Fièvre aphteuse : Le monde rural boude les assurances

Fièvre aphteuse : Le monde rural boude les assurances

Selon le P-DG de la Cnma, la faible adhésion du monde agricole et rural à l’assurance s’explique par un déficit de communication et de sensibilisation de la part des assureurs.

L’épizootie de la fièvre aphteuse qui a touché le bétail en juillet dernier, a révélé le faible taux de couverture en assurances des cheptels des éleveurs en Algérie. C’est ce qui ressort des propos du P-DG de la Caisse nationale de mutualité agricole (Cnma) Chérif Benhabilès qui vient de déclarer: «Seulement 163 éleveurs bovins ont fait des déclarations de sinistre après que leurs bétails eurent été touchés par la fièvre aphteuse précisant que les éleveurs assurés représentent entre 8 et 8,3% de l’ensemble des professionnels de la filière.»

A l’en croire, le montant des indemnisations relatives à ce sinistre s’élève à quelque 21 millions de dinars. Et le même responsable de tirer ce constat: «C’est un très faible taux par rapport aux potentialités existantes dans la branche», a-t-il observé. Autant de propos qui remettent sur la table le «problème de confiance entre les professionnels et les assureurs de manière générale». En somme, la culture de l’assurance est encore loin d’être présente dans le monde agricole et rural.

Selon le même responsable, la faible adhésion du monde agricole et rural à l’assurance s’explique également par un déficit de communication et de sensibilisation de la part des assureurs mais aussi par les tarifs élevés des primes d’assurance, en particulier celles liées à la couverture contre les calamités. Pour ce deuxième facteur, M.Benhabilès a relevé que l’offre actuelle en matière de couverture contre les calamités «n’est pas adaptée aux moyens financiers, parfois limités, des agriculteurs».

Afin de remédier à cette situation, le patron de la Cnma a préconisé la mise en place par les pouvoirs publics de dispositifs économiques d’assurance contre les différents sinistres, à commencer par les cultures stratégiques (pomme de terre, tomate, céréales) et les activités d’élevage. «L’assurance doit aussi être utilisée comme un instrument de gestion des risques et un moyen pour suppléer aux dispositifs étatiques de subvention pour sécuriser le revenu de l’agriculteur et contribuer à assurer la sécurité alimentaire du pays», a-t-il insisté.M.Benhabilès recommande de transformer la Cnma en «un guichet unique dans lequel l’agriculteur pourrait trouver tous les services dont il a besoin (assurances, crédits, sécurité sociale…)».

Le P-DG de la Cnma a, par ailleurs, assuré que tous les éleveurs dont le bétail a été affecté par la fièvre aphteuse ont été indemnisés dans un délai de 20 jours maximum à compter de la date de dépôt de leurs dossiers à l’exception de certains assurés qui ont été appelés à compléter leurs dossiers. «Nous avons même procédé à des avances sur sinistres pour permettre aux éleveurs assurés de reprendre leurs activités», a-t-il fait savoir, ajoutant que «cette initiative a donné plus de crédibilité à la Cnma face à ses clients».

Dans le même sens, la valeur de l’indemnisation est définie dans le contrat d’assurance par des critères incluant, entre autres, le prix du bovin déclaré par l’assuré et en fonction du degré du sinistre. «Seul l’expert est habilité à définir la valeur de l’indemnisation», a précisé M. Benhabilès, assurant qu’aucun cas de dossier frauduleux n’a été signalé jusqu’à présent. La Cnma a réalisé une progression conséquente du chiffre d’affaires de ses branches assurances avec une hausse de 22% en 2013 par rapport à 2012.

Elle détient désormais une part de 81% dans le marché des assurances agricoles avec une évolution de 15% par rapport à l’exercice précédent. La Cnma dispose actuellement d’un réseau de 66 Caisses régionales (Crma) et de 367 bureaux locaux répartis sur le territoire national, selon un bilan récent de cet établissement.