Ils sont donc trois prétendants officiels pour Opel. L’italien Fiat, l’équipementier canadien Magna et l’investisseur financier américain Ripplewood ont déposé une offre de reprise, mercredi 20 mai, date butoir fixée par Berlin. Le temps presse pour le constructeur allemand. Sa maison mère, l’américain General Motors (GM), risque de déposer le bilan d’ici au 1er juin. Le constructeur, très mal en point depuis plusieurs mois, veut céder au plus vite une participation majoritaire dans sa filiale.
C’est GM qui désignera le repreneur. Toutefois, le gouvernement allemand, très impliqué dans le sauvetage d’Opel, rendra un avis décisif.
Selon le ministre du travail, Olaf Scholz, une décision est attendue dès la semaine prochaine. Une fois le choix entériné, le processus de finalisation pourrait prendre plusieurs mois. Entre-temps, Berlin souhaite mettre en place une société fiduciaire chargée de gérer temporairement l’entreprise. L’Etat et les Länder abritant des sites de production du constructeur sont prêts à fournir des crédits à hauteur de 1,5 milliard d’euros. Les caisses d’Opel sont vides et le groupe, qui fait travailler près de 26 000 personnes outre-Rhin, n’a pas les moyens de se maintenir seul la tête hors de l’eau.Trois scénarios sont envisageables pour une reprise…
Fiat. L’italien veut créer une nouvelle société qui réunirait sa branche automobile, ses parts dans Chrysler, et les filiales européennes de GM que sont Opel et le britannique Vauxhall. Son ambition : la deuxième marche sur le podium mondial des groupes automobiles, derrière le japonais Toyota. Mais les comptes de Fiat sont déjà plombés par une dette de près de 6 milliards d’euros (19 milliards avec les services financiers), et le groupe turinois n’entend pas débourser 1 centime. Son patron, Sergio Marchionne, a précisé que l’offre de reprise se ferait via un échange d’actifs. Fiat veut donner à Opel et à Vauxhall accès à sa technologie et à son réseau commercial comme il a déjà procédé pour Chrysler.
Les syndicats sont hostiles à une telle fusion, entre deux constructeurs présents sur les mêmes segments et les mêmes marchés. En tout, six usines et plus de 10 000 emplois seraient sur la sellette au sein du nouvel ensemble, selon les représentants des salariés. Pour Klaus Franz, le président du comité d’entreprise d’Opel, c’est « un scénario d’horreur ».
Magna. L’équipementier automobile canadien veut s’allier au constructeur russe GAZ – propriété du milliardaire Oleg Deripaska – et à la banque russe à capitaux publics Sberbank pour prendre une participation majoritaire dans Opel. A lui seul, Magna ne vise pas plus de 20 % du capital. Selon la presse, l’équipementier souhaite proposer à d’autres constructeurs d’utiliser les sites de production d’Opel pour y construire leurs propres modèles. Les noms de Ford et de Peugeot ont été évoqués. Jusqu’à présent, les syndicats ont manifesté une nette préférence pour cette candidature. Les menaces en termes de suppressions d’emploi sont moindres. Et, grâce à ce consortium, Opel pourrait se développer sur le marché russe.
Ripplewood. Son nom a commencé à circuler ces derniers jours. Ce fonds américain voudrait investir dans Opel via sa holding RHJ International, basée à Bruxelles, et qui contrôle depuis 2004 l’équipementier allemand en difficulté Honsel. Il n’a pas fait de commentaires sur sa stratégie.
Autre acteur à vouloir jouer un rôle : les concessionnaires automobiles d’Opel. Au nombre de 4 000, ils ne viseraient qu’une participation minoritaire (de 10 % à 20 % du capital). Pour financer l’opération, ils sont prêts à constituer un fonds de 500 milliards d’euros, via un prélèvement de 150 euros sur chaque véhicule vendu lors des trois prochaines années. Les concessionnaires envisagent de coopérer avec un autre investisseur et se disent ouverts à des discussions.