Le porte-parole du Mcld, Ali Brahimi, se demande entre qui et qui et autour de quoi construire ce consensus.
Le blocage institutionnel que vit l’Algérie depuis quelques années a poussé quelques partis politiques à proposer des solutions pour sortir de la crise. Ces derniers jours, revient comme un leitmotiv l’appel à la construction d’un consensus national. Des partis comme le FFS, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), le Front de l’Algérie nouvelle (FAN) et le Front du changement (FC) ont fait de ce «projet», même s’ils le conçoivent chacun à sa manière, une nécessité pour faire sortir l’Algérie de la situation actuelle.
Le président du PLJ, Mohamed Saïd, qui revendique la paternité du concept, l’a réitéré avant-hier à Alger à l’occasion d’une conférence de presse. Estimant qu’aucun parti ne peut gouverner le pays tout seul, M.Mohamed Saïd a indiqué que son parti est à la recherche d’un consensus national pour un changement politique pacifique et graduel. Il a plaidé pour une période de transition durant laquelle des élections législatives «transparentes» soient organisées, avec le maintien du tiers présidentiel au Sénat. Des réformes politiques seront engagées par la suite et appliquées d’une manière graduelle, selon la conception du PLJ. Pour sa part, le président du Front du changement (FC), Abdelmadjid Menasra, a appelé, avant-hier à Boumerdès, à saisir l’opportunité de la prochaine élection présidentielle pour la création d’un consensus démocratique national qui rassemblera tous les Algériens autour de l’idée de la construction de l’avenir. «Nous avons actuellement un grand besoin de la création d’un consensus démocratique national et de parrains de ce consensus», a-t-il souligné dans un discours de clôture de l’université d’été de son parti. Le leader du FC a expliqué l’intérêt de son parti pour l’idée du consensus national par un souci de conjurer de nombreux dangers exogènes et endogènes qui guettent le pays. De son côté, le président du Front de l’Algérie nouvelle (FAN), Djamel Benabdeslam, a expliqué, dans une interview accordée avant-hier à L’Expression, qu’il est pour «un consensus national de tous les Algériens». «Ce consensus national pourra se faire après un dialogue national entre le pouvoir et la classe politique, lequel sera sanctionné par une période transitoire avec un gouvernement d’union nationale et une Assemblée constituante», a-t-il expliqué. La construction d’un consensus national est aussi l’objectif du FFS et il en fait son cheval de bataille depuis son dernier congrès du mois de mai 2013. Force est de constater que tous ces partis se contentent juste d’appeler à ce consensus sans prendre aucune initiative concrète allant dans ce sens. Une illusion? Pour Ali Brahimi, ancien député et actuel porte-parole du Mouvement citoyen pour la liberté et le développement (Mcld), «il s’agit d’une fumisterie qui révèle la disposition des partis politiques désirant collaborer avec un régime historiquement condamné». Il estime que du point de vue sémantique, «la terminologie de consensus national est impropre aux discours des partis, car, elle nie l’existence de partenaires égaux et s’apparente beaucoup plus au consentement qu’à la négociation». Cela avant de se demander avec qui et autour de quoi construire ce consensus. «Avec un pouvoir qui a fait de la régression des libertés, de la corruption et de la fraude électorale une gouvernance impunie? Autour de la fin de ce désastre?», se demande Ali Brahimi, joint hier au téléphone. Pour notre interlocuteur, de telles initiatives relèvent de la folie et de la chimère. Il explique que s’il s’agit de postuler à sortir du régime autoritaire de prédation, il faut parler de compromis historique entre l’opposition et le pouvoir. «S’il s’agit de rassembler les acteurs qui souhaitent obliger le pouvoir à une solution démocratique, il est plus juste d’appeler à un contrat national entre les forces du changement», ajoute notre interlocuteur. Pour le moment, le seul consensus qui semble être fait est autour de la corruption qui mine tous les segments de la société.
