La panique s’est emparée des éleveurs de la wilaya de Tizi-Ouzou suite à l’apparition, il y a quelques jours, des premiers cas de fièvre aphteuse, a-t-on appris dimanche auprès de ces derniers et des organisations qui les représentent.
Rencontrés au niveau de l’Institut de technologie, moyens agricoles spécialisés (ITMAS) de Boukhalfa (commune de Tizi-Ouzou), où devait se tenir une assemblée élective de l’interprofessionnelle des viandes rouges, des éleveurs de plusieurs communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, ont exprimé, à l’APS, leur craintes quant à l’évolution de la maladie qui menace de décimer leurs cheptels et le déficit en information sur cette maladie très contagieuse qui touche les cheptels ovin et bovin.
Rabah Ouguemat, SG de l’Association pour le développement de l’agriculture de Timizart (ADACT), a observé que des éleveurs de cette localité, connue pour être le premier bassin de production de lait de vache cru au niveau de la wilaya, « n’observent pas les mesures d’hygiène, de mise en quarantaine et de cessation de tout mouvement de cheptel, recommandées pour limiter la contagion. »
Dans la partie sud de la wilaya, notamment au niveau des localités de Aïn Zaouïa, Boghni et Draâ El-Mizan, « la panique s’est emparée des éleveurs après l’apparition des premiers cas de fièvre aphteuse », a indiqué Brahimi Djamel, de l’association Baraka, des agriculteurs de Ain Zaouïa.
MM. Ouguemat et Brahimi ainsi que des représentants locaux de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), à savoir MM. Chebah et Himeur, ont relevé « un manque de communication entre l’administration et les agriculteurs, ce qui a conduit de nombreux agriculteurs à ne pas déclarer les foyers de fièvre aphteuse, par crainte de voir abattre tout leur cheptel au cas où l’un des animaux serait atteint, et par espoir d’en sauver une partie, ce qui est impossible s’agissant de cette maladie extrêmement contagieuse. »
D’autres éleveurs procèdent eux-mêmes à l’abattage et à l’incinération des bêtes malades ou les jetant, tout simplement, dans des ravins créant ainsi de nouveaux foyers de la maladie, déplorent les agriculteurs.
Pour parer à cette situation, les associations ADACT, Baraka et l’UNPA, qui ont déjà lancé, chacune de son côté, un travail de sensibilisation sur le terrain, ont décidé de se réunir, demain lundi, pour tracer un programme commun de conférences de proximité pour aller vers les éleveurs afin de leur donner des conseils quant aux mesures préventives à observer, et les inciter à déclarer les foyers de maladie.
Abtout Loucif, inspecteur vétérinaire principal en chef, a déclaré à l’APS que la maladie « évolue lentement », et que 70 % du cheptel de la wilaya est vacciné de manière régulière, ce qui lui offre une couverture immunitaire contre la fièvre aphteuse. Il a rassuré les éleveurs qu’une indemnisation des cheptels détruits est prévue.
Pour sa part, Amar Boyezgarene, président de la chambre d’agriculture, a déclaré que la situation de la fièvre aphteuse au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou « n’est pas alarmante ». Il recommande aux éleveurs l’arrêt de tout mouvement de cheptel pour limiter la propagation de la maladie. L’élection du Conseil inter professionnel des viandes rouges de la wilaya de Tizi-Ouzou n’a pas eu lieu, les agriculteurs présents à l’ITMAS ayant jugé « plus urgent » la gestion du problème de la fièvre aphteuse.
Rayan Nassim