fièvre Aphteuse, l’ épidémie se répand et le scandale s’étend

fièvre Aphteuse, l’ épidémie se répand et le scandale s’étend

L’épidémie de la fièvre aphteuse qui s’est déclarée il y a trois semaines dans la wilaya de Sétif est-elle maîtrisée? Si les pouvoir publics affirment contrôler la situation, ce n’est pas l’avis des vétérinaires.

Dans un entretien publié hier par le quotidien francophone El Watan, Akali Saïda, Secrétaire générale du Syndicat national des vétérinaires fonctionnaires, affirme que son organisation « est incapable de faire le point de la situation pour le moment».

On apprendra que de nouveaux foyers sont encore déclarés notamment dans la capitale qui n’est pas une région d’élevage. Les raisons de cette propagation de la maladie incombent à un ensemble d’éléments notamment «le non-respect des mesures prises par le ministère de l’Agriculture». Pour elle, les autorités doivent savoir que pour limiter l’épidémie, «il faut l’implication de l’ensemble des partenaires, de la police à la gendarmerie en passant par les maquignons et les médecins vétérinaires ».

Elle précisera que «la gendarmerie aurait dû être associée à ce travail afin de contrôler, au niveau des autoroutes, la provenance du cheptel. Hier, le marché aux bestiaux de Boudouaou était ouvert, et ce, en dépit de l’instruction du ministère de tutelle portant sur la fermeture de tous les marchés jusqu’à l’éradication de la maladie». La secrétaire générale des vétérinaires fonctionnaires, énumérera un certains nombre d’anomalies dont «l’absence d’appui aux médecins-vétérinaires». Cette épidémie, aurait pu être évitée selon la syndicaliste si on avait pris plus de précaution.

«Les pouvoirs publics avaient pu éviter à notre pays cette catastrophe, s’ils avaient pris plus de précaution lorsque des foyers de cette maladie ont été signalés en Tunisie. Nos services vétérinaires ont notifié un premier foyer de fièvre aphteuse sur le territoire le 27 juillet dernier ; il concerne un élevage de bovins localisé au nord du pays. L’origine du foyer est liée à l’introduction illégale d’animaux en provenance de Tunisie, où la maladie s’est répandue depuis avril dernier».

On apprendra que l’Algérie était en alerte et avait lancé une campagne de vaccination, mais le ministère a levé l’instruction en juin dernier. Une décision inopportune, juge la syndicaliste. Elle signale, dans la foulée, un manque flagrant de produits de première nécessité pour les spécialistes de la santé animale. «En cette période d’épidémie, nous manquions du produit le plus élémentaire, à savoir le désinfectant approprié.

C’est insensé ! » Le ministère de tutelle, explique- t-on encore, «demande aux vétérinaires de terrain d’être solidaires et de se mobiliser pour la circonstance, mais il oublie de mettre à leur disposition en quantité suffisante des kits complets, c’est-à-dire une tenue complète à usage unique, gants, cache-bottes… Ces vétérinaires ont aussi besoin de moyens de locomotion adéquats et non pas des véhicules ne transportant que deux personnes avec, bien sûr, suffisamment de carburant sans oublier les pulvérisateurs de désinfectant».

Selon la secrétaire générale du syndicat des vétérinaires fonctionnaires, la fièvre aphteuse a “mis à nu les lacunes des pouvoirs publics. Le problème, à notre sens, n’est pas politique, il est stratégique”. Le problème, dira-t-elle encore, devait être signalé dès son apparition. “Chez nous, faute de procédure, chaque partie travaille avec les moyens du bord et selon son expérience”. Le Syndicat des vétérinaires a sollicité, selon elle, une entrevue avec le ministre de l’Agriculture, “mais ses représentants nous ont orientés vers son secrétaire général, auquel nous avons exposé les défaillances de nos services”.

HuffPost Algérie

Les carcasses contaminées revendues au rabais

En outre, les spéculateurs prospérant sous la crise de la fièvre aphteuse, ont bien fait des petits à qui, d’ailleurs, ils fourguent presque pour rien, les restes des carcasses des animaux abattus, les têtes, les peaux, les entrailles…, que ces derniers revendent sur les places commerciales dans des conditions de conservation, de vente et sanitaires qui laissent à désirer, ce qui constitue un danger avéré pour la santé des consommateurs.

Il faut dire aussi que la persistance de l’épidémie, son extension à d’autres régions du pays dans un laps de temps très court, mais aussi sa résonnance médiatique, constituent le terreau fertile pour l’apparition, aujourd’hui sous des aspects encore timides, d’une psychose de la consommation de la viande qui risque, de jour en jour, de gonfler pour installer des incidences économiques importantes et causer des pertes considérables aux circuits de vente, avec des répercutions depuis l’éleveur jusqu’au boucher et enfin au consommateur.

Relevant aussi que le déversement de quantités de viande imprévues sur les places marchandes, avec en sus une défaillance criante en matière de capacités de conservation frigorifique à tous les niveaux du circuit, n’a pas encore tiré les prix de vente au détail vers le bas.

Les bouchers à qui nous avons posé la question sont resté sereins à ce sujet, la plupart d’entre eux, bien qu’ils appréhendent une évolution négative de la situation, à cause nous disent-ils, des défaillances et autres lacunes et limites des dispositifs publics pour juguler cette crise, considèrent que pour l’instant, leurs clients habituels continuent à leur faire confiance même s’ils posent des questions et se soucient un peu plus de la qualité des produits.

Coté consommateurs, sans vraiment crier à la psychose générale, les ménages évitent de se diriger vers les étals des boucheries sans carrément les déserter, ceci surtout avec un prix des viandes blanches et autres poissons qui ne fléchissent aucunement. Mais puisque l’été s’y prête bien, ce sont les légumes de saisons et les fruits qui sont les plus achetés dans les marchés et qui constituent, par leurs prix abordables, l’essentiel des achats des ménages.