L’annonce par M. Aït Ahmed lui-même de son retrait de la présidence du FFS, semble avoir donné à réfléchir aux cadres en rupture de ban avec le parti. Cette décision qui a eu l’effet d’un séisme au sein du FFS vient de connaître sa première réplique; l’ancien chargé de communication du parti et par ailleurs un proche collaborateur d’Aït Ahmed, M. Samir Bouakouir a réitéré aujourd’hui son appel pour un rassemblement de tous les militants du parti sans exclusive.
Dans une déclaration rendue publique, ce candidat malheureux aux législatives en région parisienne a «salué» le parcours et l’engagement d’un «homme politique d’exception» au service avant tout de son pays et, «précurseur, en qualité de fondateur et premier responsable du FFS, du combat pour la démocratie, des droits de l’homme et la justice sociale».
Bien qu’il soit en grippe avec l’actuelle direction du FFS, Samir Bouakouir ne désespère pas tout de même de pouvoir réintégrer le parti au même titre que de nombreux anciens cadres qui ont été laissés sur le bas-côté. S’il qualifie la décision d’Aït Ahmed de se retirer, d‘«importante» eu égard au poids du personnage qui se confond avec le parti, Bouakouir n’en pense pas moins qu’elle «impose à tous les responsables, anciens ou nouveaux, aux militantes et aux militants d’oeuvrer à la préservation du FFS et de son autonomie de décision».
Battre le rappel des troupes
Flairant sans doute les coups fourrés qui pourraient venir de l’actuelle direction, Samir Bouakouir souhaite «que cette annonce ne soit pas l’occasion d’exhumer des vieux différends, des vieilles rancunes prenant le risque d’offrir le spectacle tant redouté d’un parti qui se déchire après le départ de son leader charismatique».
C’est pourquoi il demande à ses anciens camarades de faire preuve de sagesse pour «se hisser au delà de son propre ego, de vaincre ses ressentiments et de ne pas céder aux vieux réflexes d’apparatchiks auto-satisfaits pour penser l’avenir de l’Algérie et le rôle essentiel que doit jouer le FFS, de par son histoire et son parcours, dans tout processus de sortie de crise».
Ce jeune cadre estime que la responsabilité exige «d’engager au plus vite une dynamique interne de rassemblement des énergies dispersées du parti». «Il n’y a pas de recette miracle : seul le rassemblement et l’unité pour faire franchir au FFS, avec succès la nouvelle épreuve qui s’impose à lui après la décision de Hocine Aït Ahmed» écrit encore celui qui fut l’un des chouchou d’Aït Ahmed.
Pour autant, Samir Bouakouir ne s’empêche pas de vilipender la récente alliance du FFS avec les partis du pouvoir (FLN et RND) pour les élections des maires dans plusieurs localités.
Dépasser les ego…
M. Bouakouir met ainsi en garde contre «une épreuve périlleuse qui verra se coaliser les forces hostiles au FFS, au sein du pouvoir et d’une «certaine opposition», pour tenter d’achever sa domestication ou de le faire imploser».
Pour y remédier, il appelle ses anciens camarades à faire en sorte que la rencontre nationale des militants et cadres prévue le 5 Janvier prochain soit «l’occasion de réaffirmer avec force notre attachement et notre fidélité aux idéaux et valeurs fondateurs et notre refus ferme et résolu de la logique de confiscation du FFS».
Et de réitérer son appel «au rassemblement le plus large de tous les responsables et militants, anciens ou nouveaux, qui sont demeurés attachés à la ligne politique et à sa stratégie du double refus, à la fois de l’Etat policier et de la République intégriste».
Transformer le rejet du système en projet alternatif
A la direction actuelle, il demande de faire preuve de «maturité politique et opérer des révisions déchirantes» en acceptant «l’ouverture d’un dialogue politique sans exclusive». C’est comme cela, et seulement comme cela, d’après lui que le 5ème congrès auquel a appelé Hocine Aït Ahmed, sera «celui du Rassemblement et l’unité retrouvée».
C’est dire que s’il a pris l’initiative de reprendre langue avec la direction du parti pour réorienter sa ligne politique, Samir Bouakouir n’en pense pas moins que «les dénonciations stériles ou le radicalisme de façade» ne grandissent pas le FFS. Pour lui, il est urgent de «transformer le rejet du Système en un projet démocratique alternatif qui réhabilitera l’Etat et ses institutions en mettant fin à la dérive autocratique actuelle».