement et avec une décontraction telle qu’on la lui connaît sur le terrain, le Portugais a accepté de répondre à nos questions. Son témoignage sur la popularité de Rabah Madjer au Portugal est une reconnaissance envers le football algérien. Entretien.

Luis Figo, vous avez pratiquement tout gagné dans votre carrière, que peut-il signifier pour vous ce trophée du Golden Foot ?

Beaucoup de choses. Chaque trophée ou distinction que j’ai remporté a de la valeur à mes yeux. C’est le fruit de mon travail. Quelque part, cela signifie que j’ai bien bossé. Je suis d’autant plus fier de ce trophée, parce qu’il consacre toute ma carrière, non pas une saison particulièrement. Après, c’est toujours un honneur de voir son nom gravé aux côtés des géants du football mondial comme Maradona, Platini et Zidane…

Le même trophée a été décerné à Rabah Madjer, quel souvenir gardez-vous de lui ?

Il le mérite amplement, au regard de sa grande carrière, que ce soit à Porto ou avec la sélection algérienne. Chez nous au Portugal, les gens se souviennent encore de lui et de sa légendaire talonnade, bien que la carrière de Madjer ne se limite pas à ce fameux but inscrit en finale de la Ligue des champions. Il a beaucoup contribué aux différents titres remportés par le FC Porto.

Avez-vous suivi le parcours de la sélection d’Algérie lors du Mondial 2010 ?

Pas spécialement. J’étais plus concentré sur le Portugal. Après, le fait déjà que l’Algérie soit allée en Coupe du monde prouve qu’elle a beaucoup progressé, quand on sait qu’il n’est jamais aisé de se qualifier.

Pourquoi avez-vous choisi de rester à l’Inter de Milan, après votre retraite sportive ?

L’Inter reste une station très importante dans ma carrière. J’ai passé de très bons moments là-bas. Du coup, lorsque les dirigeants du club m’ont proposé d’intégrer la direction, je n’ai pas hésité une seule seconde. Cela me permet de rester proche du terrain. Je suis plus porté vers la formation. J’essaye d’encourager les jeunes pousses du club. Nous visons aussi d’ouvrir plusieurs centres de formation, pas spécialement en Italie, mais un peu partout dans le monde. Avec Toldo, on s’investit à fond.

A priori, vous aimez travailler avec les enfants ?

C’est un plaisir. J’aime aider les jeunes à gravir les échelons, à franchir le cap vers le professionnalisme. Grâce à mon expérience, je sais combien il est important d’être bien encadré à cet âge-là. Cela peut constituer un virage important dans la carrière d’un footballeur. Personnellement, je n’oublierai jamais tous ceux qui m’ont aidé ou conseillé quand j’étais jeune.

Est-ce une manière de vous préparer pour une future carrière d’entraîneur ?

Pour le moment, je ne suis qu’un simple dirigeant. J’essaye de mener à bien la mission qui m’a été conférée avec toute la passion qui est la mienne. Après, je ne vous cache pas que je n’ai pas encore réfléchi à ce que je ferai plus tard. Je mesure parfaitement combien il est difficile le métier d’entraîneur. Il faut être bien préparé, avant de s’y lancer. Et comme je suis du genre à tout envisager dans ma vie, je vous répondrai que tout est possible. J’aime le football et j’éprouve encore du plaisir à baigner dedans. Aujourd’hui, je suis heureux comme dirigeant. Demain, qui sait, je serai peut-être entraîneur !

Rabah Madjer s’est reconverti naturellement dans le métier d’entraîneur…

Oui, je suis au courant. Je l’ai entendu parler de ça lors de la conférence de presse collective. Je pense que tout joueur qui a joué au plus haut niveau durant plusieurs années ne peut pas vivre loin du football. C’est comme un poisson dans l’eau. C’est son univers. Madjer en fait partie.

Certains observateurs n’ont pas écarté la possibilité de vous voir revenir sur votre décision de partir à la retraite, eux qui estiment que vous avez encore des choses à donner ; qu’en pensez-vous ?

J’avais décidé de mettre un terme à ma carrière. Mais je ne me suis pas précipité dans mon choix. J’en étais convaincu. Je me souviens avoir reçu beaucoup de propositions à ce moment-là, mais je n’ai pas changé d’avis. Ma décision était déjà prise.

Que signifie pour vous le titre d’ambassadeur de l’Inter ?

Ce n’est pas une distinction, mais plutôt une mission que je suis appelé à mener à bien. Je suis tout enchanté de représenter un grand club de la dimension de l’Inter. C’est vrai que cela demande beaucoup de temps, mais ça ne me dérange pas. J’aime voyager. C’est toujours une opportunité de découvrir les différentes cultures du monde.

Votre compatriote Cristiano Ronaldo est pressenti pour vous succéder en sélection du Portugal, que pensez-vous de lui ?

Il fait son boulot comme il se doit en sélection. C’est un joueur fantastique. Mais il n’y a pas lieu de faire une comparaison ; chaque joueur à ses propres caractéristiques.

Certains sont unanimes à dire que son rendement est meilleur en club, êtes-vous de cet avis ?

C’est leur avis. Moi, j’ai le mien. Seulement, tout le monde s’accorde à dire que Cristiano est un joueur fantastique.

L’Inter éprouve beaucoup de difficultés en ce début de saison, pourquoi selon vous ?

Je pense que l’Inter a suffisamment de temps pour se ressaisir. Il y a un bon groupe. De la qualité aussi. Personnellement, je ne suis pas du tout inquiet quant à l’avenir de l’Inter dans le Calcio.

Quel est le plus beau trophée qu’on vous a décerné ?

Chaque trophée que j’ai remporté m’a comblé. Ce n’était pas des cadeaux, je les ai gagnés, donc forcément, j’éprouve de la fierté quand je les regarde chez moi. Après, c’est vrai que le Ballon d’Or que j’ai remporté en 2000 a une place particulière. J’en serai toujours fier.

Vous vous souvenez sans doute de votre transfert du Barça au Real, comment avez-vous vécu ces moments ?

Cela restera sans doute l’un des plus grands moments de ma carrière. En plus du fait que ça a été l’un des plus gros transferts de l’époque, j’ai enrichi mon palmarès par plusieurs titres. Ce fut une expérience enrichissante en tout point de vue.

Quel est le meilleur joueur de l’histoire du football portugais ?

Eusebio, sans aucun doute. Un joueur hors pair.